Fonction publique 9 mai 2019 Forte grève et manifestations massives

dimanche 12 mai 2019.
 

À Paris, quelque 30 000 personnes ont manifesté à l’appel des neuf organisations syndicales du secteur public, pour exprimer leur opposition totale au projet de loi qui casse les statuts, droits et garanties des fonctionnaires.

Bleu, violet, orange, rouge… Sous les drapeaux multicolores, symboles d’une unité retrouvée pour les neuf syndicats de la fonction publique, les numéros 1 des confédérations étaient également présents en tête de cortège ce 9 mai. «  Un fait rare (qui) devrait alerter le gouvernement  » pour Philippe Martinez (CGT), à la hauteur «  de la gravité de ce projet de loi  », selon Yves Veyrier (FO). Même le dirigeant de la CFDT, Laurent Berger, reconnaissait «  des nuances entre les organisations syndicales, mais on passe dessus pour dire que ce projet de loi n’est pas acceptable  ». C’est sans heurt, sous quelques gouttelettes de pluie, que 30 000 militants ont défilé à Paris tranquillement pour dénoncer les attaques faites au statut, aux droits et garanties des fonctionnaires, à la casse annoncée du service public, alors que le projet de loi de «  transformation de la fonction publique  » sera discuté à l’Assemblée nationale dès lundi.

«  Nous ne voulons pas être remplacés par des boîtes privées  »

«  Nous avons peur que cette loi Dussopt décide beaucoup trop de choses par ordonnances  », s’inquiète Isabelle Cipris, élue CGT CHSCT au CNFPT, le centre de formation des fonctionnaires territoriaux. La syndiquée a suivi sur Internet pendant deux jours les travaux de la commission des Lois à l’Assemblée nationale et craint pour son secteur. «  Si notre centre national bascule en Epic (établissement public à caractère industriel et commercial), notre objectif deviendra marchand. Or nous formons correctement, avec une culture de la fonction publique, des agents de proximité dans les crèches, les routes, l’entretien des lycées… Nous ne voulons pas être remplacés par des boîtes privées qui créent des managers en deux jours.  » Soucieuse du service rendu aux usagers, Isabelle veut déconstruire le discours officiel «  hypocrite  » et milite pour l’information, la pédagogie. Son établissement a lancé une pétition «  Préservons le service public et la formation professionnelle de ses agents  » qui a déjà recueilli 4 000 signatures.

Si le président de la République a semblé revenir sur les 120 000 suppressions d’emplois dans la fonction publique, peu y croient. À deux pas d’une mini-pancarte cartonnée affichant «  Paye tes fonctionnaires, pas tes actionnaires  », Isabelle Bouquet déambule avec un badge des finances publiques. «  M. Darmanin veut déménager 3 000 agents en province  : c’est facile quand on est marié, qu’on a des enfants, pas de logement, ironise cette secrétaire nationale de la fédération des finances de la CFDT. Que votre conjoint vous suive, ça ne se décrète pas  ! Ces annonces symbolisent cette façon d’agir de l’État sans concertation avec les premiers concernés, l’absence de dialogue social.  » Quant à la volonté martelée par le gouvernement d’aider à la mobilité, elle fait grincer la militante  : «  Une étude rendue l’an dernier par la direction générale prouvait que la mobilité entre les trois versants de la fonction publique était identique à celle du privé  ! L’État veut juste baisser les dépenses publiques. C’est son seul et unique objectif. Il trouve des artifices pour l’atteindre.  » Et les outils mis en place par le texte de loi pour réduire à tout va la masse salariale la font frémir  : «  Au moment où commence le procès France Télécom, nous pouvons voir les mêmes pratiques managériales déployées au sein du ministère des Finances. Depuis cinq ans, il y a des suicides à Bercy.  »

«  Nous sommes en restructuration permanente  »

Réunis sur la place des Invalides, plusieurs inspecteurs du travail, syndiqués SUD, discutent mais ne peuvent décliner leur identité de peur de représailles, tenus par un code de déontologie qui les musellent. «  Nous sommes en restructuration permanente. La loi crée des outils pour employer plus de contractuels, licenciables plus facilement, plus précaires, avec plus de difficultés pour prendre des décisions en toute indépendance.  » À quelques mètres des Invalides, des hospitaliers, enseignants et gilets jaunes se sont assis, jouant du tambour à proximité du ministère de la Santé. Les CRS viennent de se déployer en plus grand nombre, après avoir été quasi invisibles durant tout le parcours. Les urgentistes réclament une ouverture de négociations à leur ministre de tutelle. Eux non plus ne croient pas aux annonces de non-fermeture d’hôpitaux. Kareen Janselme

1) Pour la fonction publique, amplifions la mobilisation. Communiqué intersyndical fonction publique

Les organisations syndicales CFTC CGC CGT FAFP FSU Solidaires UNSA de la Fonction publique affirment de nouveau leur attachement aux valeurs du service public et à une Fonction publique au service de toutes et tous, porteuse de l’intérêt général.

Depuis de nombreux mois, en dépit de leurs revendications et propositions, elles constatent que le pouvoir exécutif poursuit une politique néfaste pour la population, pour les missions publiques et pour les agent.e.s. Le gouvernement pratique le double langage en prônant la modernisation de la Fonction publique et le respect des agent.e.s public.que.s, alors même qu’il ne revalorise pas leur rémunération, qu’il supprime des postes et veut affaiblir leurs droits et garanties.

Les personnels, avec leurs organisations, n’acceptent toujours pas le gel de la valeur du point d’indice et les pertes considérables de pouvoir d’achat, le rétablissement du jour de carence et les 120 000 nouvelles suppressions d’emplois envisagées.

