Poèmes pour fêter le printemps

samedi 23 mars 2013.
 

1) Premiers signes du Printemps - (Théophile Gautier)

1. Tandis qu’à leurs oeuvres perverses

Les hommes courent haletants,

Mars, qui rit malgré les averses

Prépare en secret le printemps.

2. Pour les petites pâquerettes

Sournoisement, lorsque tout dort,

Il repasse les collerettes

Et cisèle des boutons d’or.

3. Dans le verger et dans la vigne,

Il s’en va, furtif perruquier,

Avec une houppe de cygne

Poudrer à frimas l’amandier.

4. Tout en composant des solfèges,

Qu’aux merles il siffle à mi-voix,

Il sème aux près les perce-neige

Et les violettes aux bois.

5. Sous l’herbe, pour que tu la cueilles,

Il met la fraise au teint vermeil,

Il te tresse un chapeau de feuilles

Pour te garantir du soleil.

6. Puis, lorsque sa besogne est faite,

Et que son règne va finir,

Au seuil d’Avril tournant la tête,

Il dit " Printemps, tu peux venir ! "

(Emaux et camées)

2) Le Renouveau Armand SYLVESTRE

Sous les premiers soleils, comme une coupe pleine,

La verdure déborde au penchant des chemins.

Le printemps a jeté des roses dans la plaine ;

Ami, nous reviendrons des roses plein les mains.

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Aux beaux jours sont promis de plus beaux lendemains.

Dans l’azur transparent qu’attiédit son haleine,

Avril a réveillé l’abeille et le phalène :

On entend bourdonner alentour des jasmins.

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Ainsi, rien n’était mort ! Tout renaît, ô merveille !

Aux mondes d’autrefois le monde s’appareille :

Ami, reconnais-tu cette vieille chanson ?

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La chanson qui viendra, jamais la vaudra-t-elle ?...

- Et dans l’air qu’emplissait l’espérance immortelle,

Monte le souvenir, comme une floraison !

3) L’ARCHE Albert MERAT

Le grand cintre de l’arche encadre un clair tableau.

En attendant Avril et pour la bienvenue

Des fleurs, le ciel sourit et le froid s’atténue.

Au premier plan, la rive en pente douce, et l’eau.

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Peinte légèrement du bout d’un frais pinceau,

Profilant sur l’azur sa silhouette nue,

Une île, avec des airs de baigneuse ingénue,

Sort du fleuve, et les joncs lui font un frais berceau.

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Le froid soleil d’hiver, qui ne fait rien éclore,

Glisse sur les coteaux dans sa pourpre incolore,

Comme un hôte ennuyé prompt à gagner le seuil.

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Mais la tonnelle semble attendre sur la berge,

Et j’entends clairement pétiller dans l’auberge

La friture dorée et le vin d’Argenteuil.


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