Conseil de Paris : Oui à la municipalisation de l’eau

samedi 5 décembre 2009.
 

Pour moi, et je suis intervenu pour le dire, c’est un geste politique fort, un moment clé de cette mandature. Un geste avant tout d’une grande portée symbolique, car, ce qui se fait à Paris est regardé avec attention dans tout notre pays. Ainsi, nous montrons la voie. La gauche ne doit pas seulement défendre les services publics, composantes essentielles de notre « identité nationale », mais elle doit en avoir une conception élargie en proposant de nouveaux services publics dans des secteurs de la vie jusque là laissé aux entreprises privés.

Actuellement, les 3/4 des communes font encore le choix de déléguer la gestion de l’eau aux différentes multinationales intervenant dans ce secteur (Veolia, Suez, Saur..). Ces multinationales réalisent, comme de nombreuses enquêtes menées par des associations de consommateurs l’ont démontré, des marges bénéficiaires très importantes.

A cause de ces grandes compagnies, l’eau est aujourd’hui non seulement gaspillée en France, mais aussi de plus en plus « marchandisée » et polluée. Dans le monde, l’eau est en train de devenir un enjeu stratégique comparable au pétrole, sous la pression du modèle financier et productiviste, générant parfois des conflits armés. 20 % des êtres humains vivant sur la planète n’ont toujours pas accès à l’eau ! C’est un scandale bien révélateur du monde dans lequel nous vivons.

Le PG considére que seule la gestion intégralement publique de l’eau, conçue et défendue à l’échelle mondiale et appliquée à l’échelle locale, est le seul modèle qui permet de garantir une exploitation raisonnée et la préservation de ce bien commun de l’Humanité.

J’ai profité également de cette tribune pour réagir au débat qui s’est engagé dernièrement après que la presse ait révélée l’incroyable délabrement du réseau d’eau potable, qui entraîne un gaspillage évalué à 2 milliards d’euros. Contrairement à ce qu’ont dit les grandes compagnies, soutenues par le gouvernement, ce n’est pas « la responsabilité des élus locaux » de le réparer. La logique ne peut être les dépenses pour les contribuables, et les profits pour les entreprises privées. Non. Ce n’est pas aux usagers et aux contribuables de payer la remise en état d’un réseau que continueraient à exploiter des compagnies privées. Cet exemple illustre que l’eau doit redevenir publique.

La décision qui a été prise à Paris est un donc pas important. C’est même une étape fondamentale pour la suite, si la gauche élue depuis maintenant 8 ans, ne l’avait pas fait, c’eut été un bien mauvais signal qui aurait été envoyé.

Mais, à la veille d’élections régionales, pourquoi ne pas engager un débat pour que les Régions mettent en place des structures régionales de gestion de l’eau ? Le but serait d’inciter les communes à gérer ce bien commun en régie publique et de leur en fournir les moyens. De nouvelles politiques pourrait alors être mises en œuvre, notamment sur le plan tarifaire : pourquoi pas les premiers mètres cubes gratuits afin de garantir le droit d’accès à ce bien commun, puis un tarif progressif afin de décourager la surconsommation d’eau et la péréquation tarifaire afin de garantir l’égalité des citoyens.

Pour finir sur ce point, nous avons proposé un amendement qui s’opposé au fait que dans le Contrat d’objectif qui allait de pair avec le nouvel EPIC a qui était confié la gestion de l’eau, il était indiqué que la masse salariale ne pouvait augmenter de plus de 2 %. Fixer les choses ainsi était quelque chose d’inacceptable. Notre amendement a été rejeté.

Autre sujet, nous sommes à nouveau intervenus contre les subventions allouées aux crèches confessionnelles à Paris. La laïcité exige que nous ne financions pas ce type d’établissement. En vain.

En fin de Conseil, notre demande de prise de position en faveur de la libération de Salah Hamouri, ce jeune franco-palestinien injustement emprisonné, a été une fois de plus repoussée. Pas très glorieux de la part de l’exécutif, les arguments avancés contre nous ne volaient pas très haut.

Dernière anecdote amusante. A la toute fin de la séance, les élus socialistes étant très majoritairement absents, nous avons repoussé une délibération qui proposé de louer à des entreprises privées, les salons de l’Hôtel de Ville. Un petit pied de nez qui nous a bien amusé. Quand on est élu, sauf cas exceptionnel, il faut siéger, non ?


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