Le Parti de gauche a décidé de s’associer aux ateliers forums Compte-rendu de Marseille et Grenoble

samedi 17 octobre 2009.
 

Les Ateliers-Forums du Front de Gauche, c’est parti ! Communiqué du Front de Gauche (Parti Communiste Français – Parti de Gauche – Gauche Unitaire)

Unité de l’Autre gauche, Front de Gauche, ateliers initiés par le PCF (Communiqué de presse du PG)

1) Le Parti de gauche a décidé de s’associer aux ateliers forums

Le PG coorganisera huit ateliers forums où pourront se confronter les propositions des partis du Front de gauche avec celles des autres formations, PS et Verts.

Le Parti de gauche sera l’un des coorganisateurs des prochains ateliers, au côté des deux autres organisations fondatrices du Front de gauche : le Parti communiste français et la Gauche unitaire. Ainsi en a décidé son bureau national en fin de semaine dernière. La proposition énoncée par Marie-George Buffet lors de la Fête de l’Humanité que les partis du Front de gauche coorganisent des ateliers ouverts à toute la gauche a été finalement acceptée par tous, après une période de « débats intéressants », notait hier Éric Coquerel, l’un des principaux dirigeants du PG. Le communiqué du Front de gauche, signé par les trois partis, précise que ces ateliers forums seront à la fois des moments d’échanges avec les citoyens, les syndicalistes, les responsables d’associations, les acteurs des mouvements sociaux et à la fois un espace de « confrontation » et de « clarification » avec les différents projets des « autres partis de la gauche ».

Dans un premier temps, la formation que préside Jean-Luc Mélenchon avait exprimé son désaccord avec la participation du PS à ces ateliers, le parti de la rue de Solferino n’ayant pas vocation à faire partie du Front de gauche. De son côté, le PCF, qui avait lancé l’idée de ces ateliers ouverts à tous ceux qui se réclament de la gauche, estime que le Front de gauche doit se renforcer et s’élargir, élever ses ambitions. « Le Front de gauche a une vocation majoritaire », expliquait Marie-George Buffet dans une interview accordée à l’Humanité, fin septembre. Vendredi, dans une autre interview à Libération, la secrétaire nationale du PCF précisait : « Si on commence en disant "À ceux-là on ne leur parle pas", on n’y arrivera pas ! » Mais elle ajoutait : « Je ne suis pas naïve, le PS est sur une dérive sociale-libérale, et je trouve un peu triste le bal des mains tendues au MODEM. » « Aller chercher des compromis avec une partie de la droite, c’est la voie de la défaite de la gauche. C’est en rassemblant à gauche que l’on réussira à soulever une dynamique ! » insiste-t-elle.

Éric Coquerel, membre de la direction du PG, est satisfait de la position commune du Front de gauche. Le communiqué clarifie, à ses yeux, les enjeux de la démarche des ateliers. « Nous ne pouvions pas laisser augurer que ces ateliers puissent déboucher sur un projet commun avec le PS et les Verts. La confrontation doit avoir lieu dans les débats en public. Ce seront des ateliers forums pour des débats constructifs avec les syndicalistes, les mouvements associatifs, les citoyens et, de l’autre côté, une confrontation publique de projets sans synthèse finale, explique-t-il. Cela nous convient et nous espérons relancer les invitations aux forces de l’autre gauche, le NPA, Alternatifs, la Fédération, etc. » Pour le dirigeant du PG, l’élargissement du Front de gauche ne peut pas aller jusqu’au PS et aux Verts. Comme Marie-George Buffet, il constate que le PS n’a pas rejeté les projets d’alliance avec le MODEM. Pour les élections régionales, Éric Coquerel est favorable à des fusions au second tour entre le Front de gauche et le PS, après un premier tour où « (nous) devons faire la clarté devant les électeurs ».

Jean-Paul Piérot

Source : http://www.humanite.fr/2009-10-12_L...

2) À Marseille, des propositions pour un nouveau développement planétaire

Durant toute la journée, quatre tables rondes ont décliné le thème général : « Pour un nouveau mode de développement ». Le débat a été lancé autour de la question « décroissance ou exigence d’un nouveau modèle productif ? ».

En introduction, Alain Obadia a posé quelques constats : la conscience grandissante parmi l’opinion publique que le modèle de croissance pousse la planète vers l’abîme, le productivisme demeure le fil d’Ariane du système. Comment en sortir ? Par la décroissance ? Pour le dirigeant communiste, cela pourrait s’apparenter à une « société du rationnement ». Pour autant, selon lui, « il y a beaucoup de raisons de dépasser la contradiction entre croissance et décroissance. On peut par exemple revendiquer la croissance des services publics. Mais il faut aussi faire décroître certaines productions dévastatrices pour l’environnement ». Un militant communiste d’Aix s’est « déclaré » surpris par le thème : « La décroissance ne me paraît pas d’actualité. »

Pour sortir de la problématique « dans laquelle on veut nous enfermer : ou sauver la planète ou continuer à satisfaire les besoins grandissants de la population », Pierre Laurent a formulé une série de propositions : engager la bataille pour la décroissance financière, pour la réduction des inégalités sociales, prendre l’offensive sur la mutation du système productif comme sur le développement des services publics, faire reculer l’idéologie de la culpabilisation et étendre le champ de la démocratie. L’objectif de ces ateliers étant de formuler des propositions tout comme d’affronter les débats qui traversent la gauche, la deuxième table ronde (« Crise énergétique, réchauffement climatique : quelles réponses ») a donné lieu à plusieurs saines confrontations. Sur le nucléaire, par exemple.

