Cette association fondée en décembre 2009 a tenu ce 8 avril une première conférence de presse en présence notamment d’Henri Alleg et Alban Liechti.
Ci-dessous, leur manifeste, particulièrement intéressant à lire.
INTRODUCTION
Au cours des siècles passés, des millions d’hommes, sur tous les continents, furent soumis à l’oppression coloniale, ou à l’esclavage pur et simple dans le cadre de la traite négrière.
Dans la seconde moitié du XXe siècle, la plupart des peuples colonisés ont secoué le joug colonial et reconquis leur indépendance au terme de mouvements populaires et parfois de guerres longues et atroces... Les années 80 et 90 du siècle dernier ont vu la disparition des Etats socialistes européens. Après les attaques de septembre 2001 contre les symboles de la domination des Etats-Unis, on a assisté, sous couvert de « pacification », de « lutte contre le terrorisme et pour la démocratie » à la reconquête militaire de territoires qui n’ont pas accepté le contrôle imposé au monde entier au cours de la période néocoloniale qui a suivi les indépendances.
Le combat actuel des anticolonialistes doit s’adapter à cette nouvelle étape :
1) Lutte contre le révisionnisme historique, qui tente de présenter la colonisation ancienne comme un fait positif afin de mieux justifier les actuelles et futures opérations de reconquête.
2) Lutte pour la dissolution des armées coloniales, au premier chef celle de notre propre pays, que la politique du président Sarkozy transforme en force supplétive de celle des Etats-Unis, aussi bien en Afrique qu’en Afghanistan, au Proche-Orient, et bientôt dans la base d’Abu Dhabi qui reste à construire. L’exigence du retour en France de tous les soldats français qui composent cette armée coloniale est donc prioritaire pour tous les anticolonialistes.
3) Lutte pour soutenir les combats des peuples qui désirent retrouver leur souveraineté politique (Irak, Afghanistan, Palestine, Sahara occidental) ou économique (Venezuela, Bolivie, Equateur, Brésil). Ceci, quelle que soit la voie qu’ils auront choisie pour le faire.
4) Lutte pour organiser la solidarité internationaliste entre les peuples des pays dominants (qui souffrent des politiques d’austérité imposées dans le but, entre autres, de financer des opérations extérieures) et les peuples des pays dominés (qui subissent sur leur propre territoire des pressions militaires, économiques et culturelles insupportables de la part de l’impérialisme et de nouveaux exploiteurs autochtones), dans le but de combattre le racisme et de mettre un terme aux discriminations dont sont victimes les travailleurs immigrés.
5) Lutte pour instaurer de nouveaux rapports « d’assistance mutuelle » et « d’échange à égalité » avec les pays anciennement colonisés, dans le respect le plus strict de leur souveraineté nationale.
Il incombe à l’ACCA, association anticolonialiste française, d’alerter l’opinion sur les véritables raisons de la réintégration de la France dans le commandement intégré de l’OTAN. Cela ne saurait se résumer comme on le lit trop souvent à la seule personnalité du président Sarkozy.
L’accélération récente, depuis les années 90, de la mondialisation capitaliste, a précipité l’intégration forcée d’un certain nombre d’économies dans ce que l’on appelle « le marché libre », dominé par les Etats-Unis.
Pour les pays anciennement colonisés, les programmes d’ajustement structurel imposés par la banque Mondiale et le FMI ont fait l’essentiel de ce travail de restructuration des habitudes économiques locales. Dans le cas des pays développés, comme le nôtre, cette globalisation des objectifs économiques et des centres de décision s’est faite de la même manière par la désindustrialisation, la destruction des politiques sociales et le bouleversement général des équilibres économiques anciens. En accordant la priorité à la finance, la mondialisation a fait régresser le degré d’autonomie de tous les pays concernés par rapport à la puissance américaine.
Depuis les années 80, aucun des gouvernements de notre pays n’a tenté, même de manière timide, de retarder l’invasion financière étasunienne. C’est pourquoi en 2008 43 % des entreprises du CAC 40 sont sous le contrôle direct de grands fonds dont le siège se trouve outre-atlantique. C’est de cette manière qu’il faut analyser l’alignement total de la politique étrangère française sur celle de l’impérialisme depuis l’arrivée au pouvoir du président Sarkozy. Non seulement, désormais, le sentiment de solidarité des chefs d’entreprises français est de plus en plus grand à l’égard de la domination économique américaine, mais, en plus, les pressions émanant des cercles de décision des grandes firmes étasuniennes sont de plus en plus fortes sur tous les pays dont les intérêts économiques correspondent de plus en plus aux leurs.
