Vers la convergence internationale des luttes universitaires

samedi 2 juin 2018.
 

Les 24 et 25 mai, les ministres de l’enseignement supérieur d’une soixantaine d’États se réunissaient au Palais Brongniart (l’ancien siège de la Bourse de Paris !) pour célébrer les 20 ans du grand projet de convergence des systèmes universitaires de l’UE et de ses partenaires : le Processus de Bologne. Au nom de ce processus, complété par la Stratégie de Lisbonne pour « l’économie de la connaissance » en 2000, des réformes néolibérales sont menées dans tous les États partenaires. Les études sont refondues dans le sens d’une réduction des cursus à un panachage de « modules de compétences » pour le marché du travail, tandis que les personnels, les établissements et les étudiant.e.s sont systématiquement placé.e.s en concurrence, sous couvert d’« excellence », d’« employabilité » et d’« innovation ».

Emmanuel Macron entend approfondir ce projet avec notamment le regroupement d’universités dites d’excellence à l’échelle européenne. Face à cela, le groupe parlementaire de la France Insoumise autour de la députée Sabine Rubin, ainsi que des militant.e.s du livret « Enseignement Supérieur et Recherche » de la FI, ont organisé le 25 mai une journée pour la convergence des résistances.

Devant plus de 150 personnes, des tables rondes et des ateliers associant des universitaires, chercheurs et étudiants de toute l’Europe et d’Amérique Latine ont permis de poser un diagnostic partagé. Le « processus » européen est apparu comme l’habillage de stratégies néolibérales des classes gouvernantes nationales.

Des tendances communes s’observent, comme la hausse fréquente des frais d’inscription universitaires, mais l’invariant central de ces réformes est l’obsession de la concurrence et le refus de laisser aux personnes concernées l’indépendance et le temps long sans lequel il n’y a ni éducation ni recherche libres – ce refus, Parcoursup le symbolise pour les étudiants français, mais on le retrouve par exemple dans les dispositifs de financement de la recherche. La capacité des écoles de l’élite à se dispenser des règles de Bologne a aussi été soulignée, notamment pour la France et l’Angleterre.

Cette journée a permis de souligner la vigueur des oppositions à la néolibéralisation de l’université, et d’avancer dans la mise en réseau des luttes et dans l’élaboration d’un agenda internationaliste. Gageons que cette coordination ira en s’approfondissant. La France Insoumise, pour sa part, est résolue à poursuivre son travail d’opposition, de proposition et de fédération.

Jean-Louis Bouthurel


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