Voilà qui serait le président Jean-Luc Mélenchon

mercredi 12 avril 2017.
 

Sans doute incongrue il y a quelques semaines, la question commence à se poser. Que ferait Jean-Luc Mélenchon s’il était élu à l’Élysée  ? Malgré les tentatives de le faire passer pour un dangereux extrémiste aux liens douteux, le candidat propose un projet humaniste qui plaît de plus en plus.

Et si Jean-Luc Mélenchon était la surprise de cette élection  ? Pour le candidat de la France insoumise, soutenu par le PCF, tous les voyants sont au vert. D’abord, les sondages, qui évaluent autant qu’ils influencent la campagne, lui sont favorables. Depuis le 18 mars, date du rassemblement à la place de la République (Paris) qui avait attiré plus de 100 000 personnes, suivi du débat réussi, il est passé de 10% à 12% puis à environ 15% des intentions de vote. Talonnant désormais François Fillon, l’effet de cette montée pourrait être amplifié s’il rejoignait le candidat de droite, remettant ainsi en cause l’idée que Macron permet d’éviter Fillon au second tour. Le total de la gauche, autour de 25%, reste cependant désespérément stable. Le baromètre du « Figaro Magazine » (1) sur la « cote d’avenir » des personnalités politiques a également enregistré une percée de +19 points en un mois et place Mélenchon en tête avec la plus importante progression. Du jamais-vu. Enfin, 48% des électeurs de gauche considèrent désormais qu’il « incarne le mieux les valeurs de la gauche », contre 32% à Benoît Hamon et 18% à Macron (2).

Outre les sondages, la dynamique de campagne se mesure également dans les salles remplies par Jean-Luc Mélenchon (3 000 personnes à Châteauroux le 2 avril) ou par l’intérêt grandissant sur les réseaux sociaux. Depuis le 18 mars, 100 000 personnes de plus suivent le candidat insoumis sur Facebook (802 000 au total) et 38 000 sur Twitter (1 045 000). Le candidat voit dans ces bons augures « une vague qui se lève ». L’histoire dira si une lame de fond, telle que celles qui ont porté François Fillon à droite et Benoît Hamon à gauche, aura porté JLM au sommet ou si, comme en 2012, l’élan restera sans lendemain.

Enfin la possibilité d’une politique d’égalité qui remet l’homme au centre et la finance à sa place

Toujours est-il que cela ne plaît pas à tout le monde. Déjà au mois de janvier, Jean-Luc Mélenchon avait consacré l’intégralité de son discours de vœux à expliquer sa vision de la géopolitique. L’exercice servait à faire pièce aux accusations, qui reviennent en permanence, de « rouler » pour Vladimir Poutine, le président russe. Un bon moyen d’éloigner de lui l’électorat socialiste. Ces jours-ci, le candidat diffuse un extrait de son meeting à Rennes intitulé « Je n’ai rien à voir avec M. Poutine ». De la même manière, on tente régulièrement de comparer le candidat insoumis avec Mme Le Pen, candidate du FN. Ne sont-ils pas tous les deux pour la retraite à 60 ans  ? Ne sont-ils pas tous les deux pour le protectionnisme  ? Ne veulent-ils pas augmenter le Smic  ? Que ce soit faux ou que ce soit Mme le Pen qui cherche à brouiller les pistes importe peu  : on instille le soupçon de collusion. L’adjectif nationaliste est même désormais régulièrement accolé au nom de Mélenchon. Ce qui fait bondir dans son entourage  : « C’est le candidat de l’humanisme, de l’universalisme qui porte l’égalité entre les travailleurs du monde entier et la souveraineté populaire dans le cadre d’une nation de citoyens. Rien à voir avec le clan nationaliste de Mme Le Pen », tonne Alexis Corbière, porte-parole du candidat.

La dynamique appelant la dynamique, la mobilisation s’amplifie  : 8 caravanes insoumises de la campagne « Au tour du peuple » sillonneront la France jusqu’au 23 avril, tandis que le PCF a annoncé 10 000 points de rencontre en soutien à JLM. Aucun candidat depuis long­temps n’avait porté aussi haut dans l’opinion la possibilité d’une politique de paix, d’égalité, qui remet l’humain au centre et la finance à sa place. Cela ne plaît pas à tout le monde. Peut-être une raison de plus pour les citoyens d’utiliser ce bulletin de vote.

Cédric Clérin, L’Humanité

(1) Kantar pour le « Figaro Magazine ».

(2) Ifop pour le « JDD ».


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