Augmentation immédiate des salaires ! (CREDOC, FO, Huma, LCR, DS...)

mercredi 8 janvier 2014.
 

5) Augmentation immédiate des salaires !

Depuis 30 ans, à Droite mais, malheureusement, aussi parfois à gauche (Jacques Delors et le blocage des salaires en 1983), on nous explique que la cause déterminante de l’inflation c’est l’augmentation des salaires.

Cette explication vient de faire magistralement la preuve de son inefficience. Les salaires ont stagné, voire reculé, au cours des 5 dernières années et pourtant l’inflation s’emballe : de 2,8 % à 4 % d’augmentation selon les indices sur une seule année.

Selon l’Insee, sur un an, les combustibles liquides ont augmenté de 34,8 %, les carburants et lubrifiants de 16,6 %, le coût d’utilisation des véhicules personnels de 8,9 %, le lait, le fromage et les œufs de 8,7 %, l’électricité, le gaz et les autres combustibles de 8,1 %, les huiles et graisses de 7,3 %, le tabac de 6,3 %, les fruits de 5,5 %...

Cela n’empêche pas la Banque Centrale Européenne de froncer ses épais sourcils à la suite des augmentations de salaires arrachées la semaine dernière par les sidérurgistes allemands et de tempêter : « La BCE ne tolèrera pas de spirale inflation-salaire ». Jamais cependant cette institution soi-disant indépendante n’a mis en garde contre la spirale profits-inflation. C’est pourtant bien cette spirale qui est à l’origine de l’inflation actuelle.

Dans la composition d’un prix, en effet, il n’y a pas seulement les salaires mais aussi les profits réalisés aux différents stades de la production et de la vente. Au total, le prix de chaque produit peut être ramené à une addition de salaires et de profits. Le prix des matières premières comme des produits finis ou des machines-outils.

Les salaires n’augmentent pas, les responsables sont donc évidents : les profits qui ne cessent d’augmenter et de se répercuter sur les prix. Des profits dont la majeure partie ne sert pas l’investissement productif mais à la spéculation financière.

Un écran de fumée

Pour éviter que les salariés ne se rendent compte de cette évidence, la Droite, les principaux médias jettent un rideau de fumée en posant la question : qui sont les responsables, les producteurs ou les hyper-marchés ?

Ce rideau de fumée présente déjà l’avantage de focaliser le débat sur la responsabilité des agriculteurs et des hyper-marchés, évitant de mettre en cause les grands groupes de production. Danone ou Nestlé, par exemple, n’aurait rien à voir dans l’augmentation de 40 % des yaourts alors que le prix du lait ne représente que le tiers du prix du yaourt.

Il n’est nul besoin, pourtant, d’opposer agriculteurs, groupes industriels et hyper-marché pour expliquer l’augmentation des prix. C’est à des degrés divers (les producteurs de fruits et légumes par exemple, sont écrasés par la grande distribution) l’augmentation des profits des céréaliers, des pétroliers, comme ceux des grands groupes industriels ou des hyper-marchés qui explique l’augmentation des prix.

Les « solutions » de la Droite

On ne sait plus s’il faut maintenant prendre la peine de démonter les solutions avancées par Sarkozy tant l’opinion ne les prend plus au sérieux. Le mieux semble, malgré leur vacuité, d’en passer quand même par là.

La Droite, bien évidemment, fait tout pour que les véritables responsables, les profits ne soient pas mis en cause.

Elle continue d’affirmer que le pouvoir d’achat des salariés augmentera grâce à l’augmentation du nombre d’heures supplémentaires. Cette « solution » se heurte à deux obstacles majeurs. La faiblesse de la croissance qui diminue l’activité des entreprises tout d’abord, la volonté de Sarkozy, ensuite, de supprimer l’horaire légal de travail (les 35 heures) et du même coup les heures supplémentaires.

