La crise fait progresser les adhésions aux syndicats (article Les échos)

mercredi 20 mai 2009.
Source : .lesechos.fr/
 

Depuis le début de l’année, la CGT, la CFDT et FO constatent une hausse notable des adhésions. Les syndicats bénéficient des inquiétudes des salariés et d’une image redorée par leur unité. Le vrai défi pour les centrales sera de réussir à fidéliser ces nouveaux publics. Pour eux, la crise a du bon : depuis le début de l’année, la CGT, la CFDT et FO constatent un afflux d’adhésion « plus soutenu » que d’habitude. Le phénomène était déjà patent sur le terrain depuis de nombreuses semaines et les premières estimations des centrales commencent à tomber. La CFDT estime qu’elle a déjà récolté 15.600 nouveaux adhérents depuis janvier, contre 6.000 sur l’ensemble de l’année 2008. La CGT avance un rythme d’adhésions nouvelles en hausse de quelque 50 % au premier trimestre tandis que FO ne donne pas encore de chiffres.

« Il y a un indéniable effet crise avec une hausse des « adhésions de crainte ». Les gens viennent chercher un coup de main, des informations, une protection », analyse René Valladon (FO). Les syndicats commencent aussi à tirer profit des mobilisations organisées ces derniers mois. « L’unité et le sens des responsabilités des syndicats ont redoré leur image », explique Hervé Garnier (CFDT).

Reste un troisième élément d’explication, qui témoigne aussi du caractère hors normes de la situation sociale. Empiriquement, les périodes de difficultés économiques n’ont jusqu’ici pas été propices aux adhésions, provoquant au contraire un « repli sur soi ». Mais cette fois-ci, « la colère est telle que les gens relèvent la tête, se désinhibent et osent franchir le pas de la syndicalisation », assure Maryse Dumas (CGT).

« Mécanismes de solidarité » Les fédérations constatent aussi, dans la métallurgie notamment, des créations de sections dans des moyennes entreprises. « Les salariés sentent le vent du boulet et veulent être prêts quand il arrivera », explique FO. Au sein de l’Unsa, on remarque aussi que certains syndicats autonomes, peu armés pour gérer les conséquences sociales de la crise, « ont tendance à nous rejoindre pour bénéficier de notre expertise ».

Les syndicats se gardent toutefois de crier victoire trop vite. « De nouveaux publics viennent aujourd’hui à nous, mais combien resteront après la crise ? Le vrai défi sera de les fidéliser », pointent les centrales. Le phénomène, en outre, risque d’être contrecarré par un autre effet de la crise : les suppressions d’emplois toucheront aussi des adhérents. En difficultés financières, certains salariés hésitent aussi à renouveler leur adhésion. Officiellement, les syndicats ne font pas crédit. Officieusement, « on essaye toujours de s’arranger ». « Si on ne fait pas un geste quand les gens risquent de perdre leur emploi, il ne faudra pas s’étonner s’ils ne reviennent pas ensuite », prévient la CFDT, qui, comme d’autres, réfléchit à l’instauration de « mécanismes de solidarité » pour pallier le problème.

DEREK PERROTTE, Les Echos


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