Chute spectaculaire de l’économie indienne

samedi 12 septembre 2020.
 

l Entre les mois d’avril et juin, le PIB du géant asiatique a accusé une baisse historique de près de 24 %, en raison du confinement contre le coronavirus. Les prévisions s’annoncent très sombres pour les prochains mois.

Une “dégringolade”, un “naufrage”, un “crash”. Les mots employés par la presse indienne pour commenter l’ampleur de la crise qui frappe actuellement le deuxième pays le plus peuplé au monde (1,35 milliard d’habitants) disent tout le désarroi d’une économie qui était déjà souffrante, avant que ne survienne l’épidémie de Covid-19. Le lundi 31 août, l’Office national de la statistique, homologue de l’Insee, a annoncé que le produit intérieur brut (PIB) de l’Inde avait chuté de 23,9 % au deuxième trimestre 2020.

“C’est la pire performance enregistrée depuis que les données de la croissance sont publiées tous les trois mois, c’est-à-dire depuis 1996, et probablement la première récession depuis 1980”, souligne le Business Standard. En attendant qu’un deuxième trimestre consécutif confirme l’entrée du sous-continent en récession (au premier trimestre 2020, la progression du PIB était encore positive mais à un niveau très bas de 3,1 %, alors qu’elle dépassait 8 % au début de l’année 2018), l’heure est grave. De tous les pays émergents, l’Inde est celui qui a “le plus souffert du confinement”, instauré ici le 25 mars et qui dure encore aujourd’hui dans certaines régions du sous-continent.

La consommation des ménages

“Sans les aides publiques débloquées ces derniers mois, et sans la mousson, qui apporte actuellement une respiration à l’agriculture, le PIB aurait pu reculer de 30 %”, affirme le journal financier, qui relève que la consommation des ménages, indicateur représentant à lui seul “plus de la moitié de l’économie indienne”, a baissé de 27 % entre avril et juin, tandis que l’investissement s’est contracté de 47 %.

“Ce sont les secteurs de la construction et de l’industrie manufacturière qui sont les plus durement touchés”, analyse l’Indian Express. L’ancien ministre des Finances du parti du Congrès, Palaniappan Chidambaram, parle d’une “tragédie économique” et estime que l’Inde paye “un lourd tribut à l’attitude nonchalante et indifférente” du gouvernement Modi. Un léger redressement pourrait avoir eu lieu en juin, mais comme s’en émeut Mint “de nombreux indicateurs montrent que cette amélioration s’est atténuée en juillet”, après les premières mesures de déconfinement, ce qui signifie que le pays reste “fragile”.

Le redémarrage de l’industrie, par exemple, s’annonce très lent, si l’on en croit les données sur la consommation de pétrole et d’électricité, ou sur la collecte de la TVA, en baisse de 14 %. La banque Nomura souligne que la reprise est “inégale”, avec “une augmentation plus rapide de l’offre par rapport à la demande, de la consommation en milieu rural par rapport au milieu urbain, de l’industrie par rapport aux services”.

Le géant d’Asie du Sud va mettre longtemps à s’en remettre, estime l’Economic Times. Pour l’ensemble de l’année fiscale 2020-2021 (d’avril à mars), “le tableau est très sombre” : la Banque mondiale prévoit “une contraction du PIB de 3,2 %” et le FMI “de 4,5 %”, tandis que l’agence de notation Icra, encore plus pessimiste, table sur une récession “à 9,5 %”.

Guillaume Delacroix

Courrier International


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