CAC 40 Dividendes records

lundi 4 février 2019.
 

Les entreprises du CAC 40 auront été cette année les vedettes du forum économique de Davos. Leurs actionnaires ont en effet empoché plus de 57 milliards d’euros de dividendes en 2018. Un chiffre en augmentation de 13% sur un an. Ce montant record fait de la France le pays le plus généreux du monde pour les actionnaires, avec les États-Unis et le Japon. Parmi les multinationales françaises, la première place revient à Total, l’un des principaux pollueurs de la planète. Le pétrolier a versé plus de 10 milliards d’euros en 2018.

On sait donc où sont passé les cadeaux fiscaux aux grandes entreprises offerts par Macron depuis le début de son quinquennat. Le CAC 40 aura utilisé le CICE ou la baisse de l’impôt sur les sociétés avant tout pour gaver ses actionnaires. Cet argent passe directement de la poche des contribuables à celle des actionnaires sans passer ni par les salaires, ni par l’investissement. Depuis 20 ans, en France, les dividendes versés ont augmenté de 200% tandis que les salaires n’ont progressé que de 13%. L’Organisation Internationale du Travail a noté qu’en 2017, l’évolution des salaires au niveau mondial avait été la pire depuis 2008. Et la France fait figure de mauvais élève avec l’une des évolutions les plus faibles de la planète. En 2018, pour la première fois depuis 6 ans, le salaire mensuel de base a évolué, au deuxième et troisième trimestre, à un rythme inférieur à l’inflation. La contrainte publique – augmentation du SMIC par exemple – est donc bien la seule façon d’opérer une redistribution des actionnaires vers les salariés.

Par ailleurs, cette financiarisation excessive de nos entreprises pèse sur les investissements. L’ONG Oxfam révélait dans un rapport paru en 2018 que sur 100 euros de profits, les entreprises du CAC 40 n’en investissaient que 27. 68 allaient aux actionnaires. C’est particulièrement vrai pour les investissements dans l’équipement industriel dont une étude récente de France stratégie a montré la faiblesse et l’orientation à la baisse. La voracité de nos actionnaires est un frein pour la modernisation de notre tissu industriel. Ce manque d’investissements fait accumuler au pays un retard sur la transition écologique. Alors que pour respecter nos engagements internationaux, la France devrait investir 70 milliards d’euros par an, d’après Institue For Climate Change, elle n’en réalise actuellement que 40 milliards, dont seulement 20 seulement sont du fait du secteur privé.

Les actionnaires sont donc bien le problème numéro un de l’économie française. Responsable à la fois du manque de pouvoir d’achat et de l’inaction climatique.

Antoine Salles


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