Mais si, monsieur Macron, les Français veulent un changement... un vrai

jeudi 9 novembre 2017.
 

Ainsi, la France ne voudrait pas changer, Macron lui apprendra. De quel changement s’agit-il  ? D’une sortie du néolibéralisme au service d’une autre politique de l’emploi, de la santé, de l’égalité, des solidarités, au service des plus faibles, handicapés, malades, seniors, d’une juste répartition du travail, du logement, de la culture, des savoirs  ? Ou d’ôter les freins du marché capitaliste et déchaîner sa logique de globalisation  ? Dans ce dernier cas, dire que la France refuse les réformes est un sacré hommage à sa résistance  ! Ce n’est plus un secret depuis la publication des ordonnances sur la loi du travail, Macron a choisi le néolibéralisme  : rien ne changera, donc, si nous ne prenons pas les choses en main.

Ce président a eu «  l’intelligence  » de s’attaquer à la fausse opposition entre droite LR et gauche social-libérale  : il contribue à la destruction du Parti socialiste, il repousse dangereusement «  Les Républicains  » vers l’extrême droite. Cette «  nouvelle politique  » confisque l’énergie mise par la droite et la gauche à reconstruire leurs partis politiques  : autant d’efforts soustraits à la lutte politique concrète. Bien que philosophe, Jupiter méconnaît que le réel avec lequel notre société se débat n’est pas celui de l’opposition droite-gauche qu’il suffirait de gommer pour mobiliser le pays comme un seul homme.

La division entre les bénéficiaires du système et ceux au détriment desquels le système profite masque ce que Marx qualifiait de «  problèmes réels  »  : ceux dont il faudra s’occuper une fois le socialisme établi, non pas parce que ce dernier en viendrait à bout, mais parce que la nouvelle société est le processus même de traitement de ce réel qui l’obligera à se renouveler sans cesse pour demeurer habitable, déraciner ses propres perversions, etc.

La nouvelle société ne se cache pas derrière l’intérêt général, lequel n’est mis en avant que pour demander aux plus pauvres de se sacrifier à l’indice d’une croissance dont ils ne bénéficieront pas. L’humanité est constituée d’êtres singuliers  : la singularité fait de chacun une exception qui objecte aux lois générales d’une société qui fonctionne à l’ordo-libéralisme. Le scientisme et l’économisme dénient à chacun le droit de conférer à sa vie le sens qui lui conviendrait pour rejoindre la collectivité. Un être singulier est un être de désir  : aucun objet ne le complète. Malgré Meetic, pas même le partenaire sexuel. Ce «  non-rapport  » est la condition du vivre-ensemble contre la fausse promesse capitaliste d’une jouissance sans limite.Une société de «  non-rapport  » entre des êtres d’exception est la base de ce qui constituera un peuple  : un lien social inédit de chacun avec l’ensemble, parce que chacun y est une objection à toute politique totalitaire d’être seulement imposée par un autre. Cette proposition paraîtra abstraite. Pourtant, elle implique une note d’espérance  : l’immobilisation tentée par Macron marque la limite où chacun, prenant appui sur l’objection qu’il est, a à décider – se soumettre ou se relever. Pour un changement qui soit un changement. Alors oui, tout peut changer.

Par Marie-Jean Sauret, psychanalyste


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