28 mars 1959 : "Journée de l’émancipation des serfs" au Tibet

samedi 28 mars 2020.
 

La législature tibétaine a décidé en janvier 2009 de fixer le 28 mars comme "Journée de l’émancipation des serfs" pour commémorer désormais l’abolition du servage féodal dans la Région autonome du Tibet.

"Les 382 législateurs participant à la session ont voté en faveur de la proposition", a déclaré Legqog, président du Comité permanent de l’Assemblée populaire régionale du Tibet.

Le 28 mars 1959, les serfs et les esclaves du Tibet, représentant plus de 90% de la population régionale, ont été libérés quand le gouvernement central chinois a déjoué une rébellion armée menée par le dalaï lama et ses partisans.

Cet événement marque la fin du servage et l’abolition de la hiérarchie sociale caractérisée par une théocratie avec le dalaï lama au centre du pouvoir. Environ un million de serfs et d’esclaves ont été libérés.

La législature tibétaine a décidé lundi de fixer le 28 mars comme "Journée de l’émancipation des serfs" pour commémorer désormais l’abolition du servage féodal dans la Région autonome du Tibet (sud-ouest).

Parmi les législateurs ayant révisé la proposition figure un homme sous le nom de Gaisang, 62 ans, PDG de la Yamei Ethnic Handicraft Ltd. Corp.

"’La Journée de l’émancipation des serfs’ aurait due être créée plus tôt", a-t-il déclaré, ajoutant : "Il faut nous souvenir de ce jour en mémoire de nos ancêtres, qui ont été serfs, et pour enseigner aux jeunes cette partie de l’histoire."

"Mes parents, qui étaient serfs, sont morts il y a quelques années", a-t-il ajouté.

Cet entrepreneur est né dans une famille de tralpa (serfs tibétains) dans le district de Bilang de Xigaze. De son enfance, il ne se rappelle que de ses pieds nus, de ses vêtements rapiécés et d’un fouet en cuir.

"Si tu osais offenser le Seigneur, tu recevais au moins 50 coups de fouets", a-t-il fait remarquer.

Une ère obscure

L’histoire de Gaisang n’est pas exceptionnelle.

La législature tibétaine a décidé lundi de fixer le 28 mars comme "Journée de l’émancipation des serfs" pour commémorer désormais l’abolition du servage féodal dans la Région autonome du Tibet (sud-ouest).

D’après Gaisang Yeshes, ancien responsable de la Presse tibétaine des Livres anciens et sociologue de l’Académie des sciences sociales du Tibet, le servage s’est développé avant la dynastie des Yuan (1271-1368).

Le servage a été officialisé après l’établissement du système hiérarchique social, caractérisé par la théocratie, au XIIIe siècle, quand la dynastie des Yuan a délégué l’administration de la région aux dirigeants religieux tibétains. Le système s’est développé davantage quand le dalaï lama est devenu le principal dirigeant du Tibet.

Les serfs, qui représentaient plus de 90% de la population de l’ancient Tibet, étaient considérés comme la propriété privée de leur seigneur, dont la famille du dalaï lama. Ce dernier possédait environ 80% des matériaux de production : terres arables, prairies et bétail.

Les serfs étaient divisés en trois catégories selon leurs possessions : tralpa, Duchung et Nangsan.

Les terres appartenaient aux aristocrates, aux monastères et aux fonctionnaires du gouvernement d’alors. D’après une exposition organisée par le Musée du Tibet, ils possédaient respectivement 24%, 36,8% et 28,9% des terres arables dans la région du plateau avant 1959.

La législature tibétaine a décidé lundi de fixer le 28 mars comme "Journée de l’émancipation des serfs" pour commémorer désormais l’abolition du servage féodal dans la Région autonome du Tibet (sud-ouest).

Les seigneurs pouvaient, en toute légalité, insulter, punir, acheter, vendre, donner, fouetter et même tuer brutalement leurs serfs.

En 1733, le 7e dalaï lama contrôlait 3 150 monastères et 121 440 foyers, alors que les serfs devaient travailler pour les monastères en dépit de la pénurie de nourriture et de vêtements.

Le village de Saixim, du district de Doilungdeqen, situé à 50 km au nord-ouest de Lhasa, était autrefois l’un des manoirs de la famille du 14e dalaï lama avant 1959. Des vieux villageois se rappellent encore les 5 serfs battus à mort et les 11 autres blessés alors qu’ils étaient au service de la famille du dalaï lama depuis dix ans.

Dans le musée, une série de photos en noir et blanc montre la brutalité des propriétaires : des serfs aux yeux crevés, aux doigts coupés et aux tendons des pieds arrachés.

A la fin des années 1940, alors que le dalaï lama se préparait à célébrer son anniversaire, le gouvernement local du Tibet a promulgué un ordre selon lequel les serfs devaient préparer des crânes, du sang, de la peau et des tripes humains pour la cérémonie religieuse.

Le 14e dalaï lama se dit "ignorant" de ce genre d’événements.

Le 10 mars 1983, il a déclaré en Inde que "dans le passé, nous, les Tibétains, vivions dans la paix et le contentement sous la lumière bouddhiste qui éclairait nos terres enneigées." "Notre système de servage est différent de tout autre système de servage, parce que le Tibet est peu peuplé, et le bouddhisme, qui est pour le bonheur du peuple, conseille aux gens de s’aimer les uns les autres," a-t-il aussi déclaré.


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