1. Tandis qu’à leurs oeuvres perverses
Les hommes courent haletants,
Mars, qui rit malgré les averses
Prépare en secret le printemps.
2. Pour les petites pâquerettes
Sournoisement, lorsque tout dort,
Il repasse les collerettes
Et cisèle des boutons d’or.
3. Dans le verger et dans la vigne,
Il s’en va, furtif perruquier,
Avec une houppe de cygne
Poudrer à frimas l’amandier.
4. Tout en composant des solfèges,
Qu’aux merles il siffle à mi-voix,
Il sème aux près les perce-neige
Et les violettes aux bois.
5. Sous l’herbe, pour que tu la cueilles,
Il met la fraise au teint vermeil,
Il te tresse un chapeau de feuilles
Pour te garantir du soleil.
6. Puis, lorsque sa besogne est faite,
Et que son règne va finir,
Au seuil d’Avril tournant la tête,
Il dit " Printemps, tu peux venir ! "
(Emaux et camées)
Sous les premiers soleils, comme une coupe pleine,
La verdure déborde au penchant des chemins.
Le printemps a jeté des roses dans la plaine ;
Ami, nous reviendrons des roses plein les mains.
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Aux beaux jours sont promis de plus beaux lendemains.
Dans l’azur transparent qu’attiédit son haleine,
Avril a réveillé l’abeille et le phalène :
On entend bourdonner alentour des jasmins.
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Ainsi, rien n’était mort ! Tout renaît, ô merveille !
Aux mondes d’autrefois le monde s’appareille :
Ami, reconnais-tu cette vieille chanson ?
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La chanson qui viendra, jamais la vaudra-t-elle ?...
Et dans l’air qu’emplissait l’espérance immortelle,
Monte le souvenir, comme une floraison !
Le grand cintre de l’arche encadre un clair tableau.
En attendant Avril et pour la bienvenue
Des fleurs, le ciel sourit et le froid s’atténue.
Au premier plan, la rive en pente douce, et l’eau.
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Peinte légèrement du bout d’un frais pinceau,
Profilant sur l’azur sa silhouette nue,
Une île, avec des airs de baigneuse ingénue,
Sort du fleuve, et les joncs lui font un frais berceau.
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Le froid soleil d’hiver, qui ne fait rien éclore,
Glisse sur les coteaux dans sa pourpre incolore,
Comme un hôte ennuyé prompt à gagner le seuil.
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Mais la tonnelle semble attendre sur la berge,
Et j’entends clairement pétiller dans l’auberge
La friture dorée et le vin d’Argenteuil.
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