L’ACCA, tout en préservant sa référence aux combats passés (Association des Combattants de la Cause Anticoloniale) se définit désormais résolument, dans son nom même, comme une organisation tournée vers les combats actuels et à venir : Agir Contre le Colonialisme Aujourd’hui.
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La colonisation, dans l’histoire moderne, des Grandes Découvertes jusqu’au début du XXIè siècle a connu quatre grandes phases, dont la dernière est encore en évolution : la période mercantiliste, du XVIè au début du XIXè. La phase impérialiste, de ce moment jusqu’au milieu du Xxè. L’étape néo-coloniale ensuite, des indépendances jusqu’au déclin de l’Union Soviétique au milieu des années 1980. Enfin, et parallèlement dans diverses régions, celle de la recolonisation appuyée par la force des armes, dans laquelle nous nous trouvons depuis cette période, jusqu’à aujourd’hui.
Une première étape mercantiliste, celle de l’invasion, de la conquête militaire et de l’implantation européennes sur l’ensemble du continent américain, au cours de laquelle les occupants envoyaient vers les métropoles des galions chargés d’or et de denrées rares cultivées par des esclaves (épices, cacao, café, sucre). Elle a permis une phénoménale accumulation de capital qui a donné à l’Europe une considérable avance sur le reste du monde. C’est là un fait historique indiscutable.
Ce fut l’occasion de la première mondialisation économique, qui a coïncidé, dès le XVIè siècle, avec les premières entreprises coloniales menées par l’Espagne et le Portugal. Puis le reste de l’Europe leur emboîta le pas : l’Angleterre, La France, la Hollande, partirent à leur tour à la conquête de nouvelles terres. La France, avec un peu de retard, prit cependant de solides positions en Amérique du nord et dans les Antilles.
L’invasion européenne a été immédiatement accompagnée par un crime de masse : l’exploitation sanguinaire de travailleurs dans les mines et dans l’agriculture a fait disparaître plusieurs dizaines de millions d’Amérindiens en deux générations. Au point qu’il fallut que les exploiteurs aillent se pourvoir en main d’oeuvre gratuite en Afrique : la traite négrière fut le second crime attribuable à la colonisation : au moins 15 millions d’ Africains furent réduits en esclavage. Près de 20 millions périrent au cours des captures et durant la traversée de l’ Océan.
Mais dès le début du XIXè siècle commence la deuxième étape historique, marquée par un changement radical de la colonisation classique, qui prend un caractère impérialiste : l’exploitation à grande échelle, de manière systématique et rationalisée, des ressources minières agricoles et forestières du monde entier, ainsi que la conversion forcée des économies dominées à des productions destinées à l’exportation vers les métropoles impériales ( Europe, Etats Unis, Japon) vont permettre un essor industriel que la phase précédente de simple accumulation du capital n’avait pu assurer.
L’ Angleterre, qui se trouve à la pointe du développement du capitalisme, prône le « libéralisme économique », qu’elle va chercher à imposer grâce à sa supériorité maritime et commerciale, tournant le dos aux anciennes formules purement mercantilistes et esclavagistes de l’exploitation coloniale.
Cette fois, pays européens, Japon et Etats-Unis vont conquérir puis se partager le monde, tandis que la Russie, s’étend vers l’est, Asie Centrale et Sibérie, conquiert l’Alaska, prenant ainsi pied sur le continent américain.
Marchés réservés, délimitation des zones d’influence, les empires se tolèrent mutuellement, occupés qu’ils sont à piller les territoires conquis en Afrique, en Asie, en Australie et dans le Pacifique. Cette prétendue « mise en valeur civilisatrice » s’accompagne en fait d’un surcroît de racisme à l’égard des « indigènes », considérés comme des êtres de rang inférieur.
Le développement spectaculaire de l’industrie des pays impérialistes est à attribuer en très grande partie aux bénéfices accumulés grâce à l’apport des matières premières extorquées, de la main d’oeuvre réduite à la corvée, des marchandises et objets précieux tout simplement volés.
