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Évasion fiscale. Plus de 1 000 milliards de dollars ont été transférés par des multinationales dans des paradis fiscaux en 2022. Mille milliards de dollars, soit près de 950 milliards d’euros. Voilà ce que nous apprend le dernier rapport de l’Observatoire européen de la fiscalité. Des chiffres qui donnent le tournis. De même, les ultra-riches, les milliardaires ne paient quasiment pas d’impôts sur leur patrimoine. Parfois même aucun. 0%.
Les assistés d’en haut accumulent toujours plus de richesses, tandis que les plus pauvres sont pris à la gorge par l’inflation. Les États n’investissent pas assez dans leurs services publics ou la bifurcation écologique, par manque d’argent, disent-ils. Sauf que l’argent, il suffit de se baisser pour le ramasser. « L’évasion fiscale, et plus largement l’évitement fiscal, n’est pas une fatalité ; c’est le résultat de choix politiques – ou de l’incapacité de faire des choix politiques qui agissent pour l’arrêter », écrit en introduction du rapport le prix Nobel d’économie Joseph Stiglitz. Notre brève.
En 2022, sur les 2 800 milliards de dollars de bénéfices réalisés à l’étranger par les entreprises (16 000 milliards au total), plus de 1 000 milliards de dollars ont été transférés (35%) par des multinationales dans des paradis fiscaux. De l’évasion fiscale en bonne et due forme. Leurs destinations préférées ? L’Irlande, les Pays-Bas, les Îles Vierges ou encore les Îles Caïman. Les championnes ? Les multinationales américaines. La moitié de leurs profits à l’étranger sont transférées dans des paradis fiscaux, contre « seulement » 30% en moyenne pour les autres. « Pour les gouvernements, la perte s’élève à l’équivalent de 10 % des recettes collectées mondialement sur les sociétés », écrit Le Monde.
Pour aller plus loin : « La France est un paradis fiscal : 2% d’impôt seulement pour les 380 familles » : l’alerte de l’économiste Gabriel Zucman
« Trop longtemps, l’évasion fiscale des multinationales et des individus fortunés a été acceptée comme un effet collatéral inévitable de la mondialisation », écrit Joseph Stiglitz. Depuis le début du XXIᵉ siècle, les États se livrent une concurrence malsaine, à qui proposera le régime fiscal, les niches fiscales les plus avantageuses pour attirer des ultra-riches ou des investissements, persuadés que cela profiterait à tous. D’aucuns se rendent compte que cela n’a amené qu’à des pertes colossales d’argent pour les États et une perte considérable de confiance des citoyens dans la justice de l’impôt.
Des milliardaires taxés à 0% ? C’est possible. Que les ultra-riches utilisent toutes les combines et contournent le plus de lois pour payer le moins d’impôts est une situation bien connue. Mais 0% ? Pas un centime ? C’est ce qu’affirme le rapport de l’Observatoire européen de la fiscalité.
En mai 2023 dans un de nos articles « Désintox économique », nous appuyant sur les travaux de l’économiste Gabriel Zucman, nous vous expliquions comment les 370 premières fortunes françaises payent 2% d’impôts en moyenne. Quand les classes populaires et intermédiaires, elles, 50%.
L’Observatoire européen de la fiscalité nous apprend aujourd’hui que certains milliardaires parviennent même à ne pas payer du tout d’impôt.
Pour aller plus loin : Désintox : les ultra-riches payent 2% d’impôts, les classes populaires et intermédiaires 50%
En taxant 2% de la richesse des 2 756 milliardaires de la planète (75 en France), dont la fortune est estimée à 13 000 milliards de dollars, cela rapporterait 250 milliards d’euros. Une fortune que les États pourraient utiliser pour injecter plus d’argent dans les hôpitaux, l’école, les transports, la bifurcation écologique que de leurs économies. Bref, ce qui devrait être leur priorité, à l’heure de la crise climatique et de l’augmentation toujours plus criantes des inégalités à travers le monde et au sein de tous les pays. Alors, qu’est-ce que l’on attend pour taxer les ultra-riches ?
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