La Droite présente l’instauration de l’intéressement dans les PME comme une solution miracle et oublie au passage la prime de 1000 euros promise en décembre dernier par Sarkozy aux salariés de ce secteur. Toutes les études indiquent, pourtant, que dans les entreprises où l’intéressement a été mis en place, les salaires augmentent moins vite que dans les autres. Ce qui est donné d’une main est repris de l’autre.

Comme le Medef, la Droite veut « faire jouer la concurrence ». Mais la concurrence, c’est la liberté du renard dans le poulailler. Chaque entreprise veut se transformer en renard pour éviter de finir dans l’estomac d’une autre entreprise et la concurrence mène forcément aux concentrations, aux fusions-acquisitions, aux ententes entre les quelques grands groupes qui subsistent. Des pétroliers à la téléphonie-mobile en passant par les hyper-marchés, les exemples (mis en lumière...) ne manquent pas. Les monopoles publics ont été cassés sous prétexte de baisse des prix : les résultats sont visibles dans les télécommunications, la poste, l’énergie. Le pire est d’ailleurs à venir avec l’augmentation du prix du gaz pour satisfaire l’appétit des actionnaires de Suez.

La Droite veut, enfin, imposer un « double étiquetage ». L’inefficacité du procédé a pourtant déjà fait ses preuves lors du passage à l’euro.

Les salaires doivent augmenter

Les salaires ne sont pas responsables de l’inflation. Personne, aujourd’hui, ne peut prétendre le contraire. Les salariés ne doivent donc pas subir les conséquences de l’augmentation des prix due à l’augmentation des profits. Il n’y a pas pour cela d’autres solutions que d’augmenter les salaires : 100 euros d’augmentation immédiate pour le Smic, pas de salaire mensuel inférieur au Smic, organisation d’une réunion entre l’Etat, les syndicats, les organisations patronales pour augmenter l’ensemble des salaires.

Pour éviter que ces augmentations de salaires (et des minimas sociaux) soient reprises aussitôt par une augmentation des prix, les salaires doivent être indexés sur un indice fiable et non sur l’indice Insee pour qui les dépenses de logement représentent 14 % des dépenses d’un ménage.

La TVA doit immédiatement baisser de 10 points sur les produits de première nécessité. L’interdiction de compenser la baisse de la TVA par une hausse des prix doit être contrôlée par un corps de fonctionnaires spécifiques dont les effectifs (exsangue depuis 1986 et la fin du contrôle des prix) doivent être renforcés.

La taxe flottante sur les produits pétroliers (TIPP) instaurée par la gauche et supprimée par la Droite doit être de nouveau mise en œuvre. Elle permettra de faire baisser les taxes lorsque les prix du brut augmenteront.

Les prix des produits vitaux tels ceux des logements et de l’énergie doivent être fixés par l’Etat.

La main visible de la démocratie doit se substituer à la « main invisible du marché » dont tout le monde peut constater les dégâts.

Jean-Jacques Chavigné www.democratie-socialisme.org

4) Pour augmenter le pouvoir d’achat, c’est le partage des richesses qu’il faut changer !

www.lcr-rouge.org

Nos budgets de salarié-e-s, de retraité-e-s ou de chômeurs sont coincés entre des prix qui ne cessent d’augmenter et des revenus qui stagnent. Les chiffres viennent de tomber pour l’année 2007 ne font que confirmer ce que chacun d’entre nous constate tous les mois : nos salaires, nos retraites et, pire encore, nos minima sociaux permettent de moins en moins de vivre.

