Coronavirus : Pour masquer l’échec planétaire du capitalisme mondialisé, des mystifications font rage.

jeudi 7 mai 2020.
 

Pour assurer sa crédibilité et sa survie politique et économique un gouvernement et un système économique utilisent souvent la dissimulation ou la mystification pour se dédouaner de leurs responsabilités en cas de crise. Nous en examinons ici deux

Première mystification.

Le gouvernement actuel mais c’est le cas aussi dans d’autres pays, veut faire croire que les grandes difficultés à lutter contre la pandémie du COVID 19 ne relèvent pas vraiment de sa responsabilité puisque cette difficulté existe dans la plupart des pays et que l’insuffisance des moyens matériels est « normale » en raison du nombre exceptionnel de malades et de l’imprévisibilité du phénomène.

Seconde mystification la crise économique et surtout la crise financière qui est en train de se déclencher et de se développer seraient dues à la crise sanitaire causée par le Corona virus. On voudrait ainsi épargner la responsabilité du capitalisme financiarisé et mondialisé.

Réponse à la première mystification.

Les mêmes causes provoquent les mêmes effets, à quelques variantes près dans l’ensemble des pays capitalistes. Dans tous ces pays s’est développé un néolibéralisme échevelé qui a pour finalité de développer des politiques économiques à courte vue incapables de penser le long terme et l’intérêt général de la population mais seulement capable de se mettre au service d’intérêts privés pour obtenir des taux de profit les plus élevés possibles en un minimum de temps. La financiarisation et la mondialisation sont les deux outils principaux utilisés pour arriver à cette fin. L’économie mondiale se trouve assujettie aux aléas des cours de bourse du grand casino mondial. Le virus néolibéral a infecté des grands corps de l’État. En connivence avec les patrons des multinationales, les agents de la haute fonction publique et les gouvernements libéraux ont asséché les recettes de l’État (privatisation d’entreprises publiques, multitude d’exemptions fiscales pour le patronat, austérité salariale provoquant moins d’entrées fiscales de cotisations sociales, etc.). Moins d’État pour les services publics mais toujours plus d’État pour renflouer les caisses des banques et entreprises en difficulté. Cette politique et idéologie du « moins d’État » et toujours « plus de marché »a, entre autres,, dévasté le service public de santé avec ses hôpitaux notamment. Le parti socialiste et les partis de droite au pouvoir depuis 20 ans au moins ont supprimé des dizaines de milliers de lits en célébrant aussi le « tournant ambulatoire" et ont introduit des gestions capitalistiques calamiteuses avec la T 2A. Ils sont restés sourds pendant des mois et des années aux protestations des différentes catégories de soignants et aveugles à la détresse physique et psychologique de ces personnels dont le taux de suicide est le plus élevé en France. La bourse ou la vie ? Ils ont répondu : la bourse avant la Vie mais ils n’ont pas compris, car leur pensée est courte, que sans un système de santé optimal, leur économie capitaliste qu’ils chérissent tant pourrait s’effondrer. Il aura fallu une pandémie saturant le système de santé pour que cette évidence se révèle à leur esprit faible. Le manque de masques de protection, de tests, de respirateur, de médicaments, etc. Tout cela aggravé de façon criante dans les retards de décisions d’urgence, l’incohérence de la gestion de crise pouvant révéler soit une incompétence notoire, soit une inertie liée à des intérêts privés. Tout cela relève de la même incapacité à penser une économie sur le long terme et tout simplement à penser que la santé humaine est vitale ! On constate ici comment un aveuglement idéologique que l’on pourrait appeler obscurantisme conduit à faire oublier tout simplement le réel dans ses aspects les plus fondamentaux. De la même manière, le numerus clausus pour le recrutement des médecins a conduit à une pénurie de médecins généralistes et de spécialistes. À cela s’est ajoutée une incapacité des gouvernements à planifier sur le territoire la répartition géographique des soignants. En outre, les fonds investis dans la recherche médicale sont très insuffisants notamment, en l’occurrence, pour pouvoir fabriquer des vaccins rapidement.

