France 2 : une corrida en guise d’émission politique.

samedi 9 décembre 2017.
 

Une petite semaine après la tenue de la Convention Nationale de La France Insoumise, première force d’opposition au gouvernement en France, on pouvait s’attendre à un large débat sur le contenu de ces travaux et sur l’orientation politique future du mouvement. Il n’en a rien été : les téléspectateurs n’auront droit qu’à une mascarade d’émission d’information transformée en corrida.     Jean-Luc Mélenchon était invité vendredi 1er décembre 2017 à l’émission politique de France 2.

Une fois de plus, c’est la corrida.

Chaque journaliste toréador (et leurs assistants lanceurs de flèches complémentaires ) y vont de leurs banderilles. Le but n’est pas de permettre à l’invité d’exposer tranquillement l’orientation politique de son mouvement en cette période, mais de perpétuer une image négative sur des thèmes 1000 fois rabâchés.

Dans la suite d’une campagne de dénigrement de LF I, on retrouve encore les deux thématiques sur la laïcité réactivant la « controverse » avec Danielle Obono et la sempiternelle référence au Vénézuela tendant toujours à présenter un Mélenchon favorable aux dictatures. Deux thèmes relevaient réellement d’une démarche d’information : le contre budget et le plafonnement des indemnités prud’hommale par le gouvernement de Macron.

Observons néanmoins que concernant la critique dominante du contre budget par François Langlet  sur la fiscalité jugée excessive cette critique a été reprise avec le document préparé par son interlocuteur Castaner. Le coup aurait-il été préparé ? Voyons, voyons n’ayons pas mauvais esprit.

Concernant le « débat » sur les prud’hommes et les PME, on aurait pu croire que tous les chefs d’entreprises de PME étaient à l’image de la vertueuse chef d’entreprise invitée.

Or il est bien évident que sur les 150 000 à 170 000 recours annuels aux prud’hommes en France, il y a forcément un certain nombre de chefs d’entreprise de PME « indélicats ».

Le débat sur l’impact du recours aux prud’hommes sur l’embauche a été escamoté. Un véritable travail d’information aurait pu être, par exemple, une petite présentation par la rédaction d’un contenu résumé de l’article suivant des Échos que nous plaçons en annexe.

Comme l’a fait remarquer Clémentine Autain, aucun des thèmes de débat public retenus par la Convention Nationale de LF I n’a été, comme par hasard, retenu par les journalistes.

Rappelons ces thèmes : lutte contre la pauvreté, lutte contre l’évasion fiscale, arrêt des centrales nucléaires, transition énergétique et écologique.

Remarquons que dans ces journaux télévisés du soir de 20 heures, du 2 et 3 novembre 2017, France 2 n’a pas jugé utile de faire la moindre référence au contre budget présenté par les députés de LF I contrairement à une bonne partie de la presse.

Cela prouve que concernant ce contre budget, son intention n’est pas d’informer, mais de mettre au point une contre-attaque, en l’occurrence pour mettre en difficulté Jean-Luc Mélenchon.

Dans les très rares cas où Jean-Luc Mélenchon est invité est une émission ayant une audience relativement importante sur une chaîne publique, tout est fait pour neutraliser son intervention par procédés variés où la diversion occupe une place de choix.

Pendant que l’on parle du Venezuela ou de la laïcité, on ne traite pas des travaux de la Convention nationale de LF I qui ne doit pas être présenté comme une force alternative.

Heureusement, Jean-Luc Mélenchon a suffisamment d’expérience pour ne pas se laisser piéger à tout moment et arrive à faire passer un certain nombre d’idées donnant une image positive du mouvement. Son explication concernant la différence entre un parti politique et un mouvement politique a été fort utile et éclairante.

 Mais il n’en reste pas moins vrai qu’on lui fait perdre beaucoup de temps à répondre à des questions injonctives et obstructives.   Hervé Debonrivage

Annexe

Les recours aux prud’hommes restent stables

Source : Les Échos MARIE BELLAN | Le 09/03/16 à 17H47 https://www.lesechos.fr/09/03/2016/...