La hausse des prix gonfle les profits des grands groupes et enrichit les gros actionnaires

En un an, les prix à la consommation ont subi des augmentations record : plus 12,3 % pour l’énergie (dont 19,1 % pour les produits pétroliers), plus 4,2 % pour les produits alimentaires, avec plus 5.5 % pour les fruits, plus 8.7 % pour les produits laitiers et les œufs... 60 Millions de Consommateurs relève des hausses record jusqu’à 40 % sur des yaourts, 45 % sur des spaghettis ou encore 44 % sur du jambon... Toutes ces augmentations nous sont présentées comme un coup du sort, « de la faute à personne ». Le groupe Danone, par exemple, a augmenté ses prix de 10 % en décembre. Son PDG, Frank Riboud, quand il s’adresse à ses actionnaires, leur explique que la hausse des prix des matières premières n’est pas un problème pour leurs dividendes, car elle est largement compensée par les hausses des tarifs et par les gains de productivité. Il l’avoue lui-même, ce sont les consommateurs et les salariés qui trinquent ! De même les groupes pétroliers bénéficient directement de la hausse des cours : Exxon, Shell, BP, Chevron et Total cumulent, à eux seuls, plus de 93 milliards d’euros de bénéfices.

La hausse des prix appauvrit encore les plus pauvres et rend la vie plus difficile pour celles et ceux qui n’ont que leurs salaires pour vivre

Les ménages les plus pauvres doivent consacrer une part de plus en plus importante, jusqu’aux trois quarts, de leur budget à des dépenses dites contraintes, c’est-à-dire celles que l’on ne peut pas réduire : le logement, les déplacements pour aller travailler, l’alimentation. Ce sont précisément les dépenses qui ont le plus augmenté au cours de l’année 2007 et qui promettent d’augmenter encore.

La richesse produite par notre travail profite aux actionnaires

Les entreprises se portent bien. Ce qu’ils appellent la valeur ajoutée, la différence entre la valeur des biens produits et la valeur des biens consommés pour leur production, augmente. Mais cette valeur, créée par notre travail, profite de plus en plus aux actionnaires. En effet, la part qui va aux salaires reste stable, en revanche, celle qui va aux actionnaires augmente.

Des mesures d’urgence pour gagner plus !

Alors pour gagner plus, pour pouvoir vivre correctement, il n’y a pas d’autres solutions que de consacrer aux salaires une part plus importante de la richesse produite. Et pour cela, il faut prendre sur les profits. Tous ceux qui prétendent nous faire gagner plus, sans s’attaquer aux profits, mentent et ne changeront rien à nos problèmes de fins de mois. Il faut d’urgence : e Rattraper les pertes de pouvoir d’achat accumulées depuis des années en augmentant de 300 € net les salaires, les retraites et les minima sociaux e Garantir les moyens de vivre correctement pour tous avec au minimum 1500 € net par mois. e Augmenter les salaires et les cotisations sociales, et en finir avec les exonérations, pour augmenter la protection sociale, les retraites, l’assurance-chômage... e Ne pas perdre sur les prix ce qu’on a tant de mal à gagner avec une échelle mobile des salaires, garantissant des augmentations automatiques, indexées sur un indice reflétant réellement la hausse du coût de la vie, donc contrôlé par les salariés. Le 25/02/08

3) Pouvoir d’achat : Fillon refuse de baisser la TVA

www.humanite.fr

De 31% à 45% d’augmentation pour les spaghettis, 17% à 40% pour les yaourts, 10% à 44% pour le jambon. L’Institut national de la consommation (INC) publie une enquête dans son mensuel 60 Millions de consommateurs.

Le gouvernement fait montre d’impuissance face à l’envolée des prix se refusant à toute mesure concrète et immédiate qui soutiendrait le pouvoir d’achat des français : baisse de la TVA sur les produits alimentaires et hausse des salaires.

Proposée mardi matin par le Parti communiste, plusieurs parlementaires y compris UMP ont soutenu une proposition de loi visant à baisser la TVA sur les fruits et légumes, la viande et les produits laitiers, dont les prix ont fortement augmenté. Mais François Fillon, premier ministre, reste inflexible. Il a fermement rejeté une baisse de la TVA arguant que ce serait irresponsable compte tenu de l’état des finances publiques. Il faut rappeler par ailleurs qu’un projet de « TVA sociale » reste toujours dans les cartons de Matignon.