La compétition entre puissances prédatrices bat son plein, mais elle n’empêche pas l’entente : la Conférence de Berlin au cours de laquelle l’Europe se partage le continent africain, permet des 1884 de réguler les flux et d’organiser les pratiques, tout en définissant les règles de partage des territoires conquis. L’Afrique, puis l’Asie sont alors découpées comme au ciseau ; on trace les frontières à la règle, sans tenir compte des réalités locales.
Au début du XXè siècle, aucun pays du monde n’échappe à la tutelle de l’une ou l’autre des puissances impériales.
La troisième phase de la colonisation est caractérisée par l’apparition d’un nouveau système d’exploitation et de pillage, le néo-colonialisme, mis en place après l’accession des pays anciennement colonisés à l’indépendance.
Car des rebellions armées ainsi que de puissants mouvements de masse, parfois assez bien organisées pour provoquer le départ des colonisateurs, ayant déclenché, à partir du milieu du XXè siècle, des guerres de libération aboutissant à l’indépendance de quelques pays, le danger d’une généralisation des conflits coloniaux contraignit les puissances impériales à accorder l’indépendance à la plupart des pays colonisés. L’Angleterre évacua l’inde et le Pakistan en 1947, le Japon et les pays occidentaux perdirent leurs possessions en Chine entre 1945 et 1949. L’Indonésie fut libérée dans le courant des années 1950 de l’occupation hollandaise. La France accorda l’indépendance à l’Afrique noire puis au Maghreb entre 1956 et 1962. Les Etats-Unis perdirent leur contrôle sur Cuba en 1959. La Belgique évacua le Congo en 1960. Espagnols et Portugais quittèrent leurs dernières colonies dans le courant des années 1970.
L’exploitation néo-coloniale est caractérisée par une fausse coopération technique provoquant une forte dépendance économique, organisée dans le but de diriger les flux financiers vers les anciennes métropoles. A cela il faut ajouter les « programmes d’ajustement structurel » de la Banque Mondiale et du FMI, qui ont réintégré de force dans le « marché libre »des économies fragilisées par la dette. On notera l’exception de Cuba, qui est parvenue, par une résistance acharnée et exemplaire, et en dépit du handicap que constitua pour elle la perte de l’aide que lui accordèrent longtemps l’Union Soviétique et divers pays socialistes à tenir tête aux Etats-Unis, malgré un embargo particulièrement sévère.
Mais dans la plupart des cas des accords de coopération militaires permettent à l’ancien colonisateur d’installer sur place des corps expéditionnaires et des bases permanentes. Un très grand nombre d’opérations, extrêmement meurtrières pour les populations, vont être menées au cours de cette période néo-coloniale, afin de mettre un terme par la violence à toute velléité de résistance populaire locale à ce pillage organisé.
C’est au milieu des années 1980 que commence la recolonisation militaire des pays qui osent s’opposer aux menées du front impérialiste dirigé par les Etats-Unis ; elle coïncide avec le déclin puis l’effondrement de l’Union Soviétique. Les Etats-Unis, vainqueurs de la Guerre froide, se lancent dans une série d’opérations de reconquête destinées à assurer le maintien de leur contrôle sur les voies de transport, les sources d’énergie et les matières premières. De manière réitérée, sous couvert de « défense de la démocratie » ou de « lutte contre le terrorisme », les Etats Unis vont mener plusieurs actions militaires d’envergure (seul ou avec des troupes alliées, avec ou sans le soutien de l’ONU), pour pouvoir s’implanter durablement dans les territoires envahis.
Ainsi, lorsque l’Angola se libère du colonialisme portugais, le principal mouvement indépendantiste doit faire face à l’agression de l’Afrique du Sud qui avec le Zaïre et les Etats-Unis tentent de faire main basse sur le pays et ses richesses.
L’intervention militaire cubaine mit un terme aux prétentions de Prétoria défait sur le terrain. Elle contribua largement, comme l’a souligné Nelson MANDELA à plusieurs reprises, à hâter la chute de l’apartheid et à l’indépendance de pays voisins. Elle fut l’oeuvre d’une armée et d’un pays qui n’ont rapporté d’Afrique que leurs morts.
