Marx au combat (de Christian Laval)

lundi 9 novembre 2009.
 

Sous la crise économique, la lutte des classes ,

Avec sa lecture critique et sélective de Marx qui éclaire la crise d’aujourd’hui, Christian Laval témoigne d’une fidélité à une pensée qui n’a de sens qu’à vouloir transformer le monde.

Marx au combat de Christian Laval. Thierry Magnier Éditions, 2009.

La vie et l’œuvre de Marx sont tout entières placées sous le signe du combat. Les luttes sociales furent le moteur de son histoire personnelle, histoire d’un savant engagé, acteur politique, chassé par les pouvoirs en place, exilé à Londres. Son œuvre elle-même est une critique, une lutte sans merci contre les économistes de son temps. Être fidèle à Marx aujourd’hui, ce n’est pas répéter benoîtement ses écrits, mais retrouver l’inspiration d’une pensée qui n’a de sens qu’à vouloir transformer le monde. Il ne s’agit donc pas, dans cet ouvrage, de revenir à Marx comme à un texte sacré trop longtemps oublié. Christian Laval le dit clairement  : « Marx est resté dans le cadre de son époque. » Sa relecture est donc une lecture critique et sélective qui ne retiendra de la clinique du capitalisme entreprise par Marx que ce qui s’avère pertinent pour comprendre la crise qui est la nôtre. Les analyses se concentrent sur la relation établie par Marx entre l’instabilité économique du capitalisme et le conflit de classes. Faire l’anatomie d’une crise, ce n’est pas désigner à la vindicte populaire quelques traders « immoraux ». C’est remonter des bouleversements économiques de surface aux rapports sociaux qui en sont la cause. La crise est le révélateur des contradictions qui traversent le capitalisme. Elle n’est pas un accident qu’on aurait pu éviter, elle est la conséquence de la logique capitaliste. Le capitalisme est instable par essence et les appels à la moralité sont par conséquent voués à rester lettre morte.

« L’observateur superficiel, écrivait Marx, ne voit pas la cause de la crise dans la surproduction. » Des marchandises ne se convertissent plus en argent (et ce malgré l’endettement croissant des ménages). C’est qu’il y a une contradiction entre les exigences de la vente et l’exploitation tendant à comprimer le salaire. Bref, sous la crise économique, la lutte des classes  ! Christian Laval nous rappelle d’ailleurs que Marx n’invente pas l’idée de lutte des classes et qu’il déclare lui-même sa dette à l’égard des historiens français libéraux. Pour ces derniers, l’histoire moderne est le combat de la bourgeoisie émergente contre l’aristocratie. Cette lutte multiséculaire prendrait fin en 1789. L’erreur des libéraux, selon Marx, est d’avoir confondu la lutte des classes avec l’une de ses formes historiques. La défaite de l’aristocratie n’annonce pas une société sans classes, mais un nouvel antagonisme, celui de la bourgeoisie et du prolétariat.

Voilà maintenant quelques décennies qu’il était presque interdit de parler de rapports de classes, ce petit livre nous rappelle avec force que cette idée est la condition de l’intelligibilité du monde social.

Florian Gulli philosophe


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