Cependant, l’état des finances publiques ne semble pas arrêter Nicolas Sarkozy, le « président du pouvoir d’achat » avait-il promis en 2007, qui s’est dit prêt mardi à "aller plus loin" sur les heures supplémentaires défiscalisées. Le dispositif de la loi TEPA, véritable fer de lance du « travailler plus pour gagner plus », mis en place en octobre dernier, exonère les entreprises des charges sur les heures supplémentaires. Christine Lagarde, ministre de l’économie, se félicitait la semaine dernière que ce dispositif ait fait carton plein en décembre dernier. Ce dispositif représente actuellement un manque à gagner de 400 millions d’euros pour l’État et la protection sociale. En outre, il est loin d’avoir fait ses preuves en matière de pouvoir d’achat. Il ne concerne qu’un tiers des salariés. Ceux en temps partiel forcé telles que les caissières smicardes de carrefour ou Bricorama, en lutte en ce moment, en sont exclues.

En attendant d’appuyer ce dispositif, le gouvernement a lancé hier son « opération coup de poing », le président Nicolas Sarkozy promettant de "porter le fer là où ça fait mal". « Ce n’est pas normal ce qui se passe » a-t-il déclaré. Il s’agit en fait d’une enquête menée « sur le terrain », dans les centrales d’achat et les magasins des six principales enseignes. La Direction générale de la concurrence et de la consommation (DGCCRF), chargée de cette enquête, vérifie les prix d’achat et de vente de 20 produits alimentaires courants. Aucune suite concrète n’est aujourd’hui avancée par le gouvernement.

Pour l’opposition, l’heure n’est plus à la demi-mesure. Le Parti socialiste exhorte le gouvernement à agir : "ce que les gens attendent maintenant avec colère c’est que le président de la République soit efficace par rapport à ce qu’il a promis, c’est-à-dire la hausse des salaires et des petites retraites et surtout la défenses du pouvoir d’achat", a déclaré Ségolène Royal. Mardi soir sur France 2, elle a proposé trois mesures : baisser les taxes sur les carburants, baisser la TVA, et « contrôler de toute urgence les marges des grandes surfaces ». _ Le Parti communiste a déclaré pour sa part que « le gouvernement ferait mieux de mettre autant d’énergie à augmenter les salaires plutôt que de faire semblant de s’attaquer à la vie chère ».

Alors que l’inflation a atteint son niveau record en 16 ans, les salaires n’ont pas ou peu augmenté en un an. La colère monte et les luttes pour les salaires se multiplient (voir la liste des entreprises en lutte). Concernant la fonction publique, aucun syndicat n’a signé le volet de l’accord sur les salaires, proposé par le ministère du Budget et de la Fonction publique, sur une revalorisation de 0,8% du point d’indice jugée dérisoire. La question que l’on est alors en droit de se poser est la suivante : le pouvoir d’achat est-il réellement au centre des intérêts de Nicolas Sarkozy et son gouvernement ou ne serait-ce qu’un thème de campagne ? Lors des très proches élections municipales et cantonales, les français nous le diront.

Benoît Pradier

2) TOUT AUGMENTE... SAUF LES SALAIRES

www.force-ouvriere.fr

Alors que les études sur la flambée des prix des produits alimentaires se succèdent et se ressemblent, le gouvernement a promis lundi soir de veiller au grain.

Le Premier ministre, François Fillon a annoncé hier soir une « opération coup de poing » pour traquer les « abus » à l’origine de l’explosion des prix des denrées alimentaires observée dans les rayons des supermarchés. Distributeurs et industriels de France et de Navarre doivent frémir derrière les têtes de gondoles... « Il y a manifestement des abus de la part des industries et des distributeurs qui profitent (des) hausses des matières premières agricoles pour accroître leur marge » et ce sont des « comportements inacceptables qui nuisent à nos concitoyens », a pesté le chef du gouvernement, à l’issue d’une réunion sur le sujet à Matignon avec Christine Lagarde (ministre de l’Economie), Michel Barnier (Agriculture) et Luc Chatel (Consommation).

