« Écris notre colère » (vignerons du Languedoc en 2007)

mercredi 25 juillet 2007.
 

Des amis vignerons ont insisté pour que je témoigne et décrive la situation de crise grave qui les entraîne, eux et leurs familles, dans un profond désarroi. « Écris notre colère, explique ce qui ne va pas. » Je le fais. À un mois et demi des vendanges dans les villages viticoles du Languedoc, l’atmosphère est lourde et aussi pesante qu’à la veille d’un gros orage.

La crise actuelle ressemble à celle de 1907 : faute d’acheteurs à prix décent, les vignerons jetaient le vin au ruisseau, et on leur expliquait que la vigne ne pouvait les nourrir.

Aujourd’hui, beaucoup en sont réduits au RMI. Les vendanges arrivent, les cuves sont pleines et les prix proposés par le négoce extrêmement bas. Et toujours aucune mesure significative pour les trésoreries.

Le ministre de l’Agriculture, Michel Barnier, semble ne pas être d’accord avec Bruxelles, qu’il le dise plus fort ! Nous non plus, nous n’acceptons pas l’OCM viticole, car le Languedoc-Roussillon et ses vins de pays sont dans la ligne de mire avec le plan d’arrachage. On nage en pleine absurdité, puisque l’Europe a par ailleurs légalisé 150 000 hectares de plantations illégales en Espagne et en Italie.

Et que dire du Crédit agricole du Languedoc qui demande aux vignerons endettés de mettre leurs vignes à l’arrachage pour, avec les primes, rembourser surtout les annuités. Au MODEF, nous trouvons cela honteux et nous entendons bien le dénoncer.

La libéralisation totale du marché, prônée par la commissaire Mariann Fischer Boel, va aboutir à l’alignement des prix du vin sur les cours mondiaux, avec la perte de notre législation protectrice.

Comme en 1907, il faut mettre un terme à la fraude. Le vin, ce ne doit être rien d’autre que la fermentation du jus de raisin frais. Qu’on ne nous parle pas de moûts concentrés importés, de trempage de copeaux ou de mouillage. Mettons plutôt en avant nos atouts, nos cépages locaux, notre savoir-faire, nos crus de qualité. Allons vers le savoir boire et manger. En Languedoc, nous n’avons que la viticulture, mais nous n’avons rien contre les autres régions viticoles.

Au contraire, nous, au MODEF, nous voulons l’unité des vignerons français, et sans cesse nous proposons aux autres organisations d’établir un front commun afin que notre pays reprenne l’initiative, au niveau européen, pour sauver le vin et les vignerons.

Depuis quatre ans, le MODEF réclame le sommet de la viticulture. Ce travail syndical commence à porter ses fruits, et à présent les politiques reprennent cette idée.

Qu’il me soit d’ailleurs permis de remercier ici le vice-président de la région Languedoc-Roussillon, Henri Garino (PCF), qui ne ménage pas sa peine pour l’obtention des états généraux de la viticulture.

Alors vous qui peut-être allez partir en vacances, si vous traversez les régions viticoles, venez à la rencontre des hommes du terroir. Derrière la viticulture, il y a des territoires, des hommes, et elle représente un réel potentiel de développement économique.

Alors, bonnes vacances et, peut-être, rendez-vous autour de la table pour déguster une bonne bouteille avec des mets authentiques.


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