Mai 68 : liquidation avant fermeture

« Dans cette élection, il s’agit de savoir si l’héritage de Mai 68 doit être perpétué, ou s’il doit être liquidé une bonne fois pour toutes. Je veux tourner la page de mai 68 » (discours de Nicolas Sarkozy à Bercy, 29 avril 2007)

Nicolas Sarkozy a livré dimanche 30 avril le discours le plus violent de sa campagne contre ce qu’il nomme « l’héritage de mai 68 ». Le candidat qui prétendait tout prendre de l’histoire de France (des croisades à la colonisation, de Barrès à Jaurès) entend effacer de notre histoire l’un des évènements majeurs de la deuxième moitié du XXe siècle, en France, en Europe et aux Etats-Unis.

Mai 68 et la gauche seraient, selon lui, la cause de tous les désordres et de toutes les immoralités de notre société : repentance, délinquance, fraude, jeunisme, paresse, capitalisme débridé, parachutes dorés des grands patrons...

Mais dans quelle société vivrions-nous si mai 68 n’avait pas eu lieu ? À force de caricature, de mauvaise foi et de soif de revanche idéologique et sociale, le candidat de l’UMP dévoile au grand jour un projet de société foncièrement réactionnaire.

Mai 68, ce fut l’ouverture et la libéralisation d’une société encore très largement paternaliste, répressive et bureaucratique.

Mai 68, ce fut un moment décisif pour l’émancipation des femmes, avec le développement du mouvement féministe et des revendications en faveur de la légalisation de l’avortement. Que pense Simone Veil, qui fut victime des attaques les plus viles de la droite au moment du vote de la loi sur l’IVG en 1975, du discours de Nicolas Sarkozy ?

Mai 68, ce fut la reconnaissance des droits sociaux et politiques des étudiants, la réforme des universités et la fin du mandarinat.

Mai 68, ce fut une immense aspiration au pluralisme de l’expression politique, dans un pays où le pouvoir contrôlait directement l’information à travers l’ORTF.

Mai 68, ce fut une lutte des travailleurs pour de meilleurs salaires et de meilleures conditions de travail, sanctionnée par les accords de Grenelle et la création de la section syndicale d’entreprise.

Liquider l’héritage de mai 68, c’est vouloir en revenir à une société patriarcale et conservatrice, dans laquelle la France communiait dans le culte du Général.

Nicolas Sarkozy est le candidat de la revanche sociale et de la réaction !