Gilles Lemaire (ATTAC) a lu une proposition que le conseil d’administration de l’association allait soumettre au vote des adhérents sur l’abandon progressif de l’électricité nucléaire en France. Éric Rouleau a rappelé que « le PCF n’était pas pour le nucléaire par passion mais par raison. Nous sommes pour le développement exponentiel des énergies renouvelables et pour des politiques d’économies d’énergie, mais cela ne suffirait pas à satisfaire les besoins. Au stade actuel des connaissances, le nucléaire est incontournable ». Laurence Rossignol, secrétaire national du PS à l’écologie, a appelé à « un vrai débat public en France » sur le nucléaire. Dans son intervention, elle s’est également prononcée pour « une mutation de nos modes de vie ». La formule a été questionnée par Sylvie Mayer (PCF) : « Il faut vraiment qu’on y mette un contenu ou on pourrait laisser penser aux gens que l’on veut diminuer leur confort. » Pour Gilles Lemaire, « parler d’économies d’énergie, ce n’est pas demander aux familles de diminuer leur confort. De toute façon, on peut avancer ensemble, même si on n’est pas d’accord sur tout ».

La troisième table ronde était consacrée à l’économie sociale et solidaire (ESS). De nombreuses interventions ont porté sur la définition même de ce type d’économie qui recouvre des réalités très diverses, de la petite association à la grande banque mutualiste, qui n’est plus franchement ni sociale ni solidaire. Marie-Pierre Vieu a livré son expérience de vice-présidente (PCF) de la région Midi-Pyrénées en charge du dossier où l’on a voulu extraire l’ESS d’une « économie de la réparation » et développer les circuits courts. Au rayon propositions, Sylvie Mayer en a avancé un certain nombre : soutenir le développement de l’outil coopératif, développement d’outils régionaux de promotion, droit de préemption des salariés, constitution d’un pôle financier public et social dont la Banque populaire- Caisse d’épargne serait le pilier. Pour conclure cette journée, la quatrième table ronde avait pour thème : « Produire autrement pour nourrir la planète ».

Les propositions du PCF présentées par Xavier Compain ont finalement été assez peu débattues. Le sociologue Jacques Broda a estimé que « le paradigme de réponse aux besoins sociaux des gens est faux ». Daniel Roche, agriculteur et membre du MODEF, a raillé, avec un brin de provocation, comme il le reconnaissait luimême, les circuits courts et la mode bio : « Ce n’est pas avec moins de modernisme que l’on va régler le problème. » Réplique de Sylvie Mayer : « On peut être modernes et humains. » C’est bien la question posée à toute la gauche.

3) La démocratie au coeur du rendez-vous grenoblois

À l’heure où la droite exerce un pouvoir toujours plus « privatif », les ateliers isérois ont insisté, samedi, sur la raison d’être de la démocratie face à l’arbitraire.

Revisitée au travers de son actualité, dans les institutions, sur les lieux de travail ou dans les territoires, la démocratie était au centre des ateliers du projet qui se tenaient ce samedi à Grenoble. Citoyens, universitaires, représentants du PCF, du PS, du Parti de gauche, des Verts et de la Gauche unitaire ont exposé leurs visions et leurs arguments.

Dans cette « zone grise de la politique » que constitue le sarkozysme, pour le magistrat Serge Portelli, la gauche « se tromperait lourdement » si elle oubliait que la manière actuelle de gouverner ne tient ni du « hasard, ni même du pragmatisme, mais d’une idéologie très précise ». Au coeur de celle-ci : une conception de « l’homme déterminé par ses tares, ses gênes », du gène du suicide à celui de la pédophilie, mais en aucun cas par son environnement social : « Tout ce que nous disent depuis plus d’un siècle les sciences sociales n’existe pas. » Le pilier de cette idéologie, c’est « la peur des autres, bien sûr, mais aussi la peur de soi, de sa propre part d’ombre », explique Serge Portelli. Ainsi tout devient « simple : il y a ceux qui ont fait le choix du bien et ceux qui ont fait le choix du mal ». Une fois évacuée la question de la complexité sociale, reste à apporter « des réponses, tout aussi simples et mécaniques ». Car, selon lui, la médiatisation de tel ou tel acte délictueux n’est que « l’occasion saisie par le pouvoir pour légiférer afin d’appliquer méthodiquement son idéologie ». « La démocratie meurt quand on brûle les livres, mais elle commence à mourir lorsque l’on brûle les mots », prévient celui qui propose à la gauche, face à la « novlangue sarkozyste », de « reprendre possession des mots, de redresser son discours ».

