Pacte vert ou verdissement des politiques européennes ?

lundi 3 février 2020.
 

Face au réchauffement climatique, la nouvelle Commission européenne proposait en fin d’année un Pacte vert pour l’Europe, Green Deal en anglais. Le Parlement européen votait ce 15 janvier ses positions sur cette proposition. Après de longues négociations et de multiples amendements au texte, la résolution votée ressemble à un patchwork de recommandations positives et négatives. Les élus insoumis se sont abstenus.

Explications : Pour limiter le réchauffement de la planète à 1,5 °C, l’Union européenne se fixe un objectif de neutralité climatique d’ici 2050 au plus tard. Un bon début. Mais malgré les alarmes du GIEC, les objectifs européens de réduction des émissions de gaz à effet de serre sont franchement insuffisants. La Commission propose de les réduire de 50% d’ici 2030 par rapport aux niveaux de 1990. Les spécialistes recommandent 65% au moins. La résolution propose de les baisser de... 55%. Et pour atteindre ces objectifs, tout est permis, gaz et nucléaire compris. Néanmoins, les élus ont voté pour des objectifs nationaux contraignants en matière d’énergies renouvelables et l’abandon des subventions aux combustibles fossiles.

La résolution « soutient de manière générale l’adoption de mesures fondées sur le marché comme moyen d’atteindre les objectifs climatiques ». Le marché carbone, véritable droit à polluer, est au centre du Pacte. Les investissements publics demeurent limités par les outils austéritaires. Les élus insoumis avaient proposé a minima d’exclure les investissements sociaux et environnementaux du calcul du déficit et son plafond de 3%, la fameuse règle d’or. Refusé. Ils proposaient également de modifier les règles sur les aides d’État afin d’autoriser les subventions aux renouvelables et au ferroviaire. Refusé.

Un grand tabou demeure enfin. Hors de question pour ce Parlement de toucher aux accords de libre-échange, leurs exportations polluantes et leur dumping. Malgré l’Accord de Paris (COP21), la Commission pourra continuer ses négociations avec le Mercosur et Donald Trump.

Un texte bien insuffisant pour répondre à l’urgence climatique. Et, la Commission européenne dira dans quelques mois ce qu’elle reprend de ces propositions.

Sophie Rauszer


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