Pour une démocratie directe citoyenne

vendredi 17 novembre 2017.
 

Montrant que le système représentatif lié au capitalisme est totalement épuisé, Jean-Michel Toulouse avance un projet de souveraineté populaire renouvelée.

Histoire et critique du système capitaliste-représentatif (volume 1) Démocratie directe citoyenne  : vers un nouveau paradigme  ? (volume 2) Jean-Michel Toulouse L’Harmattan, 414 et 416 pages, 39 euros chaque volume

Jean-Michel Toulouse montre que la «  représentation  » ne résume pas la capacité démocratique des peuples et que ceux-ci sont tout à fait capables de s’autodéterminer sous la forme d’une démocratie citoyenne directe. L’auteur met en perspective historique les expériences de démocratie directe depuis l’Antiquité, avec la démocratie athénienne, jusqu’à des périodes plus contemporaines de démocratie ouvrière comme les soviets en Russie en 1905, les conseils de Turin en 1919, les conseils de Berlin ou de Budapest en 1953 et 1956. Le caractère représentatif de la démocratie n’est que transitoire. Il est aujourd’hui épuisé. Le dépassement qu’il appelle de ses vœux est réalisable dès lors que la démocratie directe devient une question de droit, de structures politiques.

Rompre avec la «  représentation  »

Tout mouvement qui souhaite rompre avec la «  représentation  » pour aller vers une démocratie de forte intensité doit passer par les «  conseils  » et par le mandat impératif avec révocabilité permanente des élus. La démocratie représentative liée au capitalisme a produit des inégalités sociales croissantes, de la corruption, des taux de profit prédateurs de plus de 15 % et la spéculation financière. Elle a échoué et a confisqué les pouvoirs de décision concernant les manières de décider, de produire et de redistribuer les richesses. Elle a organisé le dessaisissement des citoyens en se servant de la légitimité du vote. Sinon, comment expliquer que la moitié de la population mondiale vive avec moins de deux dollars par jour alors que l’oligarchie capitaliste cumule les revenus de 400 fois le Smic  ?

Le nouveau paradigme politique proposé par l’auteur rétablit la souveraineté confisquée afin de la rendre au peuple dans ses conseils qui contrôleront toute avant-garde autoproclamée en instituant des structures institutionnelles démocratiques.

De même, la démocratie ne peut pas s’arrêter aux portes de l’économie et ne pas pénétrer dans l’entreprise. Comment continuer à accepter qu’un «  rapport de subordination  », c’est-à-dire de soumission à l’autorité des détenteurs de capitaux, puisse perdurer alors qu’il est attentatoire à l’idée d’égalité des hommes en dignité  ? Et comment être surpris que les rapports sociaux dans l’entreprise soient encore «  féodaux  »  ?

Pour supprimer la séparation entre l’élite qui gouverne et gère et la masse qui obéit passivement, les conseils sont les institutions les plus appropriées de la révolution des pouvoirs. Ce sont les organes du salariat pour la gestion et la politique. Ils sont les supports de l’action directe et ont la souplesse de l’organisation fédérale (conseils locaux, régionaux, national). Il s’agit en fait d’instituer la direction collective du capital social et de la production par le salariat lui-même. Au lieu d’un plan centralisé, serait mise en place une fédération d’initiatives et de contrôles qui pourrait s’appuyer sur l’organisation des consommateurs pour appréhender les besoins sociaux. Le marché des biens et des services sera maintenu sous réserve que les grandes fonctions collectives (transports, énergie, culture, éducation) fassent l’objet d’une délibération politique citoyenne. Cet ouvrage indique des pistes très originales et des ouvertures crédibles pour sa faisabilité politique.

Daniel Bachet, Professeur de sociologie


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