Ce que le mouvement des Gilets Jaunes nous enseigne

dimanche 20 janvier 2019.
 

1) Outre sa construction, sa présence et sa force sur les réseaux sociaux et sa visibilité médiatique, le mouvement des Gilets Jaunes se caractérise essentiellement par une occupation de l’espace public (ronds points, péages d’autoroute …) et un souci d’auto-organisation citoyenne populaire. Le fait que cette occupation de l’espace ait fait reculer, même de très peu, le pouvoir interpelle toutes les forces populaires sur un renouvellement des modes d’action collective et leur efficacité.

2) Les forces syndicales les plus offensives en appellent à la convergence entre Gilets Jaunes et mouvement syndical.

Pour le moment, on ne constate pas encore d’extension du mouvement parmi le salariat ni de généralisation ou d’extension des luttes au sein des entreprises, même si nombre de salariés participent aux piquets sur les ronds points ou aux mobilisations des samedis, même si de nombreux syndicalistes y participent vêtus d’un gilet jaune. Face aux nouvelles menaces de casse sociale qui s’annoncent (« réforme » de l’assurance chômage, des retraites, attaques contre les services publics), c’est bien la mobilisation dans les entreprises et le blocage de l’économie qui peuvent faire céder gouvernement et patronat.

3) On ne sait pas comment la situation va évoluer, malgré la volonté affichée par de nombreux Gilets Jaunes de continuer la lutte sous une forme ou sous une autre.

Du côté du pouvoir, nous n’avons pas affaire à des branquignols, même si ce pouvoir a été un temps et reste fortement déstabilisé.

On peut parier sans grand risque de se tromper que les « experts » de la Macronie et du Medef sont déjà à l’œuvre pour chercher une issue de secours, une sortie de crise qui tente d’assécher le mouvement, sans toucher en rien à l’essentiel de la feuille de route de ce gouvernement capitaliste, réactionnaire, autoritaire, anti-social. La répression policière et judiciaire en est la preuve !

La Grande Concertation Nationale, soi-disant citoyenne, des 3 mois à venir peut en faire partie comme le fut en son temps la dissolution de l’Assemblée Nationale par De Gaulle en 68 ou celle de 1997 par Chirac.

L’extrême-droite et la droite dure restent à l’affût et tentent de récupérer à leur profit ce mouvement, c’est un risque trop dangereux pour la démocratie et les libertés que le mouvement social ne peut pas se permettre de prendre.

4) On sent confusément que cette séquence historique portée par le mouvement des Gilets Jaunes ouvre une période politique nouvelle.

Paradoxalement, malgré son caractère a-politique et a-syndical revendiqué, ce sont bien, pour partie, des thématiques portées par la gauche de gauche depuis longtemps qui sont sous-jacentes : un autre partage des richesses, une remise en cause du capitalisme et particulièrement de la finance, une revendication de démocratie directe…

Après tout, l’idée d’Assemblées Citoyennes, c’était une proposition issue à la base, des Collectifs Unitaires Anti-Libéraux, puis des collectifs locaux du Front de Gauche de 2012


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