5 faits contre la suppression de l’Aide Médicale d’État (AME)

samedi 2 décembre 2023.
 

En voulant exister encore un tant soit peu, car devenus insignifiants au possible, les sénateurs de la droite et du centre ont une nouvelle fois montré toute l’étendue de leur inhumanité et de leur xénophobie flagrante.

L’extrême droite l’a longtemps fantasmé, nos chers sénateurs ont (encore) exaucé son souhait. En actant la suppression de l’Aide Médicale d’État, dispositif essentiel de solidarité primaire qui permet aux personnes migrantes de recevoir des soins gratuitement (selon un principe déontologique) et sans conditions, les sénateurs de droite et du centre, sous couvert d’arguments tous plus ridicules et démontables les uns que les autres, ont remis au jour leur inhumanité éhontée, sous des relents de xénophobie.

Rappelons cinq faits primordiaux sur l’Aide Médicale d’État :

1 – L’AME n’est ni un facteur d’attractivité, ni un dispositif de « tourisme médical »

En complément de nombreuses études menées – visiblement ignorées – sur l’AME, un récent rapport remis par Claude Evin, ancien ministre socialiste à tendance rocardienne, et Patrick Stefanini, ancien directeur de campagne de Valérie Pécresse ou encore François Fillon montre, par ses premières conclusions, que ce dispositif n’est ni un prétendu « appel d’air » (l’argument phare – et d’une immensément faible rigueur scientifique – défendu en séance par nos grands hommes), ni une trop grande charge financière.

50% des étrangers qui pourraient prétendre à l’Aide Médicale d’Etat n’en font pas la demande

Toujours selon ce rapport, 50% des étrangers qui pourraient y prétendre n’en font pas la demande. Cette estimation, déjà très éloquente par la grandeur de la proportion, est vraisemblablement basse : selon MSF, 8 personnes sur 10 n’ont aucune couverture maladie alors qu’ils pourraient être éligibles à l’AME, tout simplement parce qu’une grande majorité de ces personnes ne savent pas qu’elles peuvent en bénéficier, et pour la plupart ne savent même pas qu’elles sont atteintes d’une maladie parfois grave.

Enfin, selon une enquête menée en 2019, la santé apparaît comme un motif marginal d’immigration (9,5% évoquent des raisons de santé comme motif). La solidarité, quelle plaie…

2 – L’AME est un dispositif de solidarité et d’humanité

En plus de cette évidence, apparemment ignorée par nos grands humanistes, la suppression de ce dispositif place les soignants dans une situation éthique totalement désastreuse et inacceptable. Car, faut-il encore le rappeler : qui est en première ligne lorsqu’il s’agit de délivrer les soins, de soulager les souffrances, de faire de la prévention ?

Nos deux « élus de la République » Marie Mercier et Jean-François Rapin, médecins de profession, et visés par une plainte devant l’Ordre National des Médecins, ont-ils oublié leurs années d’internat et les dispositions du serment d’Hippocrate ? “Je respecterai toutes les personnes, leur autonomie et leur volonté, sans aucune discrimination selon leur état ou leurs convictions”, “Je donnerai mes soins à l’indigent et à quiconque me les demandera”…

3 – Supprimer l’AME n‘a aucun intérêt économique

Comme dit précédemment, le coût de l’AME s’élève à 1,2 milliards d’euros, soit 0,4% des dépenses de santé. Sa suppression entraînerait très probablement encore plus d’errances diagnostiques, et, in fine, une charge financière beaucoup plus élevée pour les hôpitaux, qui sont déjà soumis à de fortes contraintes budgétaires, validées quinquennat après quinquennat.

4 – L’AME ne représente pas de risque démontré pour le système de santé

Au contraire, cet amendement absurde et injuste entraîne un immense risque en matière de santé publique. L’AME permet de soigner les individus en amont et désengorge de ce fait les hôpitaux. La suppression de l’AME affaiblit donc de manière conséquente le système de santé.

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