Macron : Il ne vous aime pas ! Vous non plus.

vendredi 22 septembre 2017.
 

En Grèce, encore une fois, le président Emmanuel Macron aura stupéfait... De son séjour à Athènes il ne restera que cette bordée d’injures contre le peuple français qui lui tient tête. On se perd en conjectures sur le sens de cette habitude dorénavant bien prise de s’en prendre aux Français depuis l’étranger. Au demeurant, en confirmant les propos inadmissibles qu’il avait déjà tenus en Roumanie, Emmanuel Macron indique aux observateurs qu’il y a bien une intention de sa part dans cette façon de faire et qu’il en poursuit l’objectif avec méthode. Le fait est qu’on ne l’a jamais vu reculer après avoir cinglé au visage.

Dans ce registre, les séquences se suivent et se ressemblent. 17 septembre 2014 : « Il y a la société Gad (…). Il y a dans cette société une majorité de femmes. Il y en a qui sont, pour beaucoup, illettrées ». 27 mai 2016 : « vous n’allez pas me faire peur, avec votre T-shirt. La meilleure façon de se payer un costard, c’est de travailler ». 29 juin 2017 : « une gare, c’est un lieu où on croise des gens qui réussissent et des gens qui ne sont rien ». Et ce 8 septembre 2017 nous voici rendus à une véritable bordée : « fainéants », « cyniques », « extrêmes ». Je n’oublie pas bien sûr les remarques atterrantes contre les nordistes tabagistes et alcoolisés ou celle sur le « Comorien » que livrent les kwassas-kwassas !

Ici, je viens de rassembler ce qui visait directement la composante populaire de notre nation. Pour Macron, clairement, le peuple est le problème en France. Mais au fond, chez lui, le mépris de caste vient en renfort de ses obsessions idéologiques. Il le sait : au cours des 20 dernières années la France a été un bastion de la résistance contre la vague des politiques néolibérales qui a déferlé sur l’Europe. Là est le problème à ses yeux, comme ceux de toute la caste européenne et notamment de la Commission ! Si durs qu’aient été les coups que nous avons pris sous Chirac, Sarkozy et Hollande, la résistance sociale n’a jamais désarmé en France. Et elle a connu des succès notoires ! Derrière l’injure, il faut donc voir le diagnostic politique. Plusieurs des charges faites depuis l’étranger sont ainsi autant de messages de connivence adressée à la caste européenne. Car celle-ci a toujours regardé les dirigeants français comme des faibles devant leur peuple depuis le référendum négatif de 2005.

Ainsi quand le 24 août dernier en Roumanie Macron déclare : « La France n’est pas un pays réformable, les Françaises et les Français détestent les réformes. Dès qu’on peut éviter les réformes, on ne les fait pas. C’est un peuple qui déteste cela. » Ces considérations méprisantes pour le peuple dont il est le président, ont toujours un sens politique bien précis qui vise le « modèle français ». Ainsi à Londres en février dernier : « Le système fiscal français “empêche les gens de réussir trop bien”. Et le 23 août en Autriche : « La réalité, c’est que la France est la seule grande économie européenne qui n’a pas gagné face au chômage de masse, c’est ça la réalité ». En l’occurrence cette « réalité » est un mensonge. L’Espagne, le Portugal et l’Italie sont en situation plus délicate.

Mais je laisse pour l’instant de côté l’aspect purement politique que visent les injures d’Emmanuel Macron. Je veux plutôt souligner un autre aspect. Son discours fonctionne aussi comme une levée des digues qui obligeaient jusque-là la caste à faire preuve de retenue dans l’expression de ses jugements sur le peuple. En les décomplexant, en jouant sur la banalisation de l’outrage, il entretient une mentalité de combat parmi les dominants. La mode est ainsi créée. Ce n’est sans doute pas hasard qu’il y ait eu après cela un médiacrate capable de traiter « d’abrutis » sur un plateau de télévision les 20% d’électeurs de la France insoumise. Il faut à ce sujet s’intéresser autant au contexte de la phrase qu’à l’insulte. Le médiacrate traitait précisément du fait que « tout le monde sait bien ce qu’il faut faire pour tirer notre pays d’affaire ». Bien sûr ce n’est pas très original que de voir ressurgir la fameuse « TINA » de Thatcher. Mais dans la foulée d’Emmanuel Macron c’est la première fois que ceux qui n’en conviennent pas sont traités « d’abrutis ».

