Ian, Jan fut le grand Dieu, le Dieu des Dieux pour les peuples proto-historiques des rivages Nord de la Mer Méditerranée occidentale. Ainsi, son nom fut donné par des Ligures à de grands monts dominant les territoires de la Toscane aux Pyrénées et même Gibraltar (d’après des textes grecs), du Massif central à la Corse. Les Ligures sont attestés à partir de -2000 environ et auraient fait partie de la première vague indo-européenne ; il s’agit plus probablement d’un mélange entre envahisseurs indo-européens et populations autochtones.
L’origine de Janus paraît plus ancienne pour certains spécialistes, probablement en Orient comme les autres grandes figures surnaturelles. Parmi les couples divins, Ian va certainement de pair avec Iana (qui a donné Diane).
Le célèbre Johann Jakob Bachofen considère qu’il est antérieur au polythéisme, représentant "l’alpha et l’omega" de leur conception mythique du monde.
A l’époque, il s’agit surtout :
d’un Créateur, maître des origines et des fins
d’un maître de la végétation et des récoltes, de l’écoulement du temps et de l’espace
du gardien des Portes (Janitor = le portier), réelles (maison, ville fortifiée), symboliques (en particulier les deux solstices d’hiver et d’été) et religieuses ( clefs du ciel et des enfers)
Il est connu comme le Dieu bifrons (à deux têtes) :
une qui regarde vers le passé et en véhicule la mémoire, une qui regarde vers l’avenir et le prédit. Il est parfois représenté en Janus trifrons (à trois têtes, la troisième se préoccupant du présent).
une qui regarde vers l’Orient, l’autre vers l’Occident
Parmi tous les Dieux honorés par les humains, il présente deux caractéristiques très particulières : il est le Dieu des possibles et le dieu de l’ouverture. Il dispose de deux outils : la clef et le bâton du voyageur. Sur une porte, il est possible d’entrer ou de sortir...
D’après le mythe des origines de Rome, la nymphe Cardea vivait dans le bois sacré sur le futur emplacement de la ville. Après une péripétie sexuelle tumultueuse avec Janus, celle-ci lui donna le pouvoir des gonds et des portes, figurant le pouvoir d’ouvrir et de fermer. Elle lui remit aussi comme symbole de sa fonction, une branche d’aubépine en fleur ; rameau magique possédant le pouvoir d’écarter tout maléfice des ouvertures de la maison.
Aux débuts de la Rome antique, il joue encore un rôle central sous le nom de Januspater "Dieu le Père" et de démiurge des origines. Selon la mythologie romaine, lorsque Saturne fut chassé de l’Olympe par son fils Jupiter, il quitta la Grèce, vint en Italie, remonta le Tibre en bateau et aborda sur la rive droite du fleuve, à l’endroit où Rome devait plus tard s’élever. Là il fut accueilli par un roi du pays, Janus, qui occupait les hauteurs du Janicule (mont de Janus)
Le texte religieux archaïque latin appelé Chant des Saliens (Chant des Prêtres guerriers), définit ainsi Janus : la divinité en tête des dieux, le dieu de l’ouverture, le Créateur, le dieu chef de file, le Portier... « Celui qui crée toutes choses, et, en même temps, les gouverne, qui a uni, en les entourant du ciel, d’une part, l’essence et la nature de l’eau et de la terre pesante d’en bas, d’autre part, celles du feu et de l’air, corps léger et s’échappant vers l’immensité d’en haut : c’est la puissante force du ciel qui a uni ces deux forces contraires ».
A Rome :
Janus était le Dieu, entre autres, des populations aborigènes du Latium, les Ausones (tradition qui correspond très probablement à la réalité)
Janus est le dieu qui a conduit la ville au célèbre âge d’or célébré par Virgile. Aussi, durant les fêtes précédant le Januarius (du 7 au 22 décembre), les distinctions sociales sont sensées disparaître, les maîtres servant les esclaves et rappelant ainsi l’égalité des hommes pendant l’Âge d’Or.
sa fête ouvre le premier mois de l’année, Januarius, qui a donné Janvier.
il est la divinité particulière des vigoureuses corporations romaines d’artisans du bois et de la pierre, les Collegia Fabrorum dont les fêtes se situaient naturellement aux deux solstices d’été et d’hiver.
selon Macrobe, les deux têtes de Janus correspondraient aussi au masculin et au féminin symbolisés par Apollon et Diane dont le nom grec est Artémis.
Plusieurs traditions liées à Janus étaient particulièrement populaires lorsque le christianisme devint religion officielle de l’empire romain, particulièrement les solstices et le Jour de l’An. Aussi, l’Eglise les intégra dans son calendrier.
C’est à la date des deux solstices que furent placées les fêtes des deux saints Jean (l’évangéliste et le baptiste), et ce, de par l’analogie phonétique s’établissant entre les noms Janus et Johannes
La fête du Jour de l’An, était, elle, tellement incontournable qu’elle se maintint naturellement.
Sous Charlemagne, l’année du calendrier chrétien commençait encore à Noël, le 25 décembre. Du temps des rois capétiens, l’année débutait le jour de Pâques. Mais la tradition du Jour de l’An au 1er janvier correspondant à l’ancienne fête de Janus était tellement populaire, tellement logique ( date où l’on peut regarder vers le passé et vers l’avenir), tellement plaisante avec son rituel des étrennes qu’en 1622, la papauté fixa à nouveau le Jour de l’An au 1er janvier.
La dévotion de milieux populaires pour Janus dans le secteur de la Méditerranée occidentale était tellement forte que l’Eglise avait répété, lors de chaque concile, l’interdiction de suivre ses rites, et ce jusqu’au 11ème siècle.
Jacques Serieys
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