D’infâmes procès

mardi 5 septembre 2023.
 

L’été a été rythmé par les accusations d’antisémitisme portées par les droites contre EELV et La France insoumise. Une nouvelle confirmation de l’évidence que l’instrumentalisation du combat contre l’abjection antisémite est, en politique, un outil comme un autre.

Comme tu l’as probablement remarqué si tu n’étais pas replié·e sur les pentes nord du mont Ross (îles Kerguelen) – où l’actualité du monde n’arrive que par de lointaines intermittences –, l’été a été littéralement rythmé (1) par les accusations d’antisémitisme portées par les droites et par leur éditocratie d’accompagnement contre les deux principales formations de la gauche parlementaire, soit, dans l’ordre alphabétique  : Europe Écologie-Les Verts (EELV) et La France insoumise.

On peut évidemment regretter (2) que la première – EELV, donc – ait, par les voix de plusieurs de ses plus éminentes représentantes, rapidement succombé sous cet assaut, pour laisser l’ennemi imposer son agenda. Mais il importe surtout de répéter que c’est d’abord et avant tout la droite, notamment gouvernementale, qui, en France, en 2023, fait encore et toujours preuve, en de telles matières, de complaisances ou de déférences qui jamais ne rebutent ses journalistes d’accompagnement – et qui, bien évidemment (mais cela va mieux en le rappelant), n’exonèrent nullement la gauche de ses propres manquements.

Il importe, notamment, de rappeler encore une fois qu’Emmanuel Macron, chef de l’État français, a voulu, en 2018, «  honorer  » la mémoire de Philippe Pétain, qui fut l’un des plus actifs collaborateurs de l’entreprise nazie d’extermination des juifs d’Europe. De rappeler qu’Emmanuel Macron a ensuite octroyé un entretien exclusif à un magazine – condamné aussi pour provocation à la discrimination, à la haine ou à la violence contre les Roms – qui avait notamment publié un article sur le milliardaire George Soros, article considéré comme antisémite par plusieurs observateurs. De rappeler qu’Emmanuel Macron a ensuite apporté son plein soutien à un éditocrate d’extrême droite plusieurs fois condamné pour provocation à la haine raciale ou religieuse, et connu pour sa propension à brailler que le susnommé Pétain, ardent collaborateur des nazis, aurait «  sauvé  » les juifs français. De rappeler que Gérald Darmanin, ministre de l’intérieur d’Emmanuel Macron, a quant à lui très tranquillement et très impunément glosé, dans un livre paru en 2021, sur «  les difficultés touchant à la présence de dizaines de milliers de Juifs en France  » à l’époque napoléonienne.

Dans le cœur de l’été, deux journaux réactionnaires gavés d’aides étatiques – Le Figaro et Le Journal du dimanche – ont publié de vibrants éloges de l’écrivain antisémite et nationaliste Maurice Barrès, sans que cela émeuve le moins du monde les macronistes, qui ont ensuite continué à répondre à ces deux publications. Ne pas s’étonner, cependant, que les mêmes osent après cela, et à l’unisson des autres droites, intenter d’infâmes procès en antisémitisme contre les écologistes et les insoumis, ce n’est après tout qu’une nouvelle confirmation de l’évidence que, pour les droites, l’instrumentalisation dégueulasse du combat contre l’abjection antisémite est, en politique, un outil comme un autre.


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