Le parlement catalan signe l’indépendance de la Catalogne, mais suspend sa mise en œuvre

jeudi 12 octobre 2017.
 

Plus d’une semaine après le référendum sur l’autodétermination de la Catalogne, le président de la région a opté pour une voie médiane, mardi soir.

La déclaration est symbolique, mais de plus en plus concrète. Le Parlement catalan a signé, dans la soirée de mardi 10 octobre, la proclamation d’indépendance de République de Catalogne. Une déclaration dont la mise en œuvre a toutefois été suspendue dans l’immédiat par le président catalan, Carles Puidgemont, afin de privilégier le dialogue avec Madrid.

Pressé de toutes parts, l’homme fort de Barcelone a finalement choisi la voir médiane. Dans un discours très attendu devant le Parlement catalan, mardi soir, le président de la région a promis que « la Catalogne sera[it] un Etat indépendant sous la forme d’une république », conformément au résultat du référendum du 1er octobre. Mais, dans le même temps, le président catalan a suspendu la déclaration officielle d’indépendance pour laisser la possibilité d’un dialogue avec Madrid.

« La Catalogne a gagné le droit d’être un Etat indépendant », a estimé M. Puigdemont, qui a présenté ce « moment exceptionnel et historique » comme « la conséquence politique » du vote du 1er octobre. Le référendum d’autodétermination, organisé ce jour-là et jugé illégal par Madrid, avait donné le oui gagnant à 90 %.

Mais « le gouvernement catalan et moi-même proposons que le Parlement suspende les effets d’une déclaration d’indépendance afin de pouvoir entreprendre dans les prochains jours un dialogue », a déclaré le président catalan. Le gouvernement de la Catalogne fait ainsi « un geste de responsabilité et de générosité », a-t-il expliqué.

Déclaration « pas admissible » pour Rajoy

Ce geste n’a visiblement pas été apprécié par Madrid. Une heure après le discours de Carles Puigdemont, le gouvernement conservateur espagnol a retoqué la stratégie du président séparatiste catalan. « Une déclaration implicite d’indépendance, suivie ensuite d’une suspension explicite (…), n’est pas admissible », a martelé le porte-parole du gouvernement.

Le gouvernement central espagnol a prévenu que toute déclaration unilatérale d’indépendance serait illégale et promis d’agir pour « rétablir la loi et la démocratie » en cas de proclamation d’indépendance validée par le Parlement. Le président du gouvernement espagnol, Mariano Rajoy, pourrait aller jusqu’à dissoudre le Parlement catalan et convoquer de nouvelles élections régionales,. Une solution inédite qui serait perçue comme une déclaration de guerre par Barcelone.

Déception indépendantiste

Avec ce discours ambigu, Carles Puigdemont a tenté de privilégier la voie médiane, prenant le risque de décevoir une partie de ses supporters. Alors que les militants indépendantistes attendaient une proclamation d’indépendance ferme, M. Puigdemont n’a pas convaincu en optant pour le compromis.

La CUP a regretté « une occasion perdue de proclamer solennellement la république catalane ». Un désaveu qui pourrait augurer des complications à venir au sein de la coalition indépendantiste. Dans une série de tweets, la section des jeunes de la CUP a même qualifié de « trahison » le discours de Carles Puigdemont.

A Barcelone, beaucoup de partisans de l’indépendance, rassemblés par milliers devant un écran géant, ne cachaient d’ailleurs pas leur déception. « C’est vrai, je suis un peu déçu », reconnaissait ainsi Siltu Solana, un petit entrepreneur de Barcelone « mais c’est la meilleure solution pour renouer le dialogue. On ne pouvait pas prendre un décision unilatérale dans l’immédiat ». Il pense que le gouvernement espagnol « ne peut plus nous ignorer, il faudrait négocier un referendum où nous pourrions tous nous exprimer ». A court terme, le but reste le même : déclarer l’indépendance.


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