La Fédération nationale de la Libre Pensée et le Coran (Respublica n° 480)

vendredi 27 octobre 2006.
 

Depuis un mois, un débat s’est engagé quant à savoir si le Coran est moins ou plus violent que le Nouveau Testament du christianisme. Le texte ci-dessous de Jacques Bertrand, mis en ligne par Respublica, juge le Coran plus violent.

Nous mettrons en ligne d’autres points de vue sur la question plus globale d’analyse des deux principales religions du monde dans les semaines à venir.

Comme beaucoup, j’ai été assez stupéfait (et déçu) par l’attaque manifestée par la Fédération Nationale de la Libre Pensée à l’encontre de Robert Redeker. Bizarrement, des adeptes de la libre pensée ont défendu une religion - l’Islam - en s’attaquant à une autre religion - le Christianisme. Ce faisant, ils ont renoué avec le vieux poncif consistant à mettre toutes les religions sur un strict pied d’égalité ; avec deux intentions possibles diamétralement opposées : ou les vouer toutes aux gémonies (ce doit être j’imagine la position de la FNLP) ou, au contraire, les estimer également pures et susceptibles d’être dénaturées par d’ignorants et malveillants fanatiques.

En l’occurrence, il s’est agi pour la FNLP de mettre en exergue la violence contenue dans Le Nouveau Testament, montrant ainsi que cette violence n’était pas l’apanage du Coran. Et de citer les deux passages suivants : N’allez pas croire que je sois venu apporter la paix sur la terre ; je ne suis pas venu apporter la paix, mais bien le glaive (Matthieu, 10, 34-37) et Quant à mes ennemis, ces gens qui ne voulaient pas que je règne sur eux, amenez-les ici, et égorgez-les devant moi (Luc, 19, 26-27). On pourrait longuement commenter les passages contestés, rappelant, par exemple, que le second n’est nullement une invitation du Christ à la violence, mais un fragment de parabole (la parabole des mines), mettant en scène un autre personnage.

Je pense, surtout, qu’on ne peut pas passer sous silence la formidable disproportion existant entre le nombre de citations violentes ou intolérantes du Coran et le nombre de celles contenues dans le Nouveau Testament. Certes, le constat de cette disproportion ne permet peut-être pas de conclure à une violence foncière du Coran, texte sacré de l’Islam et source première de la légitimité des dires et faire des Musulmans, mais pour le moins, l’observateur qui se veut objectif - je pense que c’est ma disposition d’esprit - est extrêmement troublé.

Commençons donc la lecture. Dès la sourate II, on peut lire : Dieu a apposé un sceau sur leurs coeurs et sur leurs oreilles ; leurs yeux sont couverts d’un bandeau et le châtiment cruel les attend (2, 6) ; Un châtiment douloureux leur est réservé, parce qu’ils ont traité les prophètes de menteurs (2, 9) ; Redoutez le feu préparé pour les infidèles, le feu dont les hommes et les pierres seront l’aliment (2, 22)...

On dira que cette violence-là relève de la damnation divine et ne constitue pas un appel à la violence ici-bas. Mais il ne faut pas attendre longtemps pour voir exprimée cette autre forme. Ainsi : Tuez-les partout où vous les trouverez, et chassez-les d’où ils vous auront chassés. La tentation à l’idolâtrie est pire que le carnage à la guerre (2, 187) ; Combattez-les jusqu’à ce que vous n’ayez point à craindre la tentation, et que tout culte soit celui du Dieu unique (...) (2, 189), et de nouveau (...) La tentation à l’idolâtrie est pire que le carnage (...) (2, 214).

Peut-être la sourate suivante sera-t-elle plus favorable. En réalité, le trouble du lecteur s’accentue : Je punirai les infidèles d’un châtiment cruel dans ce monde et dans l’autre. Ils ne trouveront nulle part de secours (3, 49) ; Nous jetterons l’épouvante dans le coeur des idolâtres parce qu’ils ont associé à Dieu des divinités sans que Dieu leur ait donné aucun pouvoir à ce sujet (...) (3, 144). Peut-être la IVe sourate sera-t-elle plus clémente. On est vite déçu : Celui qui désobéira à Dieu et à l’Apôtre, et qui transgressera les lois de Dieu, sera précipité dans le feu où il restera éternellement, livré à un châtiment ignominieux (4, 18). Cet extrait de la même sourate n’est pas mal non plus : (...) S’ils retournaient à l’infidélité, saisissez-les et mettez-les à mort partout où vous les trouverez (...) (4, 91).

Sautons quelques sourates, la suite devrait s’améliorer ; même consternation : Les mois sacrés expirés, tuez les idolâtres partout où vous les trouverez, faites-les prisonniers, assiégez-les et guettez-les dans toute embuscade (9, 5) ; Combattez-les, afin que Dieu les châtie par vos mains et les couvre d’opprobre (9, 14). Peut-être les dernières sourates nous épargneront-ils cette violence.

Pas vraiment : Je vous annonce un feu qui bruit. Les réprouvés seuls y seront jetés, eux qui ont traité nos apôtres de menteurs et leur ont tourné le dos (92, 14-16) ; Les infidèles, parmi ceux qui ont reçu les Écritures, et les idolâtres, resteront éternellement dans le feu de la géhenne. Ils sont les plus pervers de tous les êtres créés (98, 5) ; Adresse ta prière au Seigneur, et immole-lui des victimes (108, 2)...

Les appels à la violence ou les imprécations ne sont pas, à l’évidence, des exemples isolés. Ils se comptent par dizaines, peut-être par centaines. Etant donné leur caractère extrêmement explicite, on voit mal quelle exégèse peut en être faite qui nous permettrait de comprendre autre chose que ce qu’en disent les mots. Bref, Robert Redeker a parlé, lui, de violence inouïe du Coran et il a été traité de menteur et de blasphémateur pour cela. Peut-être aurait-il dû donner quelques exemples...

Bertrand Jacques


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