Mais la gauche est également questionnée sur son rapport aux institutions. « Avant moi, les institutions n’étaient près moi, elles seront mauvaises, mais pendant que j’y suis, elles conviennent », ironise le constitutionnaliste Dominique Rousseau, faisant référence à François Mitterrand, l’homme du « coup d’État permanent ». Une légèreté pour la gauche à traiter la question institutionnelle qui s’est poursuivie sous l’ère Jospin avec l’inversion du calendrier électoral en 2002. À la clé, une présidentialisation du régime, et des députés privés de toute autonomie tant leur succès dépend désormais du résultat de l’élection présidentielle qui précède. En résumé, « la gauche est à l’origine de la pratique privative du pouvoir exercée aujourd’hui par Nicolas Sarkozy ». Dominique Rousseau, la question institutionnelle est essentielle pour la démocratie. L’évacuer pose le risque d’imposer « une démocratie de d’acclamation » se substituant à de réels « espaces de délibération ». D’ailleurs, « les institutions sont considérées par Nicolas Sarkozy comme un obstacle à son pouvoir. Au moment où il parle, il voudrait que sa parole fasse droit », explique le constitutionnaliste.

La démocratie a-t-elle pour destin de « s’arrêter aux portes de l’entreprise », aux frontières entre institutions et citoyens ? Maryse Dumas (CGT) plaide « pour de nouveaux droits permettant aux salariés de dépasser le lien de subordination qui les lie aux employeurs ». En jeu ? La possibilité donnée aux travailleurs « d’intervenir dans les choix économiques et stratégiques de l’entreprise ». La mondialisation et la financiarisation de l’économie conduisent à « une dissolution des lieux de pouvoir et de décision ». « Où sont-ils, qui sont-ils les actionnaires ? interroge la responsable de la CGT. Ces réalités nouvelles percutent le monde syndical autant que politique. » Mais elle se veut très claire : quelle que soit la légitimité de la représentation syndicale, « en aucun cas les accords trouvés au sein des entreprises ne doivent déroger à la loi ». À ce besoin de « démocratie sociale » s’ajoute la nécessaire « création d’espaces délibératifs au niveau des territoires » pour faire vivre une véritable « démocratie participative ».

Fort de son expérience en Rhône- Alpes, où il a réussi à réunir plus de 400 citoyens vivant dans la précarité pour débattre de ces situations, le vice-président communiste de la région, François Auguste, travaille, lui, à reconnecter citoyens et institutions. Reste un immense chantier, où la question démocratique trouve parfois dans la pratique un début de réponse : l’immense succès de la votation citoyenne contre le changement de statut de La Poste n’en fait-il pas la démonstration ?

Frédéric Durand

4) Grenoble Arnaud Montebourg (PS) pour un "big-bang" politique

La gauche "ne pourra aller devant le corps électoral qu’avec un big-bang politique et institutionnel", a expliqué Arnaud Montebourg, secrétaire national socialiste à la rénovation, lors des premiers "ateliers du projet de la gauche", organisés samedi, à Grenoble par le PCF.

"L’impensée de la gauche a produit des erreurs stratégiques dont nous payons aujourd’hui la facture. Je considère aujourd’hui que (Nicolas) Sarkozy est la créature de nos propres erreurs", a poursuivi le député de Saône-et-Loire, invité à débattre sur le thème de la démocratie.

Le responsable socialiste a justifié sa présence en expliquant qu’il était là "pour un travail d’écoute et de projection vers l’avenir" afin de "préparer l’après-sarkozysme".

Ces premiers ateliers - un autre avait lieu à Marseille samedi - ont été boudés par le Parti de gauche (PG) de Jean-Luc Mélenchon et le NPA d’Olivier Besancenot à cause de la présence du PS.

Mais le PG a indiqué samedi qu’il participerait aux huit prochains ateliers, renommés "ateliers-forums" et co-organisés par le Front de gauche (PCF-PG-Gauche unitaire), soulignant qu’il n’est "clairement pas question de travailler à une plate-forme partagée avec le PS ou les Verts".

"Notre travail est collectif avec l’ensemble des partis de gauche pour fonder, je l’espère une République nouvelle que nous appelons 6e République. Pour cela, il faut ouvrir le débat avec tout le monde", a poursuivi Arnaud Montebourg.

Il a toutefois ajouté que le MoDem "n’était pas le bienvenu" : "si vous mettez le MoDem dans la question des alliances, vous divisez la gauche or, nous notre projet, est de rassembler la gauche. Tout ce qui divise est à proscrire, tout ce qui rassemble est à aimer", a-t-il conclu.

A l’issue de ces ateliers, et alors que les discussions se poursuivent avec le Parti de gauche et le NPA sur une éventuelle alliance, le PCF doit proposer le 24 octobre une "offre politique nationale" pour les régionales lors de son Conseil national.


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