La force d’un peuple contre une présidence bloquée

dimanche 13 mai 2018.
 

Un an après son arrivée au pouvoir, le président Macron se trouve dans une situation de blocages multiples que lui et son gouvernement ont eux-mêmes organisés. Son orgueil monarchique l’a englué dans une « relation très spéciale avec Trump » qui l’a fait s’abstenir de déplorer personnellement les propos indignes du président états-unien sur les attentats du Bataclan. Son dogmatisme libéral à la Thatcher est en train d’envoyer dans le mur deux entreprises vitales du pays : la SNCF et Air France. Incapable de convaincre et d’entraîner ceux qui les font tourner dans l’intérêt du pays, le gouvernement s’avère aussi inapte à négocier quoi que ce soit. Son indifférence face au délabrement des hôpitaux publics et des EPHAD crée des situations dramatiques pour des millions de Français, alors même que le gouvernement a amassé une indécente cagnotte budgétaire de 7 milliards de surplus dans les caisses de l’État fin 2017. Enfin, en organisant le corsetage de l’accès à l’université, ce pouvoir prépare le sabotage de la formation et de la qualification de toute une génération.

Comme ces calamités ne suffisaient pas, de nouveaux mauvais coups sont en préparation. Le jour de la fête des travailleurs le 1er mai, le président a ainsi annoncé, dans le magazine Forbes, qu’il allait supprimer l’exit tax qui frappait jusqu’ici les riches investisseurs quittant le pays. Le gouvernement prépare aussi un nouvelle aggravation de la rigueur pour les quatre ans à venir. Le ministre Darmanin a ainsi révélé dans le Financial Times que la France devrait être à zéro déficit en 2022, alors que les engagements présidentiels de Macron portaient sur un déficit de 1 % à cette date. Pour atteindre ce zéro déficit, ce sont 50 milliards d’euros de dépenses publiques supplémentaires qui devraient être supprimées ! Ces coupes se cumuleront avec celles que prépare l’Union européenne jusqu’en 2022 dans les budgets agricoles et d’aide aux régions les plus défavorisées. La France serait touchée de plein fouet, dans son agriculture et ses campagnes.

C’est pour refuser que le pays s’enfonce dans autant d’impasses qu’une foule consciente s’est mobilisée dans la rue à Paris le 5 mai. Une foule de citoyens, joyeuse et bigarrée, mais aussi déterminée et responsable, qui porte l’intérêt général abandonné par le pouvoir. Oscillant entre désarroi et fébrilité, le président a tenté en vain de criminaliser cette force tranquille, en la rendant responsable d’agitations violentes contraires à tous ses principes pacifiques et démocratiques. Pas sûr qu’il gagne grand chose à diaboliser ainsi la principale opposition démocratique : cela ne peut au contraire que faire grandir encore cette force populaire qui sera encore dans la rue dans tout le pays le 26 mai. La force d’un peuple qui n’aspire qu’à vivre en paix et dignement.

Laurent Maffeïs


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