Crises alimentaires : FMI et Banque mondiale sont aussi responsables

lundi 28 avril 2008.
 

Lors de leur Assemblée de printemps à Washington, le FMI et la Banque mondiale ont souhaité tirer la sonnette d’alarme contre la forte hausse des prix des denrées alimentaires de base dans le monde et les émeutes de la faim qui en ont résulté dans plusieurs dizaines de pays.

En effet, en un an, les prix du riz et du blé ont doublé, celui du maïs a progressé de plus d’un tiers. Les stocks céréaliers sont au plus bas depuis 25 ans. Le coût d’un repas a fortement augmenté et les risques de famine sont très inquiétants.

Le CADTM souligne que la Banque mondiale semble surtout inquiète pour les troubles sociaux que cette situation engendre. Ces troubles pourraient sérieusement malmener le système économique néolibéral promu avec force depuis 25 ans par le FMI et la Banque mondiale : un système structurellement générateur de pauvreté, d’inégalités, de corruption, interdisant toute forme de développement et de souveraineté.

Le CADTM a identifié cinq grandes causes pour expliquer cette envolée des prix : dérèglements climatiques réduisant la production, hausse du prix des transports répercuté sur celui des marchandises, demande croissante de la Chine et de l’Inde en matières premières, développement catastrophique des agrocarburants qui excluent plus de 100 millions de tonnes de céréales par an du secteur alimentaire, spéculation intense suite à l’éclatement de la bulle de l’immobilier aux Etats-Unis. Mais ce n’est pas tout.

Le CADTM tient aussi à pointer la responsabilité du FMI et de la Banque mondiale. Après la crise de la dette du début des années 1980, dont l’effondrement du cours des matières premières était un élément déclencheur, le FMI et la Banque mondiale ont contraint les pays du Sud à adopter des politiques d’ajustement structurel qui se sont révélées dramatiques sur de nombreux plans. Au programme notamment : réduction des surfaces destinées aux cultures vivrières et spécialisation dans un ou deux produits d’exportation, fin des systèmes de stabilisation des prix, abandon de l’autosuffisance en céréales, fragilisation des économies par une extrême dépendance aux évolutions des marchés mondiaux, forte réduction des budgets sociaux, suppression des subventions aux produits de base, ouverture des marchés et mise en concurrence déloyale des petits producteurs locaux avec des sociétés transnationales...

Aujourd’hui, les populations du Sud paient le prix fort. Pour le CADTM, la question de la responsabilité du G8, du FMI et de la Banque mondiale doit être posée de manière claire et ces institutions doivent rendre des comptes sur leurs agissements depuis 20 ans. Un timide mea culpa de leur part dans un rapport semi-confidentiel ne peut suffire car elles continuent de défendre un modèle économique qui a fait la preuve de son échec en termes d’amélioration des conditions de vie et de développement humain.

Pour le CADTM, l’annulation totale et immédiate de la dette extérieure publique des pays du Sud et l’abandon des politiques néolibérales sont des étapes indispensables pour enclencher une logique économique radicalement différente, soucieuse de l’intérêt des populations du Sud et du principe non négociable de souveraineté alimentaire.


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