Le nombre d’affaires portées devant ces tribunaux oscille entre 150.000 et 170.000 par an depuis 30 ans, selon une étude du Centre d’études de l’emploi.

Le Centre d’études de l’emploi (CEE) a publié ce mardi une étude sur le recours aux prud’hommes qui tombe à point nommé. Alors que le gouvernement veut à nouveau légiférer sur le sujet, l’étude rappelle un certain nombre de réalités. Premier constat, les conseils des prud’hommes compétents pour régler les conflits du travail existent de longue date dans tous les pays européens. Il ne s’agit donc pas d’une particularité française.

Second constat : d’après les statistiques de la justice, le recours aux prud’hommes en France est d’une grande stabilité. Le nombre d’affaires portées devant ces tribunaux oscille entre 150.000 et 170.000 par an depuis 30 ans. Il faut remonter à la fin des années 1970 pour observer une forte hausse du taux de recours, liée à une réforme substantielle du système prud’homal. « Rapportés au nombre de salariés du secteur privé, ces chiffres correspondent à moins de 8 recours pour 1.000, tous motifs confondus », note l’étude du CEE.

Pas un frein à l’embauche

Si l’on s’intéresse de plus près aux recours liées à une rupture du contrat par l’employeur, on observe que le ratio entre ce type de recours et le nombre de personnes nouvellement inscrites à Pôle emploi à la suite d’un licenciement oscille entre 20 et 30 % sur la période 2004-2012. Et pour ce qui est des licenciements économiques, ce pourcentage n’a jamais dépassé 3 %. Enfin, si l’on compare de taux de recours dans l’Hexagone avec les saisines effectuées dans 23 autres pays européens, comme s’y est employé le CEE sur une année donnée (2010), la France est en dessous de la moyenne européenne. Son taux de recours est 7,8 demandes pour 1.000 salariés, il est de 10,6 en Europe.

Ce taux de recours, couplée à la stabilité du nombre d’affaires depuis 30 ans, fait dire aux auteurs de l’étude qu’il n’existe pas de lien réel entre le fonctionnement des prud’hommes et le niveau de chômage, comme on peut l’entendre parfois. En revanche, l’étude note que le taux de couverture des salariés par les conventions collectives diminue la conflictualité au travail et le recours aux prud’hommes. Un effet « présence syndicale "

D’après les données d’une autre enquête (Relations professionnelles et négociations d’entreprise) du ministère du Travail, il apparaît que les établissements qui déclarent la présence d’une IRP (délégué du personnel, délégué syndical, comité d’entreprise ou comité d’hygiène, de sécurité et des conditions de travail) sont significativement moins touchés par les procès prud’homaux. « Cet effet s’amplifie lorsque ces instances sont suffisamment et régulièrement informées par leur direction ", pointent les auteurs de l’étude.

De quoi faire réfléchir les employeurs, notamment dans les TPE et PME, sur l’intérêt de renforcer la présence syndicale dans leurs effectifs.

L’intégralité de l’étude

Ce taux de recours, couplée à la stabilité du nombre d’affaires depuis 30 ans, fait dire aux auteurs de l’étude qu’il n’existe pas de lien réel entre le fonctionnement des prud’hommes et le niveau de chômage, comme on peut l’entendre parfois. En revanche, l’étude note que le taux de couverture des salariés par les conventions collectives diminue la conflictualité au travail et le recours aux prud’hommes.

Un effet « présence syndicale "

D’après les données d’une autre enquête (Relations professionnelles et négociations d’entreprise) du ministère du Travail, il apparaît que les établissements qui déclarent la présence d’une IRP (délégué du personnel, délégué syndical, comité d’entreprise ou comité d’hygiène, de sécurité et des conditions de travail) sont significativement moins touchés par les procès prud’homaux. « Cet effet s’amplifie lorsque ces instances sont suffisamment et régulièrement informées par leur direction ", pointent les auteurs de l’étude.

De quoi faire réfléchir les employeurs, notamment dans les TPE et PME, sur l’intérêt de renforcer la présence syndicale dans leurs effectifs.


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