Les caractéristiques du processus colonial, tel qu’on le connaît depuis 1492, sont encore présentes dans le phénomène actuel de la recolonisation, même si pour des raisons géopolitiques et du fait de la résistance populaire, les formes peuvent en paraître atténuées : invasion violente, puis occupation militaire prolongée, politique de terreur, exactions contre les peuples occupés sous le prétexte de « pacification » ; mainmise économique et tutelle politique ensuite, avec organisation du transfert de richesses vers les métropoles impérialistes ; installation au pouvoir d’une bourgeoisie collaboratrice coordonnant le pillage économique et la répression politique aussi bien pour son propre compte que pour celui de l’impérialisme, ce qui va de pair avec l’agression culturelle, et l’imposition des modèles occidentaux culturels et philosophiques.
L’Etat français prétend aujourd’hui avoir opéré la décolonisation de tous les territoires occupés jusqu’en 1962. De ce fait, beaucoup de nos concitoyens considèrent le phénomène colonial comme appartenant au passé. On assiste pourtant à une offensive de la droite (que la gauche traditionnelle n’a contré qu’avec mollesse), qui montre une volonté certaine de réhabiliter l’action colonisatrice de la France : une certaine forme de révisionnisme historique tente de remettre au goût du jour, avec la loi de février 2005, l’idée fallacieuse d’une « action positive de la colonisation ».
1- Les exactions de la colonisation française
Et pourtant, la violence, l’injustice et l’exploitation sont inscrites dans l’histoire mondiale de la colonisation depuis ses débuts. La France ne fait pas exception. Aussi bien en Louisiane que dans les Antilles, puis à la Réunion, la France a eu recours à la traite négrière pour exploiter les ressources agricoles de ses possessions d’outre-mer. Ce crime ignoble, qui a enrichi bien des négriers et des planteurs, a battu son plein pendant trois siècles. Ensuite, dans la période suivante, une fois l’Afrique occidentale, le Maghreb et l’Indochine conquis au XIXè siècle, la spoliation des peuples au profit de la métropole a été rendue possible par l’organisation dans l’Afrique colonisée d’une tutelle administrative et politique stricte. Celle-ci retira tout droit réel aux premiers habitants, réduits à l’état de sujets. Ce statut inférieur de « l’indigénat », particulièrement rigoureux et injuste, punissait avec la plus grande sévérité la simple désobéissance et toutes les formes de résistance. Violences corporelles, travail forcé, déplacements de population, dépossession, destruction de langues et de cultures locales au profit d’une assimilation contrainte, le bilan moral de la colonisation, d’un simple point de vue humaniste, est absolument catastrophique. Au crime initial de l’asservissement et de la conquête par la force s’est ajouté celui d’ une occupation militaire féroce et prolongée.
2. Les mensonges de la propagande colonialiste
Après la seconde guerre mondiale, quelques concessions furent accordées aux peuples colonisés, comme la suppression du statut de l’indigénat et du travail forcé. Mais les révoltes s’accumulant dans tout l’Empire, la répression s’abattit avec une sauvagerie meurtrière, qui fit des dizaines de milliers de victimes civiles, aussi bien dans le Constantinois en 1945 qu’à Madagascar en 1947, en Côte d’ Ivoire en 1949, en Tunisie et au Maroc en 1951 et 1954, au Cameroun entre 1954 et 1960. En Indochine et en Algérie, les insurrections ne purent être matées et devinrent des guerres coloniales. Sous la conduite de Ho Chi Minh et de Giap, le peuple indochinois en armes imposa en 1954 le départ des troupes françaises. Vietnamiens, laotiens et cambodgiens eurent ensuite à chasser le corps expéditionnaire dirigé par les Etats-Unis.
En Algérie, l’insurrection commencée en 1954 s’acheva en 1962 par l’indépendance, au terme d’une longue guerre cruelle et meurtrière. Aussi bien en Indochine qu’en Algérie, le nombre exact des victimes ne peut être évalué avec précision.
Tous ces massacres sont mal connus. Les historiens doivent pouvoir obtenir le libre accès aux archives politiques et militaires concernant ces crimes de masse, car ces informations capitales doivent entrer dans le bilan humain de la colonisation, que certains propagandistes tentent actuellement de présenter comme une action « positive et civilisatrice ».