M. Fillon tenait ainsi à réagir à une enquête de 60 millions de consommateurs. Le mensuel de l’Institut national de la consommation à paraître aujourd’hui y révèle en effet que les produits de grandes marques ou de distributeurs, comme le beurre, les yaourts, les pâtes, les biscottes, le riz et autres jambons, ont vu leurs prix s’envoler de 5% à 48% entre novembre et janvier. Pour la rédaction du mensuel, « la flambée des matières premières ne peut justifier des hausses d’une telle ampleur ». Car « comment expliquer que certains yaourts aient augmenté de 40% » alors que « le prix du lait ne représente que le tiers du prix final du yaourt » ?, s’étonne-t-elle. Bien entendu, la grande distribution et les industriels se renvoient la balle. Mais, tout le monde s’accorde à dire que les responsabilités (et les marges) sont partagées. Une autre étude publiée récemment par le cabinet Nielsen Panel avait estimé de son côté que la hausse globale des prix alimentaires s’établissait en janvier à 2,39%, une augmentation équivalente aux trois mois précédent. Et, selon l’INSEE, qui vient d’annoncer que les prix à la consommation en France ont progressé de 2,8% sur les douze derniers mois (un record d’inflation depuis mai 1992), la flambée sur les étals va encore se poursuivre dans les prochains mois.

Outre l’« opération coup de poing », M. Fillon a confié une enquête aux services du ministère des Finances pour « vérifier » l’évolution réelle des prix. « Nous ferons connaître les résultats de (cette) enquête (...) avant le 10 mars », a-t-il promis. Le Premier ministre a également promis la mise en place d’une « haute autorité de la concurrence avec des pouvoirs accrus ». Enfin, il a réaffirmé sa volonté de mettre en œuvre la « réforme de la réglementation », en référence à la loi Chatel sur les « marges arrières », votée en décembre et qui est censée modérer les hausses à partir du 1er mars. Pour M. Fillon, il s’agit d’abord de « déterminer ce qui est dû à l’augmentation des prix et ce qui est imputable au marché français (...) et pourquoi le marché français est-il en moyenne entre 5 et 30% supérieur s’agissant des prix des produits alimentaires aux autres marchés européens ». Beaucoup de bruit pour rien, donc... Et si la question était aussi celle des salaires qui eux stagnent dans le public comme dans le privé (voir le dernier communiqué de la confédération FO) ?

1) Pouvoir d’achat : les prix s’envolent, pas les salaires ?!

Avec l’explosion du prix du pétrole et des produits alimentaires, l’inflation a atteint des sommets inégalés depuis seize ans selon les indices des prix (+2,8%).

Entretien accordé à Humanite.fr par Philippe Moati, directeur de recherche CREDOC et co-auteur du rapport "Mesurer le pouvoir d’achat".

Le professeur d’économie Philippe Moati, directeur au Centre de Recherche pour l’étude et l’observation des conditions de vie (CREDOC), co-auteur du rapport « Mesurer le pouvoir d’achat » pour le conseil d’analyse économique commente les derniers chiffres conjoncturels.

L’inflation est en hausse et la consommation en baisse en janvier, cette situation était-elle prévisible ?

Cela fait un moment que l’on assiste à ce frémissement. C’est surtout la violence avec laquelle surviennent ces données d’autant que, selon de nombreux observateurs, le processus de hausse des prix n’est pas terminé concernant les produits alimentaires. En effet, les négociations annuelles qui vont déterminer les « produits transformés » sont en cours...

Faut-il s’attendre à des hausses supplémentaires ?

Cela n’est pas exclu dans les prochains mois. Cette hausse serait toutefois tempérée par l’application de la loi Chatel qui permet aux distributeurs de répercuter intégralement la marge arrière dans les prix de vente au consommateur. Mais la plupart des observateurs s’accordent à penser que cet effet va être masqué par les hausses sur les matières premières.