A de multiples reprises, nos organisations se sont opposées à ces mesures et ont mis sur la table des propositions alternatives.

Poursuivant leur passage en force, toujours sans écouter les organisations syndicales, le Président de la République et le gouvernement comptent faire adopter au Parlement, d’ici au début de l’été, une loi dite de transformation de la fonction publique dont nombre de dispositions ont une portée très grave tant pour les agent.e.s et les citoyen.ne.s que pour l’avenir de la Fonction publique.

Il en est ainsi, par exemple, de la mise en place d’une instance unique en lieu et place des comités techniques et CHSCT, instance qui va diluer et amoindrir les actions dans desdomaines essentiels de la sécurité et de la vie au travail. C’est aussi le cas avec la suppression des compétences des CAP en matière de promotion et de mobilité, mesure quiva favoriser une gestion opaque et priver les personnels de recours contre l’arbitraire.

Avec le recours accru à tous les niveaux au contrat, c’est l’égalité d’accès aux emploispublics et les garanties de neutralité de l’agent public qui sont menacées, tandis que la précarité sera encore aggravée avec des contrats de mission à durée déterminée pouvantêtre rompu à tout moment.

Après des communiqués unitaires, après le boycott des Conseils Supérieurs et du Conseil Commun convoqués dans des conditions peu respectueuses des organisations syndicales, après que toutes les organisations représentatives de la Fonction publique aient donné unavis défavorable au projet de loi dit de transformation de la fonction publique, les organisations CFTC CGC CGT FAFP FSU Solidaires UNSA réaffirment leur volonté de mettre en oeuvre un processus de mobilisation inscrit dans la durée pour exiger du gouvernement qu’il retire ce projet de loi et qu’il ouvre enfin des négociations sur de nouvelles bases.

Elles confirment leur engagement dans l’organisation de rassemblements devant les préfectures le jour du passage du projet de loi au Conseil des ministres le 27 mars et à Paris,place Chassaigne-Goyon entre 12 et 14h.

D’ores et déjà, elles appellent les agent.e.s à faire du jeudi 9 mai une étape forte de ce processus par une journée d’action et de grève.

2) Préavis de grève du syndicat Solidaires pour la journée du 9 mai 2019

Monsieur le Ministre,

L’Union syndicale Solidaires Fonction Publique dépose un préavis de grève pour la journée du 9 mai 2019 (de 00h00 à 24h).

Ce préavis concerne l’ensemble des personnels titulaires, stagiaires, contractuels et auxiliaires des trois versants de la fonction publique et des établissements publics (y compris ceux présentant un caractère industriel et commercial) ainsi que les personnels titulaires et non titulaires de droit public exerçant leurs fonctions dans les sociétés anonymes et les établissements d’enseignement privé.

Solidaires dénonce depuis de nombreux mois les orientations générales du gouvernement en matière de droits des agent-e-s et salarié-e-s. Ces orientations, malgré les revendications portées par les mouvements sociaux, ne subissent aucun changement.

Solidaires dénonce également toutes les orientations concernant la fonction publique et les services publics : abandons de missions de services publics et fermetures de sites laissant sur le côté une partie de la population et augmentant encore les inégalités, 120 000 suppressions d’emplois sur le quinquennat.

Le projet de loi de transformation de la fonction publique, dont Solidaires demande le retrait, traduit législativement toutes ces orientations :

Les instances de représentation des personnels sont fortement ébranlées.

* Les CAP sont vidées de la quasi-totalité des compétences, ne permettant plus, de fait, une défense des agent-e-s et une étude approfondie de leurs situations personnelles, alors même que le gouvernement affiche comme priorités l’égalité entre les femmes et les hommes ainsi que l’« emploi des travailleurs en situation de handicap ».

* La fusion des CT et des CHSCT ne permettra désormais plus de traiter l’ensemble des problématiques relatives aux conditions de travail pourtant déjà fortement dégradées (risques liés aux réorganisations, risques physiques) ni aux problématiques type harcèlement.

Le recours accru au contrat est une attaque inadmissible contre le statut de la fonction publique qui par là-même remet en cause l’égalité d’accès de toutes et tous au service public, sans discrimination

La mobilité forcée va dégrader la vie des agent-e-s et accompagnera de fait des réformes et restructurations néfastes pour les services publics

La rémunération au mérite qui s’accentue n’est pas compatible avec le but même du service public

Ce préavis est destiné à permettre à tous-tes les agents-es de la fonction publique qui le souhaitent, de participer à la journée de grève et manifestation pour faire entendre leurs revendications.

Veuillez agréer, Monsieur le Ministre, l’expression de ma parfaite considération.

Pour l’Union Syndicale Solidaires Fonction Publique

Gaëlle Martinez

3) Les Services Publics, on en a besoin ! Non à la casse de la fonction publique - Tous dans la rue le 9 mai 2019 (CGT Force Ouvrière Retraités)

L’UCR-FO est pleinement solidaire des fédérations FO des 3 fonctions publiques dans la défense des statuts et des conditions de travail des fonctionnaires.

Les retraités sont conscients de la gravité des attaques portées contre les fonctionnaires parle projet de loi Transformation de la fonction publique : embauches de contractuels taillables et corvéables, non-consultation des CAP, suppression des CHSCT, contrats de mission, sanctions renforcées, détachement d’office...

Ce projet de loi ne vise qu’à détruire le statut de la fonction publique, dont un des éléments majeurs, le code des pensions civiles et militaires, est lui aussi menacé de disparition par la réforme des retraites à venir.

L’UCR-FO appelle tous les retraités à se joindre aux manifestations organisées par les départements le 09 mai 2019 à l’occasion de la grève de la fonction publique


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