Interview d’Emmanuel Macron par Laurent Delahousse : maquiller le vieux en neuf

vendredi 22 décembre 2017.
 

Communiqué d’Adrien Quatennens

Malgré tout le mal qu’il dit de l’audiovisuel public, Emmanuel Macron bénéficie toujours de son extrême bienveillance ! Son interview par Laurent Delahousse depuis l’Elysée diffusée ce 17 Décembre a permis de le vérifier. Avec France 2, c’est brosse à reluire pour le Président de la République et banderille pour son premier opposant ! Ainsi donc, dans un style impeccablement maitrisé, Emmanuel Macron a saisi une nouvelle occasion d’à peu près rien nous dire, comme il l’avait déjà fait le 15 Octobre dernier.

S’il déploie tant d’énergie à incarner la nouveauté sur la forme, elle ne suffit pas à masquer le fond. Loin de la révolution promise ou du renouveau annoncé, Emmanuel Macron inscrit ses pas dans les impasses libérales de ses prédécesseurs de droite et du Parti Socialiste. Talentueux acteur qu’on le sait être, il reprend en boucle ses répliques cultes qui constituent à elles seules une méthode Coué : « je fais ce que j’ai dit », « aller vite et fort », « et en même temps » !

Il prétend s’attaquer à la pauvreté en évoquant un budget qu’il sait taillé pour les riches.

Il semble persuadé que sa réforme du Code du Travail par ordonnances est novatrice pour lutter contre le chômage alors qu’elle n’est que le prolongement d’une succession de lois contre les droits des travailleurs sans que l’on ait vu que cela crée de l’emploi.

Mais c’est encore sur le front écologique que se vérifie le mieux l’obsolescence du logiciel Macron : alors qu’il regrette le retrait des Etats-Unis des accords de Paris sur le climat, Emmanuel Macron laisse la France appliquer l’anti-démocratique et anti-écologique traité de libre-échange CETA avec le Canada. Contrairement à la petite musique à la mode, Emmanuel Macron n’a absolument aucun leadership en matière d’écologie. Il a le leadership en matière d’agitation verbale et de communication sur le sujet, ce qui est bien différent ! On pourra en effet convoquer tous les sommets de la terre pour parler de l’urgence climatique, on ne fera rien avancer sérieusement tant qu’il ne sera pas entendu que c’est le logiciel lui-même qu’il s’agit de changer et non pas la couleur de son emballage ! Dans l’expression abusive de « capitalisme vert », le problème n’est pas la couleur ! Macron, lui, veut mettre « la finance au chevet du climat ». C’est à peu près aussi absurde que de vouloir mettre le meurtrier au chevet de sa victime : ce n’est surement pas lui qui prodiguera les soins !

L’interview d’Emmanuel Macron comme ses sept premiers mois de mandat apportent donc une confirmation malheureuse : l’élection présidentielle n’aura rien réglé ! Elle n’aura rien réglé des urgences démocratiques, sociales et écologiques qui se font de plus en plus prégnantes. Pourtant, à l’heure qu’il est, la France pourrait marcher aux avants-postes en procédant à une bifurcation de notre modèle de production, de distribution et de consommation, à même de répondre aux défis qui s’imposent à nous. Elle pourrait assumer un rapport de force en Europe pour rompre avec le dogme de la compétition et du libre-échange et renouer avec un idéal de coopération entre les peuples. En résumé, nous pourrions faire tellement plus enthousiasmant et tellement plus à la hauteur des enjeux.

En préférant maquiller le vieux en neuf et utiliser son talent au service de la prolongation habile d’un système avec lequel il est pourtant urgent de rompre, Emmanuel Macron met l’Histoire en retard. L’urgence est telle qu’il est désormais de notre devoir de l’accélérer.

Adrien Quatennens


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