Cela concerne également le prix du pétrole ?

Vous avez raison pour les ménages cela forme un tout. On assiste à la fois à une poussée des prix des produits alimentaires qui représentent tout de même 15% des budgets des ménages et du prix du pétrole qui conditionne le prix de l’essence et les dépenses de chauffage. Ce sont deux postes importants dans la consommation qui continuent de croitre. Jusqu’à présent, j’ai tenu un discours assez ferme sur les chiffres du pouvoir d’achat entre le ressenti et les indices publics. Selon moi, dans les années récentes, ces données traduisaient bien une croissance continue du pouvoir d’achat même si elle était légère. La question du pouvoir d’achat était essentiellement basée sur la perception par certaines catégories. Aujourd’hui, force est de constater une dégradation. En effet, je vois difficilement comment le pouvoir d’achat va pouvoir continuer à progresser à l’échelle macro-économique avec une telle inflation sur les produits de base. Dans ce cas là, il faudrait que les revenus progressent également et cela n’est pas à l’ordre du jour. Le niveau d’augmentation du point d’indice pour les salaires des fonctionnaires illustre cette tendance. Il va donc se produire un petit décalage.

Vu ce contexte de hausse des prix de base et pétroliers, comment percevez-vous la politique économique engagée par le gouvernement actuel ?

La porte est extrêmement étroite quel que soit le gouvernement. La flambée des prix est en grande partie exogène. Elle est conditionnée par les grands marchés mondiaux. On peut condamner un certain nombre de mécanismes, notamment spéculatifs. Mais réduire le prix du pétrole et des matières premières ce n’est pas à la portée du gouvernement. Il est légitime de la part des salariés de demander une augmentation des salaires mais cela nous ferait revenir aux politiques d’indexation que l’on a connues par le passé légitimement revendiquées par certains mais dans l’orthodoxie économie actuelle : cela est considéré comme un épouvantail. Cela n’est pas totalement faux. Pour l’instant, nous avons une inflation qui peut être maîtrisée. Nous n’en sommes pas à une tendance inflationniste. Les prix ont poussé à un haut niveau, il vont continuer un peu. Il faut tenir compte des questions géopolitiques de croissance mondiale, d’épuisement des ressources naturelles.

Cette politique s’établit sur une prévision de 2% de la croissance. Pensez-vous que c’est envisageable ?

On fera sans doute moins. C’est donc difficile dans une économie qui croît peu d’envisager des hausses de revenus. Dans ce cas là, on risque vraiment d’entraîner une spirale inflationniste.

Quelle est la solution alors ?

La solution, je n’en ai pas. Celui qui l’a, serait élu président de la République. D’ailleurs, celui qui a fait croire qu’il l’avait a été élu et maintenant on voit ce qui se passe... Je pense que nous allons vivre en 2008 une hausse réelle du pouvoir d’achat. Cela va probablement se retrouver au niveau macro-économique et toucher une partie plus grande des ménages. Je ne vois pas les marges financières suffisantes pour compenser.

Les marges financières n’existent pas. Pourtant dans le même temps ce gouvernement a su débloquer les marges - plus de 14 milliards d’euros - en début de mandature ?...

Tout à fait mais maintenant il ne peut plus rien faire... On peut critiquer le passé mais si vous me demandez : qu’est-ce qu’on fait aujourd’hui ? Entre la crainte de rentrer dans une spirale inflationniste et l’absence de moyens financiers pour venir soutenir ceux qui vont le plus souffrir de cette situation, je ne vois pas. On pourrait imaginer donner un petit coup de pouce - l’État - aux catégories les plus vulnérables comme le rapport Quinet l’indiquait en reprenant ce que nous avancions nous-mêmes dans notre rapport mais encore faut-il des moyens pour le faire.

N’y a t-il pas lieu de corriger et de revoir un système dans lequel les personnes vivent plus mal ?