Cette vision idéalisée de l’occupation coloniale que la droite et l’extrême droite française tentent d’accréditer au travers de la loi de février 2005 n’est fondée que sur des mensonges. Ainsi, par exemple, la scolarisation primaire n’a jamais concerné plus de 5% des enfants noirs de l’Afrique Occidentale Française. En Algérie, après cent ans d’occupation, en 1940, seuls 114 000 enfants autochtones (pour une population totale de sept millions de personnes) bénéficiaient d’un enseignement primaire. Quant à la soi-disant action sanitaire, elle n’a jamais atteint les campagnes. L’infrastructure ferroviaire et routière, conçue seulement pour acheminer aisément vers les ports les matières premières et le produit des récoltes, n’a jamais profité aux peuples colonisés, relégués sur les sentiers, marchant sur le talus des routes stratégiques de la colonisation.
Après avoir accordé, parfois à la suite de conflits longs et coûteux, leur indépendance politique aux anciennes colonies, toutes les anciennes puissances coloniales mirent en place un système d’exploitation et de pillage d’un type nouveau : le néo-colonialisme : tutelle politique, grâce à des pressions et des chantages incessants, tutelle économique avec la complicité de bourgeoisies locales, plus intéressées à s’enrichir qu’à défendre les chances de développement de leur peuple ; mais aussi tutelle militaire, assurée par le maintien sur place de corps expéditionnaires agressifs et menaçants.
1. FMI et Banque Mondiale, organisateurs de la dépendance
Par ailleurs, tout ayant été fait pour que les différentes nations, souvent divisées par des frontières artificielles et fantaisistes, entrent en conflit, l’ancien colonisateur se plaça en arbitre et en profita pour mener une politique de réimplantation militaire lourde de conséquences au plan local.
Sous couvert d’assistance militaire, on fit la chasse aux opposants des dictateurs « amis », sous couvert de coopération technique, on rationalisa l’exploitation des marchés exclusifs du « pré carré ». Quant à l’aide financière, elle aboutit à un endettement dont les pays nouvellement indépendants ne purent jamais sortir : en tentant tout d’abord de rembourser en nature, avec des matières premières, les anciennes colonies se sont appauvries, ont désorganisé leur production locale. Le marasme général a ensuite jeté des millions de travailleurs sans emploi sur le cruel chemin de l’émigration vers l’ancienne métropole. La France, l’Angleterre, le Portugal et les Pays-Bas ont tous connu ce phénomène. Car les politiques agressives imposées par le FMI et la banque mondiale ont pris le relais de l’exploitation ancienne. Dans le courant des années 80 et 90, les programmes « d’ajustement structurel » ont contraint la plupart des pays décolonisés à privatiser les services publics, à vendre à l’encan d’immenses zones fertiles, à livrer clés en main à la finance internationale usines et exploitations minières ou forestières.
Malgré les bouleversements douloureux que cette réorientation économique a imposé aux peuples des anciennes colonies, il n’a pas été possible de rembourser les dettes accumulées au cours des trente premières années de la décolonisation, du fait du rééchelonnement permanent des paiements.
La réalité est donc terriblement sombre et absolument négative en deux sens : au plan économique, les flux de matières premières exportées (monoculture de cacao, d’arachide, minerais, pétrole et gaz) ajoutés aux flux financiers du remboursement de la dette, correspondent à un pillage encore plus important que celui qui avait lieu dans le cadre de l’ancien système colonial. Au plan politique, le bilan est pire encore : l’indépendance n’existe bien souvent que sur le papier. Derrière les discours et les déclarations, il n’y a que des dictateurs et des politiciens corrompus ou timorés qui se contentent de mener dans leur pays une politique élaborée à Paris, à Londres, à Washington ou dans d’autres anciennes capitales coloniales.
Ni les Algériens, Malgaches, Ivoiriens, Sénégalais, Tchadiens, ni la plupart des autres peuples qui sont parvenus à se débarrasser de l’ancien pouvoir colonial ne se sentent encore réellement indépendants. D’une certaine manière, la décolonisation a sauvé les empires. Car l’impérialisme français est toujours présent sur les anciennes terres colonisées dont il a tout fait pour réduire au maximum les indépendances. L’Angleterre continue de dominer le Commonwealth, tout comme les Etats-Unis contrôlent encore plus de la moitié du monde.