Cette transgression ne restera pas isolée, on va le voir bientôt. Elle est significative du moment politique actuel. La violence du harcèlement qui s’exerce contre « la France insoumise » est bien en phase avec ce nouvel état d’esprit des dominants. Sur ce plan, l’évolution des positionnements est stupéfiante. Après la dédiabolisations de Madame Le Pen, nous voici arrivés au moment où les éléments de langage contre « la France insoumise » sont dorénavant les mêmes sur l’ensemble de la politique qui va de l’extrême droite au PS et aux Macroniste. Je ne crois pas que de tels « arguments » fassent changer qui que ce soit d’avis à propos des mobilisations qui viennent. Pas une personne ne se sentira dissuadée de marcher avec nous dans la rue le 12 septembre ou bien Le Président des riches

Dans l’entretien qu’Emmanuel Macron a donné au journal Le Point le 31 août dernier, il confirme que son gouvernement s’apprête à réduire l’impôt sur le capital de deux façons. D’abord, il compte mettre en place un prélèvement forfaitaire unique à 30% sur l’ensemble des revenus du capital. Actuellement, les revenus que procurent un capital, qu’ils soient loyers, dividendes ou plus-values sont imposés au titre de l’impôt sur le revenu et des prélèvements sociaux qui financent la sécurité sociale (CSG et CRDS). Mais ils profitent déjà de barèmes dérogatoires plus favorables par rapport à celui qui existe pour les revenus du travail. On leur accorde également de nombreux abattements. C’est ainsi que les rentes sont en général moins taxées que les salaires.

La réforme de Macron va aller beaucoup plus loin dans cette inégalité. Quel que soit le montant du revenu qu’un foyer tire de ses rentes, d’intérêts, de loyers, de dividendes ou de plus-values, il sera imposé à 30%. Seulement. Et ce pourcentage inclura non seulement l’impôt sur le revenu mais aussi les prélèvements sociaux habituels que tout le monde est censé payer. C’est encore un coup de force qui va contre le cœur de la tradition fiscale républicaine. En effet c’est, au bénéfice de la caste, la fin du principe de progressivité de l’impôt. Il est en vigueur en France depuis 1914 ! Jusqu’à présent le taux d’imposition augmente à mesure que le revenu augmente. Ce n’est plus le cas dorénavant.

Pour illustrer ce qu’est la nouvelle situation, je vais donner un exemple. C’est celui de Madame Muriel Pénicaud, ci-devant ministre du travail ! Le journal l’Humanité nous en a appris de belles à son sujet dans son édition du 27 juillet ! Comme vous le savez dorénavant, alors qu’elle était DRH de Danone, elle avait réalisé un gain de 1,13 millions d’euros sur des stock-options. Il s’agit d’actions qui restent à la disposition d’un bénéficiaire à qui elles sont attribuées gratuitement à un prix convenu et qu’ils achètent pour les revendre au moment qui paraît le plus opportun. Acheter quelque chose sans débourser un centime pour le revendre au moment où il vaut le plus cher, c’est évidemment une opération qui ne demande pas beaucoup d’efforts et peut rapporter gros. Très gros. Ainsi madame Pénicaud a réalisé cette opération au moment même où elle était en charge d’un plan social concernant 900 personnes. À l’annonce de ce licenciement, les marchés financiers se frottaient les mains et la valeur des actions Danone a fortement progressé. Madame Pénicaud a donc gagné sans faire le moindre effort et sur le malheur de 900 personnes une somme considérable : 1 130 000 €.

Que devient cette somme devant l’impôt ? Je suis parti de l’hypothèse où ce serait son seul revenu de l’année. Bien sûr, ce n’est pas le cas, car elle en avait bien d’autres et notamment son salaire… Le barème d’imposition s’appliquant à ce genre de revenus en 2013 était progressif. Il aurait conduit madame Pénicaud à payer 30% d’impôt sur le revenu au titre des 152 000 premiers euros et 41% au titre des 978 000 suivants. Ce à quoi il aurait fallu encore ajouter 15,5% au titre des prélèvement sociaux. Dans ces conditions, au total elle aurait dû payer : 616 125 euros d’impôts. Mais si la réforme prévue par Macron s’était appliquée à l’époque, la situation aurait été totalement différente pour Madame Pénicaud. Elle n’aurait été imposée qu’à 30% sur l’ensemble de la somme, soit 333 900 euros d’impôts. Cela représente une économie de 278 235 € par rapport à ce qu’elle aurait dû payer dans l’ancien système ! Dorénavant, ce sera la règle. On peut dire qu’il s’agit d’une faveur incroyable accordée à ceux qui ont déjà le plus ! L’ensemble de ceux qui perçoivent la majorité de leur revenu en rentes profiteront donc de ce prélèvement unique très favorable. Il s’agit ici de la catégorie des plus riches en France. L’observatoire français des conjonctures économiques (OFCE) a calculé que les 1% les plus riches gagneraient en moyenne 4500 euros chacun grâce à cette évolution et les autres pratiquement rien.