Cette idéologie néolibérale mondialiste a favorisé les délocalisations et a fait perdre à la France son autonomie sanitaire dans le domaine de la fabrication du matériel médical comme vu précédemment mais aussi dans le domaine de la fabrication des médicaments. Le gouvernement Macron n’est évidemment pas responsable à lui tout seul de ce désastre sanitaire mais s’est inscrit dès son élection dans la continuité de cette politique néolibérale dévastatrice. Il existe des variantes nationales. Par exemple, le capitalisme allemand est moins financiarisé qu’en France et a beaucoup plus investi dans le secteur industriel. Il a été donc capable de produire beaucoup plus rapidement le matériel médical et de tests de dépistage qu’en France. La France est d’abord un pays de banquiers.

La situation du secteur de la justice en France est catastrophique depuis plusieurs années. Le budget de la justice par habitant est l’un des plus faibles des pays de l’OCDE À cette clochardisation s’ajoute une dépendance institutionnelle du système judiciaire au pouvoir exécutif, ce qui constitue une exception en Europe. Là encore les mêmes forces politiques mentionnées ci-dessus sont responsables de cette situation calamiteuse qui empêche la justice de fonctionner normalement. L’insuffisance du nombre d’inspecteurs et de contrôleurs des impôts, l’insuffisance du nombre d’inspecteurs du travail vont de pair avec avec le délabrement délibéré de la justice. Un tel tableau désastreux peut conduire un nombre croissant de citoyens à se poser la question : n’a-t-on pas affaire ici à une nouvelle forme de criminalité : le banditisme politique organisée ?

Réponse à la seconde mystification. De nombreux économistes marxistes, hétérodoxes et libéraux ont mis en garde les gouvernements successifs, et en particulier celui de Macron, de l’insuffisance des investissements dans l’économie réelle, de la financiarisation excessive de l’économie accompagnée de la non séparation des activités bancaires de dépôt et de marché rendant le système extrêmement instable. L’ampleur considérable du crédit devient un agent systémique d’instabilité. Un certain nombre d’économistes, plus restreint, ont alerté sur les dangers de la délocalisation des entreprises, notamment stratégiques pour les domaines de l’énergie de la santé. Cette politique de délocalisation a conduit à une perte d’indépendance nationale pour la fabrication de certains produits essentiels, a provoqué des pertes de savoir-faire, un chômage qui aurait pu être évité et aussi un coût écologique non négligeable en raison de la multiplicité des transports. Mais tous ces avertissements ont été vains, du moins jusqu’à maintenant. Ainsi, de nombreux économistes ont montré que le système financier international actuel va conduire inévitablement à un krach boursier majeur indépendamment de la pandémie. Celle-ci peut avoir un rôle de déclencheur ou d’amplification mais ne peut expliquer à elle seule la crise du système financier.

Quelles perspectives ?

Le Front de Gauche avec son programme « L’Humain d’abord » puis La France Insoumise avec son programme très élaboré « L’Avenir en commun » avaient déjà proposé et proposeent encore une alternative réaliste au système néolibéral dévastateur actuel. Jusqu’à maintenant ces propositions ont été marginalisées par les grands médias et repoussées majoritairement par un corps électoral qui a préféré voter pour la droite ou le, PS et leur fusion partielle dans LREM. Vont-ils continuer encore à voter pour un système et ses serviteurs politiques) qui a montré spectaculairement sa capacité de nuisance et sa faillite ? Nous prépare-t-on un Macron 2 passé par la chirurgie esthetico-polique, après un poignant mea culpa et une impressionnante conversion à un tout autre modèle annonçant un nouveau monde où l’essentiel sera pris en compte à savoir une poursuite des affaires tout aussi incontrôlée, étant entendu que cette mascarade s’appuiera sur toute la puissance de feu des médias majoritaires asservis ? Inculture politique, naïveté et résignation seraient les plus sûrs garants d’une lugubre prophétie qui n’a pourtant rien d’inéluctable !

Hervé Debonrivage


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