Ce que révèle le déferlement anti-Filoche sur le PS… … mais aussi sur le principal intéressé et sur les tenants de l’Union de la Gauche.

dimanche 26 novembre 2017.
 

L’affaire de l’affiche tweetée par Filoche n’en finit plus de faire le « buzz ». Dernier événement en date, la décision du PS d’exclure l’inspecteur du travail qui durant des années a servi de caution gauche à la politique très droitière du PS. Cela après l’ouverture par le parquet de Paris ce 20 novembre d’une enquête préliminaire à son encontre pour "provocation à la haine ou à la violence à l’égard d’une personne ou d’un groupe de personnes à raison de leur origine ou leur appartenance à une ethnie, une nation, une race ou une religion déterminée". Rien que ça. Mais que reproche-t-on à Filoche ?

Une interprétation absurde

C’est un photomontage qui a mis le feu aux poudres. Un photomontage qui ne saurait seul expliquer le déferlement auquel on peut assister de la part de tous les responsables socialistes et de leurs relais, notamment sur les « réseaux sociaux ».

Filoche aurait été coupable d’avoir posté l’image d’Emmanuel Macron le bras orné d’un brassard « semblable à un brassard nazi » où la croix gammée est remplacée par le signe du dollar. Derrière Macron, les visages de Drahi, Rothschild et Attali, incarnant l’oligarchie médiatico-politico-financière qui ont fait l’élection du président de la république, avec cette légende « En marche vers le chaos du monde », et ce commentaire « un sale type, les français vont le savoir tous ensemble bientôt ».

Tout cela est à la fois absurde et inquiétant.

Absurde car le parallèle avec le nazisme laisserait croire que les juifs auraient propulsé Hitler au pouvoir, que le nazisme serait le pur produit du judaïsme. Inquiétant, car derrière cette histoire se profile l’interdiction systématique de remettre en cause une politique, d’aborder une explication, dès lors que confession ou origine nous ramèneraient aux heures les plus sombres de l’histoire.

Une volonté délibérée

Le parti socialiste a décidé depuis les présidentielles comme plusieurs de ses responsables l’ont déjà fait ouvertement de soutenir globalement Macron et sa politique. Filoche qui depuis la défaite historique du PS ne cesse de réclamer « l’unité de toute la gauche », a donc malgré lui valeur d’exemple. Son exclusion n’étonnera que ceux qui font de « l’union de la gauche » aujourd’hui, comme il y a plus de 20 ans, la ligne stratégique de leur politique, oubliant qu’entre « gauche » et « droite », il n’y a plus de différence sur le fond, et que les vieux clivages ne sauraient se substituer à celui qui sépare les classes sociales aux intérêts antagonistes. Que le véritable débat porte dès lors sur les programmes et non sur les étiquettes ou clivages artificielles qui ne servent qu’à duper le peuple.

Après avoir servi de caution du temps ou le PS devait encore incarner une certaine gauche pour mieux faire passer sa politique « libérale », il est aujourd’hui la démonstration utile du cours assumé ouvertement par le PS. Le voilà donc désigné de toute part comme le coupable idéal, « l’antisémite » qui se révèle, « l’infréquentable ». L’information judiciaire ouverte par le parquet de Paris à son encontre laisse pantois, lorsqu’on constate que d’autres qui tiennent ouvertement des propos antisémites, tels par exemple des responsables du PIR, sont épargnés comme si de rien n’était. Et le voilà en même temps l’objet de toutes les condamnations. Le PS qui considère ce tweet « insupportable, inexcusable, inacceptable (…) comme un motif d’exclusion ». La LICRA, Ligue internationale de lutte contre le racisme et l’antisémitisme, qui voit « des contenus complotistes trempés dans l’obsession des juifs » saisit la justice. Le CRIF, Conseil représentatif des institutions juives de France, « portera plainte », comme l’UEJF, l’union des étudiants juifs de France. Anne Hidalgo s’y met, jugeant le tweet de Filoche « indigne du débat républicain ». François Kalfon, ex soutien de Montebourg, en profite pour évoquer « un grave problème d’appartenance au PS » alors que Benoit Hamon « trouve ça accablant, épouvantable », quand Luc Carvounas, député PS, « demande son exclusion », ajoutant avec le mérite de la clarté, « le PS ne peut être associé à des injures au président de la république, donc à la France ». Nous y voilà.

Macron, le cœur du problème

Avec Carnouvas, Jean Christophe Cambadelis vend la mèche. « L’Antisémitisme » de Filoche et sa « transgression des valeurs morales » ne sont que prétextes pour affirmer clairement le soutien apporté à Emmanuel Macron et à sa politique. Et éventuellement pour se placer en faisant offre de service. En substance, l’ex premier secrétaire du PS trouve ainsi « injustes les dures attaques dont a été l’objet le chef de l ‘état à l’issue des ordonnances ». Là sont les choses sérieuses, le soutien à la politique macronienne qui s’inscrit dans la continuité de celle qu’a mené François Hollande avant lui, notamment avec la loi travail El Kohmri, annonciatrice de la destruction actuelle du code du travail.

On notera avec intérêt que nul dans le PS n’a abordé cette réalité politique, ce qui donne, pour qui en douterait, l’état de délabrement intellectuel, politique et militant de ce parti.

En guise de réaction, Gérard Filoche a affirmé être « pour l’unité de la gauche contre la droite et l’extrême droite ». Ainsi persiste-il et signe-t-il sur l’essentiel, l’illusion que les concepts mêmes de « gauche » et de « droite » qui s’opposeraient auraient un sens. La gauche ? Ses juges, ses bourreaux, les responsables du parti socialiste ? Les dernières élections ont modifié la réalité que Gérard Filoche ne veut pas voir, s’accrochant à des formules dont la pertinence nous ramène, répétons-le, quelques décennies en arrière.

A ne pas prendre garde, c’est l’ancien « socialiste » aujourd’hui député LREM, le macronien Olivier Veran, qui risque d’avoir le dernier mot. « Gageons que son immonde tweet marque la fin de sa triste carrière ». Ce n’est évidemment pas ce tweet qui risque d’abréger la vie politique de Filoche, mais son orientation qui le lie à ce cadavre en décomposition qu’est le parti socialiste.

Jacques Cotta Le 22 novembre 2017


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