Mais ce n’est pas tout ! Emmanuel Macron a encore prévu une autre faveur pour les plus riches. Il a décidé de supprimer l’Impôt de solidarité sur la fortune (ISF) pour les patrimoines financiers. Toute la partie de la fortune d’un particulier constitué en actions ou titres financiers ne sera plus comptée dans l’évaluation de sa fortune pour y appliquer l’impôt de solidarité. Dorénavant on ne prendra en compte que le patrimoine immobilier. Pourtant, c’est le capital financier qui constitue l’essentiel des plus grandes fortunes. Cela représente les neuf-dixième de la fortune des 3 500 plus importants contribuables. Les 0,1% les plus riches de la population française ont en moyenne un portefeuille financier qui atteint 14 millions d’euros. Pour eux, la suppression de l’ISF sur cette partie de leur capital sera l’équivalent d’une réduction d’impôt annuelle de 170 000 euros.

Le montant de ces cadeaux donne le vertige ! Quand on fait le total, c’est encore plus impressionnant. Il y en a pour environ 7 milliards d’euros par an ! Cet incroyable manque à gagner pour l’État n’a aucune justification autre que de vouloir satisfaire le milieu social qui a organisé la promotion, le verrouillage de la situation et pour finir l’élection d’Emmanuel Macron. La taxation des revenus financiers, la structure de l’impôt sur la fortune, ce sont des questions qui touchent très peu de monde. Quand, où, sous quelle forme ces gens-là ont-ils présenté leurs revendications ? Ont-ils fait des cortèges, des pétitions, des manifestations ? Non. Le président et les riches se connaissent assez pour savoir exactement quoi faire et quand !

Mais il faut prendre la pleine signification de ce que le retrait de telles sommes des caisses de l’État signifie. Ces 7 milliards d’euros par an permettraient de financer l’embauche de 60 000 enseignants et l’ouverture de 115 000 places en crèche… Ou bien celle de 3000 centres de santé et la construction de 25 000 logements HLM. Tel est l’immoralité absolue qui se cache derrière les grands mots des prétendues doctrines économiques que les libéraux psalmodient.

Le gouvernement et ses porte-paroles savent que personne ne peut accepter une telle indécence. C’est pourquoi ils font miroiter aux yeux du grand nombre les bienfaits de la suppression des cotisations salariales pour le chômage et la maladie. Ou bien la suppression de la taxe d’habitation. Pendant ce temps, personne ne regarde de l’autre côté, là ou les poches remplissent par centaines de milliers d’euros. Quant aux bas salaires, inutile de dire que les gains promis seront en réalité très réduits ! En effet la baisse des cotisations sera étalée sur l’ensemble de l’année prochaine mais la hausse de la CSG se produira entièrement à partir du 1er janvier. Bilan pour un SMIC : une hausse de 5 euros. Juste la somme correspondant à la baisse des APL.

Mais au passage, ce n’est plus le capital qui paye les cotisations sociales qui sont pourtant une part du salaire réel. Le « salaire brut », c’est du salaire ! Dorénavant il sera payé par les contribuables qui devront compenser à l’euro près l’exonération de cotisations sociales décidées par Macron. Autrement dit : le salaire payé par l’employeur sera baissé et l’impôt sur le contribuable salarié sera augmenté pour payer cette baisse. D’un autre côté, les retraités qui ont des pensions de 1200 euros seront perdants : ils subiront la hausse de la CSG sans aucune compensation. Au final, l’étude de l’OFCE le confirme, les baisses d’impôts concerneront surtout les plus fortunés : 46% de ces baisses iront aux 10% les plus riches. On dit merci à qui ?


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