Gaza-Rafah. « Une horreur indescriptible ». Mais l’aide militaire à Israël continue

jeudi 22 février 2024.
 

Nous publions ci-dessous une traduction française de la déclaration de Martin Griffiths, secrétaire général adjoint aux Affaires humanitaires et coordinateur des secours d’urgence à l’ONU (OCHA), faite le 13 février à propos de l’opération militaire israélienne à Rafah.

En forme d’introduction, il nous semble utile – en fait indispensable – de citer un article de Baudouin Loos du grand quotidien belge Le Soir du 13 février. Ce dernier, à propos de la mise en garde, plus que justifiée, de Martin Griffiths, pose une question essentielle : « Et que fait le monde ? Il exprime son « inquiétude » ! Prévient qu’une telle offensive entraînerait « une catastrophe humanitaire indescriptible », comme l’a dit l’Européen Josep Borrell. Estime qu’il y a « beaucoup d’innocents qui meurent de faim, beaucoup d’innocents qui sont en difficulté, et il faut que cela cesse », selon les mots de Joe Biden himself [voir sur ce site l’article ayant trait au soutien militaire renouvelé, appuyé par les démocrates du Sénat, au gouvernement Netanyahou] Les leviers existent : cesser de livrer des munitions à l’Etat hébreu, comme le suggère le même Josep Borrell. Comme l’écrit dans une tribune publiée par le journal Haaretz l’intellectuel palestinien israélien Odeh Bisharat, “pendant qu’ils émettent des avertissements et versent des larmes de crocodile, ces mêmes dirigeants continuent de fournir à Israël des armes, de l’argent et un soutien diplomatique”. »

Martin Griffiths, 13 février 2024

« Le scénario que nous redoutons depuis longtemps se déroule à une vitesse alarmante.

Plus de la moitié de la population de Gaza – bien plus d’un million de personnes – est entassée à Rafah, regardant la mort en face : ils n’ont pas grand-chose à manger, n’ont pratiquement pas accès aux soins médicaux, n’ont nulle part où dormir, nulle part où aller en toute sécurité [1].

Comme l’ensemble de la population de Gaza, ils sont victimes d’une offensive d’une intensité, d’une brutalité et d’une ampleur inégalées.

Selon le ministère de la Santé, plus de 28 000 personnes – principalement des femmes et des enfants – ont été tuées dans la bande de Gaza.

Pendant plus de quatre mois, les travailleurs humanitaires ont fait l’impossible pour aider les personnes dans le besoin, malgré les risques qu’ils encouraient et les traumatismes qu’ils subissaient.

Mais le dévouement et la bonne volonté ne suffisent pas à maintenir des millions de personnes en vie, à les nourrir et à les protéger, alors que les bombes tombent et que l’aide humanitaire est étouffée.

A cela s’ajoutent le désespoir généralisé, l’effondrement de l’ordre public et la suppression du financement de l’UNRWA [2].

Les conséquences sont que les travailleurs humanitaires sont la cible de tirs, de menaces, d’attaques et de meurtres [3]. Cela fait des semaines que je dis que notre réponse humanitaire est en lambeaux.

Aujourd’hui, je tire à nouveau la sonnette d’alarme : les opérations militaires à Rafah pourraient conduire à un massacre à Gaza [4]. Elles pourraient aussi laisser une opération humanitaire déjà fragile à l’article de la mort. Nous ne disposons pas des garanties de sécurité, de l’aide et du personnel nécessaires pour maintenir cette opération à flot.

La communauté internationale a mis en garde contre les conséquences dangereuses d’une invasion terrestre à Rafah. Le gouvernement israélien ne peut pas continuer à ignorer ces appels.

L’histoire ne sera pas tendre. Cette guerre doit cesser. »

Martin Griffiths


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