Le sens des réformes d’Emmanuel Macron

mardi 22 août 2017.
 

Il serait souhaitable que le débat d’idées qui a souvent été escamoté lors de la présidentielle puisse enfin avoir lieu.

C’est ainsi qu’il n’y a guère eu de controverses sur la question du financement de la protection sociale. Presque tous les candidats ont, par exemple, considéré qu’il fallait maintenir la CSG, certains proposant même de l’augmenter, d’autres, comme Jean-Luc Mélenchon, de la rendre progressive, Benoît Hamon envisageant lui aussi de la moduler, mais en la fusionnant avec un impôt sur le revenu à dix tranches. L’option d’Emmanuel Macron est pour sa part très significative.

Le nouvel élu prévoit d’augmenter la CSG de 1,7 point, en compensation de près de 20 milliards de baisse de cotisations chômage et maladie prélevées sur les salaires, équivalant à 3,15 points du salaire brut. Les retraités des catégories moyennes vont être ainsi particulièrement mis à contribution, tandis que l’ensemble des assurés sociaux vont pâtir d’une réduction de 25 milliards d’euros des dépenses sociales. Au total, le bénéficiaire exclusif de ces opérations sera le patronat. Le Cice va être transformé en une baisse de cotisations. Dans son programme, Emmanuel Macron s’engage à diminuer «  les cotisations sociales employeurs de 6 points en remplacement du Cice et jusqu’à 10 points au niveau du Smic  : les employeurs économiseront près de 1 800 euros par an et par salarié au Smic, 2 200 euros pour un salarié payé 3 000 euros brut par mois  ».

Cette réforme a en fait un double objectif  : d’une part, accroître les profits du capital au détriment de la santé et du bien-être du peuple travailleur  ; d’autre part, engager une transformation radicale, systémique, du financement de la protection sociale. Depuis 1945, les médaillés des conseils d’administration, les gavés de la fortune, les abonnés aux dividendes jugent intolérable de devoir écorner leurs profits afin de donner un minimum de sécurité aux travailleurs et aux populations face à la maladie et au chômage, et, avec ce transfert vers la CSG, c’est cet égoïsme de classe qu’Emmanuel Macron entend satisfaire.

Si une réforme du financement de la protection sociale paraît nécessaire afin de répondre à la montée des besoins, elle doit être davantage liée à la production de richesses qu’aux revenus. C’est dire qu’elle ne doit pas décoller des entreprises. On peut concevoir un système modulant les cotisations de ces dernières afin de les inciter à produire plus et mieux, à créer des emplois, à former leurs salariés, à préserver l’environnement. Évidemment, dans cet esprit, la CSG serait appelée à disparaître.

Pierre Ivorra Journaliste économique, L’Humanité


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