Outre-mer : l’insupportable relégation

vendredi 3 mai 2019.
 

L’abandon des populations d’Outre-mer a conduit celles-ci à des révoltes sociales historiques sous la forme de grèves générales et de mise en place de collectifs unitaires relayant les aspirations du grand nombre, en particulier aux Antilles et à la Réunion.

De grands mouvements sociaux contre la vie chère ont été menés par le LKP en Guadeloupe, le Mouvman 5 Févriyé en Martinique et le COSPAR à La Réunion en 2009, à Mayotte en 2011 et 2016, à La Réunion encore en 2012 et puis il y a quelques mois avec le mouvement des Gilets jaunes particulièrement important sur l’île.

Ils témoignent du vent de révolte qui souffle sur cette France du grand large, encore attisé par les espoirs déçus et les promesses non tenues qui ont émaillé les différentes mandatures et se poursuivent avec Emmanuel Macron. Les Outre-mer sont le devenir de la France en tant que puissance ; pour l’heure, ils subissent toujours une insupportable relégation…

En lançant l’opération #EtLesOutreMer, La France insoumise souhaite une nouvelle fois dénoncer cette rupture d’égalité. L’objectif est également de présenter nos propositions pour faire des Outre-mer la pointe avancée du progrès humain.

Des prix beaucoup plus élevés qu’en Hexagone

L’une des principales revendications des habitant·e·s concerne les prix de certains produits et services, beaucoup plus élevés dans les Outre-mer qu’en Hexagone. Plusieurs exemples sont à retrouver dans cette vidéo de l’opération #EtLesOutreMer. Vous pouvez également participer à l’opération sur les réseaux sociaux.

La situation alarmante de l’accès à l’eau potable

Crise sanitaire majeure, l’accès à l’eau potable reste particulièrement problématique pour bon nombre d’habitant·e·s des Outre-mer. Résultat des années de relégation de ces territoires par les différents gouvernements, les infrastructures pour acheminer l’eau potable sont bien souvent dans un état de vétusté avancé, voire inexistantes à certains endroits. C’est le cas en Guadeloupe où les coupures sont journalières mais aussi à Mayotte et en Guyane où près de 20% de la population ne dispose pas d’eau potable à proximité de son domicile… Pire encore, les prix au mètre cube sont pourtant bien plus importants qu’en hexagone : le double parfois, comme en Martinique où les ménages doivent consacrer 1,65% de leur budget pour les dépenses liées à l’eau courante contre 0,8% en France hexagonale. Rapporté au taux de pauvreté plus important en Outre-mer, ces différences s’accentuent d’autant plus, provocant une nouvelle fois une rupture d’égalité entre les habitant·e·s français.

L’accès inconditionnel à l’eau pour chacune et chacun fait partie des combats menés par les député·e·s du groupe parlementaire LFI à l’Assemblée nationale, notamment en luttant pour faire adopter un plan global garantissant cet accès comme un droit aux populations.

Chlordécone : Macron pris en flagrant délit de mensonge

Le scandale humain, sanitaire et écologique du chlordécone se poursuit depuis plus de 20 ans dans les Antilles françaises. Ce pesticide particulièrement toxique a contaminé près de la totalité de la population et de l’environnement en Martinique et en Guadeloupe. Classé par l’OMS comme cancérogène possible en 1979 ce n’est qu’en 1993 que la France interdit son utilisation dans les Antilles, soit 17 ans après les Etats-Unis ! Une réaction à retardement qui va se poursuivre jusqu’à aujourd’hui : les gouvernements successifs vont rester étrangement passifs devant les effets environnementaux et sanitaires dévastateurs du chlordécone.

Pire encore, Emmanuel Macron, après avoir déclaré en septembre dernier que « la pollution au chlordécone est un scandale environnemental » a remis en cause, devant les élu·e·s d’outre-mer le 1er février dernier le caractère cancérogène de ce pesticide. Cela malgré l’avis de l’OMS mais aussi l’augmentation du nombre des cancers de la prostate dans les Antilles (la Martinique détient le plus grand nombre de cas au niveau mondial chaque année). Le manque d’action du gouvernement fait partie de « l’une des nombreuses marques de dédain, de mépris d’Emmanuel Macron ou au mieux d’ignorance des problématiques et difficultés rencontrées au quotidien » des habitant·e·s comme le rappelaient les députés insoumis Younous Omarjee et Jean-Hugues Ratenon ainsi que les candidates pour les élections européennes Nadège Montout et Karine Varasse dans un communiqué.

Faire des Outre-mer la pointe avancée du progrès humain

Grâce aux Outre-mer, la France est le seul État au monde à être présent sur quatre continents et dans tous les océans du globe. Cette présence donne à la République une responsabilité particulière tant pour le progrès humain que pour la préservation d’espaces naturels vitaux pour l’humanité toute entière.

La France insoumise proposait déjà un programme ambitieux lors de l’élection présidentielle pour faire des Outre-mer des pionniers du progrès écologique et social. Le combat s’est poursuivi à l’Assemblée nationale, porté notamment par le député de La Réunion Jean-Hugues Ratenon mais aussi au Parlement européen avec le travail reconnu de Younous Omarjee en la matière. Il continue lors de cette campagne européenne avec la liste France insoumise. La tête de liste, Manon Aubry était d’ailleurs aux Antilles ces derniers jours pour présenter les propositions du programme européen parmi lesquelles :

– Transformer le statut des outre-mer de « régions ultra-périphériques » en « régions universelles de progrès » pour en finir avec le mépris et une vision européocentrée et pour en faire des passerelles de la coopération internationale avec leur environnement régional.

– Refuser la baisse des fonds européens de la politique de cohésion, défendre l’augmentation des fonds de la politique agricole commune dédiés aux outre-mer (POSEI) et non les baisser comme veut le faire la Commission européenne.

– Financer un plan de rattrapage social et environnemental, d’investissement public et de planification écologique dans les outre-mer.

– Faire des Outre-mer des territoires pilotes de la transition écologique en allant vers l’autonomie énergétique, l’autosuffisance alimentaire, la préservation de la biodiversité.

Les Outre-mer sont des membres à part entière de notre République, même s’ils aspirent également à faire reconnaître leurs spécificités ultramarines. Au lieu de se développer de manière endogène, ils sont pourtant maintenus dans la dépendance d’un système inégalitaire d’économie de comptoir et de pauvreté de masse.

La république doit vivre partout et pour tous !


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