Fraternité Saint-Pie X : une enquête du journal « Le Temps » révèle des violences sexuelles et psychologiques

lundi 22 janvier 2024.
 

https://www.liberation.fr/internati...

Ce groupe catholique dissident et intégriste « ne peut échapper aux accusations de contrôle, de violence sexuelle et de sectarisme », affirme le journal suisse. Dans une grande enquête publiée ce samedi 13 janvier, le journal Le Temps révèle des faits de violences sexuelles, psychologiques et physiques qui se seraient déroulés au sein de plusieurs établissements de la Fraternité ultra-conservatrice Saint-Pie X. Du canton suisse du Valais à Bruxelles en passant par la Savoie et la Bretagne, cette enquête de plusieurs mois occupe les six premières pages de l’édition de samedi du journal suisse.

Les journalistes assurent avoir reçu plus d’une vingtaine de documents internes, parmi lesquels des lettres signées par de hauts responsables et des extraits d’enquêtes internes. « Notre analyse montre que les violences sexuelles, psychologiques et physiques ont eu lieu aux quatre coins de l’Europe et du monde, depuis la fondation – ou à peu près – de la fraternité et jusqu’en 2020 », écrivent-ils. Un collectif d’aide aux victimes estime le nombre de « prêtres problématiques » dans la Fraternité à une soixantaine, soit près de 10 % des effectifs, rappelle le journal.

Fondée par le controversé évêque français Marcel Lefebvre en 1970, la Fraternité Saint-Pie X est un groupe de catholiques fondamentalistes qui s’oppose fermement aux réformes libérales de l’Eglise catholique imposées par le Concile Vatican II dans les années 1960. Son siège se situe près de Menzingen, un petit village de la région de Zoug, au sud de Zurich. La Fraternité affirme être présente dans plus de 60 pays répartis sur six continents, avec 590 prêtres et près d’un demi-million de fidèles.

« Culte du secret »

La Fraternité préfère ne pas trop ouvrir ses portes et adopterait même le « culte du secret » selon Le Temps. Elle est l’une des deux seules structures à avoir refusé d’ouvrir ses archives pour que la lumière soit faite durant l’enquête qui a mené à la publication du rapport Sauvé, révélant l’ampleur des abus sexuels commis au sein de l’Eglise catholique française depuis 1950.

François de Riedmatten, 41 ans, originaire de Sion dans le sud-ouest de la Suisse, a grandi dans la Fraternité après avoir été envoyé dans son internat de La Péraudière en France. Dans les pages du Temps, il décrit les mauvais traitements infligés par un surveillant, qui, selon lui, « prenait plaisir à lui faire du mal ». « Après la douche, il venait soulever mon sexe, soi-disant pour vérifier que j’étais bien savonné. Il me pinçait les fesses. Il me défonçait la gueule et me faisait des bisous tout de suite après. Quand ma chemise sortait, même un petit peu, de mon pantalon, il la remettait jusque dans mon calbute en faisant des allers-retours avec insistance, en passant sur mon entrejambe », raconte encore l’ancien pensionnaire. Contacté par Le Temps, le directeur actuel de l’école, François-Joseph Bonnand, dit être « abasourdi et révolté » à l’écoute du témoignage de François de Riedmatten. Il souligne que ce superviseur ne fait plus partie du personnel et que la violence n’est plus exercée dans l’établissement.

Selon le quotidien suisse, la Fraternité a refusé de répondre à ses questions, comme elle le fait à toutes les questions des médias sur le thème des violences commises par des religieux. Dans un courrier électronique, la hiérarchie religieuse précise néanmoins que dans ces affaires particulièrement douloureuses, « la préoccupation première de la Fraternité est pour les victimes » : « Elle leur offre son assistance en les soutenant, en les encourageant à porter plainte auprès des autorités judiciaires, en les guidant à travers les démarches judiciaires, et en les accompagnant dans leur reconstruction, dans la mesure du possible. »


Signatures: 0
Répondre à cet article

Forum

Date Nom Message