Alimenter l’Humanité, faire face à la crise écologique (forum national du Parti de Gauche ce 23 janvier 2010)

vendredi 15 janvier 2010.
 

La production agricole mondiale permettrait de nourrir l’ensemble de la population de la planète. Mais, un sixième de celle-ci souffre de la faim.

L’agriculture constitue la principale source d’activité de 2,5 milliards de personnes. Mais, partout, la paysannerie est en crise. La grande majorité des personnes ne satisfaisant pas leurs besoins fondamentaux sont des travailleurs de l’agriculture.

Les échanges entre pays ne concernent que 15 % de la production agricole. Mais, la libéralisation des échanges agricoles joue un rôle central dans la stratégie du capital d’une part, pour étendre son champ d’activité, d’autre part pour lutter contre la baisse tendancielle du taux de profit dans l’ensemble de l’économie, en comprimant vers le bas le prix des produits alimentaires et donc le coût de la force de travail. Il en résulte la mise en concurrence d’agricultures ayant d’énormes différences de productivité du travail, induisant des inégalités de revenus considérables. De plus, dans nombre de pays, une agriculture capitaliste est en concurrence directe avec la paysannerie, notamment pour l’accès à la terre.

Dans ce contexte, nombre de pays du Sud voient leur taux d’autosuffisance alimentaire fondre.

Dans le même temps, la combinaison du modèle d’agriculture intensive et la crise de la paysannerie se traduisent par la dégradation des écosystèmes, l’émission de gaz àeffets de serre et de multiples contaminations des Hommes et de l’environnement.

En Europe, la Politique Agricole Commune (PAC) menée depuis les années 60, basée sur des prix garantis a permis de moderniser de façon accélérée l’agriculture et d’atteindre l’autosuffisance alimentaire pour bon nombre de productions. Face à l’apparition d’excédents dans les années 70 et 80, l’Europe a mis en place des mécanismes de subvention des exportations et de maîtrise des productions.

Depuis 20 ans, les réformes de la PAC répondent àla logique de libéralisation des marchés agricoles mondiaux promue par les multinationales, les pouvoirs politiques, les institutions multilatérales.

Course à la productivité, concentration de la production, diminution de l’emploi, désertificationde territoires et détérioration de paysages se poursuivent. La situation économique est dramatique pour des milliers d’agriculteurs. Les inégalités de revenus persistent. Le modèle productiviste n’est pas remis en cause, malgré l’introduction d’exigences environnementales.

Le dumping sur les marchés mondiaux se poursuit d’une façon déguisée. Les importations d’oléagineux et d’agro-carburants favorisent, au Sud, une agriculture capitaliste d’exportation, aux dépens de la production alimentaire, de la paysannerie et de l’environnement.

Le modèle agricole actuel mène à une impasse susceptible de contribuer à une crise majeure de l’Humanité elle-même :

* d’une part, la satisfaction de l’ensemble des besoins alimentaires sera de plus en plus difficile, du fait de la croissance démographique, de l’évolution des modes de consommation et de la dégradation des écosystèmes cultivés, conséquence du réchauffement climatique, des modes de production et de la concurrence des agro-carburants.

* d’autre part, cette évolution accroîtra la crise sociale. Les premières victimes des effets conjugués de la libéralisation de l’agriculture, de la concurrence de l’agriculture capitaliste et de la crise écologique continueront à être les paysanneries. Au delà, la misère humaine et la crise sociale pourraient s’approfondir avec une poursuite de l’exode rural, un développement des migrations forcées et des conflits liés à l’accès aux ressources naturelles.

Pour le Parti de Gauche, doivent être menées au niveau mondial, européen et national des politiques répondant à l’intérêt général des générations actuelles et à venir, visant à :

* garantir le droit àune alimentation de qualitépour tous,

* permettre la viabilitééconomique et le développement humain des familles paysannes ; en France, assurer le renouvellement générationnel, favoriser l’installation d’agriculteurs,

* préserver et restaurer les écosystèmes dégradés,

* organiser la transition vers des modes de production et consommation économes en ressources non renouvelables.

Le Forum national, organisé par le Parti de Gauche, le 23 janvier 2010,vise à confronter le point de vue de spécialistes et acteurs du monde agricole, afin de contribuer à identifier les politiques agricoles qu’il faudrait de mener au niveau mondial, européen et national pour atteindre ces objectifs.

Déroulé de la matinée :

* 9h 30Accueil des participants

* 10h - 12h 30 : Quelles politiques agricoles, alimentaires et commerciales au niveau international ?

Intervenants :

* Jean-Christophe Kroll, Professeur d’économie agricole et alimentaire à Agrosup Dijon,

* Michel Merlet, Directeur d’ AGTER (Association pour Contribuer à Améliorer la Gouvernance de la Terre, de l’Eau et des Ressources naturelles),

* Patrick Sadones, paysan, responsable du Groupe de Travail Agrocarburants-Energie à la Confédération paysanne,

* Christian Vélot, Docteur en Biologie, Maître de conférences en Génétique Moléculaire à l’Université Paris-Sud

* Un(e) représentant de Via Campesina (à confirmer)

Déroulé de l’après-midi :

* 14h - 16h 30:Quelles politiques agricoles et commerciales au niveau européen et national ?

* 16h 30 - 17h : Conclusions du Forumpar Jean-Luc Mélenchon, président du Parti de Gauche

Intervenants :

* Marc Dufumier, professeur d’agriculture comparée et de développement agricole à AgroParisTech,

* Régis Hochart, secrétaire national de la Confédération Paysanne

* Un(e) représentant(e) du MODEF (Mouvement de défense des exploitants familiaux) (à confirmer),

* Cécile Dubart, co-présidente de Terre de liens Nord Pas de Calais et membre du bureau de Terre de liens national.

* Agnès Carlier, agricultrice travaillant pour une AMAP.


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