C’est dans les lois du Jules Ferry qu’apparaît, pour la première fois, le terme « programme » pour désigner ce qui doit être enseigné à l’école.
Après les instructions officielles de 1923, c’est une relative stabilité qui prévaut, du moins pour l’école primaire.
Car l’enseignement subit une profonde évolution, avec les étapes de l’allongement de la scolarité obligatoire (jusqu’à 14 ans en 1936, puis 16 ans en 1959) et la démocratisation de l’enseignement secondaire.
Le début des années 80 va marquer un changement dans la prise de conscience de l’importance, sur le plan économique, social et politique des contenus d’enseignement. La montée du chômage, la demande sociale fait que l’on se tourne vers l’école pour tenter de résoudre les problèmes de la société, et le rapport du Collège de France, remis par Pierre Bourdieu au Président de la République demande, ni plus ni moins, « une profonde transformation de l’organisation scolaire et des mentalités ».
Dans le même temps, le ministre de l’éducation de l’époque, Jean-Pierre Chevènement, fait le pari que les programmes de l’école peuvent être diffusés au-delà de son enceinte : ils seront édités en livre de poche, et vendus à plus de 800 000 exemplaires... Quelques années plus tard, le Conseil National des programmes récidive, en éditant la brochure « qu’apprend- on au collège ».
C’est d’ailleurs sous l’égide de cette institution (le CNP) que l’éducation n a t i o n a l e connaîtra 15 années (de 1990 à 2005) de p r o f o n d e s m u t a t i o n s , a f f e c t a n t notamment les contenus (programmes des lycées au début des années 90, suivis par ceux des collèges, programmes de 2002 pour les écoles).
Instance consultative, le CNP n’élabore pas les programmes mais donne un avis sur les projets qui lui sont soumis.
On lui doit la Charte des programmes, définissant les principes qui doivent guider le travail des groupes d’experts disciplinaires.
Si, sur le plan législatif, il revient toujours au ministre de l’éducation nationale et à lui seul de décider des programmes, la charte précise notamment que les rédacteurs de ces derniers doivent « veiller à leur faisabilité », et « impulser la concertation la plus large avec tous ceux qui sont concernés, en priorité avec les enseignants ».
La loi d’orientation « Fillon » viendra mettre un terme aux travaux du CNP en 2005, le remplaçant par le Haut Conseil de l’Éducation. L’élaboration des nouveaux programmes de l’école primaire, rédigés dans le plus grand secret (les noms des rédacteurs ne sont pas connus), diffusés sans précisions sur les horaires (où est la faisabilité ?) et soumis à une concertationexpress de quelques jours, marquerait-elle une rupture avec les principes de la charte ? Au vu des orientations retenues, c’est à craindre.
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