Si vous portez une critique systémique, je suis prêt à en discuter... A ce propos, la réponse apportée par le gouvernement réside dans ce qui a été présenté dans le rapport Attali. Il est juste de se poser la question : comment gagner un point de croissance ? Soit on se dit le système est pourri et alors il faut savoir ce que l’on met à la place, soit on continue avec l’actuel et on essaie de voir comment faire pour gagner la croissance qui nous manque.

Propos recueillis par Pierre Chaillan pour Humanite.fr

2)Flambée des prix des produits alimentaires en janvier, appelée à perdurer

www.edicom.ch

Les prix des produits alimentaires sont montés en flèche en janvier, avec des hausses de plus de 10% pour les pâtes et les oeufs, et presque autant pour le beurre et la farine, affectés par la flambée des matières premières, une tendance appelée à se maintenir pendant quelques mois.

Globalement, les prix des produits alimentaires ont augmenté de 2,39%

en janvier dans les grandes surfaces, selon une étude du cabinet Nielsen Panel International réalisée pour l’hebdomadaire spécialisé LSA, à paraître jeudi.

Il s’agit de la quatrième hausse consécutive, les prix ayant augmenté de 1,42% en décembre, de 0,43% en novembre et de 0,7% en octobre.

"Ce n’est pas étonnant, puisque la hausse des cours des matières premières (lait, blé) se situe sur des croissances supérieures à 10%", a commenté Olivier Desforges, président de l’Institut de liaison et d’études des industries de consommation.

Selon lui, le renchérissement devrait se maintenir sur le premier semestre, avant de reculer grâce à "une accalmie sur le marché des matières premières".

Serge Papin, patron de Système U, estime également que les cours des matières premières alimentaires vont baisser.

La nouvelle loi régissant les relations entre les fournisseurs et les distributeurs, en vigueur depuis le début de l’année, est "plus simple, plus transparente, je pense que d’ici l’été, au plus tard à la rentrée, on devrait assister à une baisse des prix des grandes marques sur les linéaires", a-t-il estimé sur RTL.

En attendant, Nielsen Panel International prévoit un renforcement de l’inflation dans les magasins, avec un pic à 4% en avril.

Fait nouveau, les produits de grandes marques fabriqués par les majors de l’industrie alimentaire comme Danone ou Coca-Cola ont également augmenté en janvier (+1,29%). Ils avaient constamment reculé depuis 2006 grâce à une première réforme de la loi Galland, qui avait donné une plus grande marge de manoeuvre aux enseignes pour faire baisser les prix de ces produits.

Pour compenser, les distributeurs avaient parallèlement augmenté les tarifs de leurs propres produits, dits marques de distributeurs (MDD).

L’écart entre les MDD et les grandes marques, qui s’était creusé jusqu’à 35% en 2001, a été ramené à 29% fin juin 2007. Le resserrement s’est accéléré à l’automne, avec la flambée des cours des matières premières, qui pèsent davantage dans le prix des MDD que dans ceux des grandes marques.

En janvier, les MDD ont poursuivi leur renchérissement (+3,1%), tout comme les articles premiers prix (+3,63%).

Les produits à base de lait et de céréales enregistrent les plus fortes progressions.

Les pâtes alimentaires ont ainsi bondi en moyenne de 11,44%, dont 13,11% pour les grandes marques, 12,91% pour les MDD et 28,30% pour les premiers prix. Les oeufs ont grimpé de 13,17%, dont 20,27% pour les MDD, 22,10% pour les premiers prix et 8,44% pour les grandes marques.

Déjà en décembre, les pâtes "premiers prix" avaient pris plus de 30% et les oeufs de 21%.

En janvier, les farines et semoules ont augmenté de 6,84%, mais les premiers prix ont grimpé de 22%, contre 9,11% pour les MDD et 5,29% pour les grandes marques.

Toutes les familles de produits alimentaires ont augmenté début 2008, tant le beurre (+8,88%), le riz (+7,35%), les fromages (+6,81%) que les yaourts et desserts lactés (+6%).


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