Meeting de lancement du Parti de gauche : Intervention d’Eric Coquerel

samedi 29 novembre 2008.
 

Socialiser leurs profits au bénéfice des revenus du travail !

Chers amis, chers camarades

Nous vivons une période difficile, dangereuse pour l’humanité. Face à une telle situation, la gauche s’est trouvée dans le passé en bien meilleure posture qu’aujourd’hui. Pourtant, il existe des raisons d’espérer. Ce que nous lançons aujourd’hui à St Ouen en est une de taille. C’est pourquoi je voudrais commencer par dire que se retrouver ici, rassemblés dans un élan collectif manifestement prêt à déplacer les montagnes, cela fait du bien ! Je n’aurais pas de fausse pudeur à dire mon bonheur militant à vivre cette journée fraternelle. Une journée historique à bien des égards parce qu’on ne créée pas si souvent un Parti de gauche !

Alors d’abord merci à Jean-Luc et à Marc. Cette rupture de dirigeants importants du PS nous sommes nombreux à l’avoir espéré, certains qu’il était impossible désormais de changer de l’intérieur ce Parti et, à l’inverse, qu’il était impossible de fonder un nouveau parti de gauche sans qu’une frange significative ne sorte du PS.

Jean-Luc, Marc et vos camarades vous l’avez fait, depuis d’autres d’importance comme Jacques Généreux l’ont fait, de nombreux autres j’en suis convaincu vont franchir le pas, et du coup tout peut changer.

Et puis, on me permettra une dernière fois d’adresser un autre salut particulier : cette fois à mes camarades du Mars-Gauche Républicaine qui ont tenu à faite vivre vaille que vaille, depuis cinq années, un parti républicain et social au sein de la gauche de transformation et qui peuvent être fiers de la tâche accomplie. Mais ce dernier salut est tout sauf triste. Il n’est pas fréquent de se réjouir de disparaitre ? Nous si ! Raison pour laquelle nous avons pris la décision ce matin d’engager désormais toutes nos forces militantes dans la construction du parti de gauche. Parce que nous avons toujours considéré le Mars-GR comme une passerelle, un outil pour contribuer à l’émergence d’un grand parti capable de refonder la gauche sur des bases transformatrices, les militants du Mars-Gr sont heureux de co-fonder avec vous tous l’outil nécessaire à ce grand dessein.

Un parti de masse, un parti populaire parce que sans le peuple à qui la gauche ne parle plus depuis bien trop longtemps nous ne serons rien, nous ne ferons rien, nous ne servirons à rien.

Or nous comptons bien servir. Servir d’abord justement à restaurer la souveraineté du peuple sur le marché. Depuis 25 ans, la version absolutiste du marché n’a en effet cessé d’affaiblir, de miner la souveraineté populaire. Au point que ses partisans ont même rêvé de le figer libre et sans entrave dans une constitution européenne. Ils auraient bonne mine s’ils y étaient parvenus, eux qui enfreignent allégrement leurs règles ultralibérales pour socialiser les pertes du capital et sauver leur système !

Alors que ceux qui engloutissent les richesses collectives pour leur seul bénéfice, sachent que nous saurons nous aussi avoir recours à des moyens de socialisation, mais cette fois il s’agira de socialiser leurs profits au bénéfice des revenus du travail !

Nous comptons bien servir à remettre la République sur ses rails. Cela signifie de mettre fin au cancer monarchique de la 5ème république qui déteint sur toute la vie politique de notre pays, et remettre le parlement au centre d’une 6ème République. Une République qui défendra une vision qui fut la sienne à sa naissance, une conception universelle, généreuse, politique de la citoyenneté, opposée à toute version ethnique, communautaire et religieuse, ce qui implique de revenir au droit du sol intégral et à l’élargissement de la nationalité aux résidents.

Cela signifie de restaurer le bien commun et l’égalité comme pierres angulaires de notre société.

Cela nécessite que la gauche se revendique de nouveau du Progrès : dans une société qui accumule autant de richesses et de moyens technologiques, il est légitime d’aspirer à ce que les enfants vivent mieux que leurs parents. A condition aussi de considérer que le progrès c’est aussi, c’es vital, de leur laisser une planète viable !

Cela nécessite de garantir les moyens de l’émancipation de tous les citoyennes et citoyens.

Pas d’émancipation sans une éducation nationale forte qui devrait avoir le monopole de tous les fonds publics, Pas d’émancipation sans la préservation intransigeante de la laïcité.

Nous comptons bien, enfin, servir à battre la droite ce que la gauche d’accompagnement ne sait plus faire sur le plan national depuis bien trop longtemps, en France et en Europe. Car nous ne sommes pas là pour nous résigner. Nous fondons le Parti de Gauche pour défaire en premier lieu Sarkozy et les siens, et nous entendons bien pour cela, parce que c’est la condition, disputer aux socio-libéraux l’hégémonie sur la gauche.

Nous comptons servir le peuple concrètement, sans attendre, avec lui. Parce que nous savons bien qu’il n’a jamais complètement cédé au libéralisme et qu’il serait disponible si la gauche proposait enfin une vraie alternative, nous disons clairement que nous entendons contribuer à donner rapidement une majorité électorale à un programme de gouvernement, un programme de ruptures radicales avec la logique ultralibérale.

Cela passe par renforcer, ouvrir notre nouveau parti, se compter par milliers dès notre congrès début février. Mais aussi, en même temps, cela nous mène à travailler à l’unité des forces de la gauche de transformation afin de montrer, et ce dès les européennes, que nous pouvons être majoritaires quatre ans après notre victoire sur le Traité Constitutionnel Européen.

Chers camarades, nous pouvons, nous devons voir grand. Thomas Moore écrivait au XVème siècle dans son livre « L’utopie » qu’ « On ne renonce pas à sauver le navire dans la tempête parce qu’on ne saurait empêcher le vent de souffler. ». Le vent souffle, nous n’avons jamais renoncé, hissons ensemble les voiles de notre navire commun, prenons le large et je suis certain que nous redonnerons tous ensemble à la gauche de nouveaux horizons.


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