2. Quarante-cinq ans d’ingérence militaire française en Afrique
La France est intervenue militairement vingt-sept fois en quarante-cinq ans sur les territoires de pays d’Afrique officiellement indépendants. Cela revient à une opération militaire tout les vingt mois environ, sans compter le fait que la présence de l’armée française est par endroit prolongée ou permanente. L’essentiel de l’ingérence en Afrique depuis 1962 se résume à trois types d’interventions armées : des opérations de répression et de maintien de l’ordre destinées à rétablir ou à renforcer les régimes qui collaborent avec l’ancien colonisateur ; des opérations de sauvetage et d’évacuation de personnels militaires ou de civils menacés par des troubles sur place ; enfin, l’interposition entre des pays en guerre ou des forces engagées dans des conflits internes à ces pays.
Aucune de ces opérations ne se fait pacifiquement ; un grand nombre d’Africains ont été tués au cours de ces combats, des dizaines de milliers sans doute sans qu’il soit possible d’avancer des chiffres précis. A cela il faut ajouter le travail des services secrets français, et de l’espionnage militaire qui ont renseigné les dictateurs « amis » sur l’activité de leurs opposants.
Il y a dans le vocabulaire qu’utilisent les militaires français pour donner un nom de code à leurs opérations une recherche de termes « poétiques » destinés à camoufler la réalité des actions meurtrières menées contre les populations africaines. Parfois ils font appel à leur connaissance en zoologie : « Lamentin » (Mauritanie, 1977), « Barracuda » (Centre Afrique, 1979), « Tacaud », « Manta », « Epervier » (Tchad, 1978, 1983 et 1986) ; « Pélican », « Antilope » (Congo-Brazzaville, 1997), « Licorne » (Côte d’Ivoire, 2002). Parfois encore c’est à la botanique qu’ils empruntent leurs dénominations : « Azalée » (Comores, 1995), « Amaryllis » (Rwanda, 1994). Ils peuvent encore choisir des pierres précieuses : « Turquoise » (Rwanda, 1994), « Malachite » (Congo, 1998) ; parfois c’est un vent : « Noroît » (Rwanda, 1990 à 1993) ou une déesse grecque : « Artémis » (République Démocratique du Congo, 2003).
Mais un certain nombre d’actions armées d’envergure n’ont pas reçu de nom de code : ainsi les opérations au Sénégal en 1962, au Gabon en 1964 et 1990, au Tchad entre 1968 et 1972 qui prirent pourtant le caractère d’une véritable guerre), au Zaïre en 1978 et 1991, au Togo en 1986, en Centre Afrique en 1997.
La période néocoloniale postérieure aux indépendances politiques a donc été marquée par la mise en place de pouvoirs corrompus et dictatoriaux favorables à l’ancienne métropole. En contrepartie de cet appui militaire, les pouvoirs locaux ont accepté la vassalité politique (à l’ONU, par exemple, en appuyant systématiquement les positions françaises) mais aussi la dépendance économique à l’égard des menées des grandes entreprises de l’ancien colonisateur : ELF, TOTAL, RENAULT, et bien d’autres. Cette assistance militaire a été violente et répétée depuis 1960. A l’heure actuelle, encore vingt-trois pays d’Afrique sont liés à la France par des accords de coopération militaire. Huit d’entre eux ont même signé des accords de défense.
L’histoire de ces quarante-cinq ans d’ingérence criminelle, l’évaluation des dizaines de milliers de victimes africaines (la France reconnaissant avoir perdu 613 soldats au cours de cette longue période), tout comme celle des immenses profits accumulés par le capitalisme français et les dictateurs « amis » restent à faire. Cet aspect des choses ne peut être sérieusement laissé de côté pour quiconque prétend effectuer un bilan général de l’action post-coloniale de la France, surtout s’il prétend en décrire les « aspects positifs » !
Depuis le début des années 1980 une nouvelle étape historique du processus colonial a commencé. On assiste au retour de l’action militaire directe, sous l’impulsion de l’impérialisme américain. Ce phénomène a été rendu possible par l’affaiblissement puis l’effondrement de l’Union Soviétique et d’autres pays socialistes.
Ainsi l’attaque de Panama, l’invasion de la Somalie, le bombardement de la Serbie, les opérations militaires en territoire afghan, puis la conquête par les armes du territoire irakien et son occupation prolongée montrent que les agressions militaires se sont multipliées depuis une vingtaine d’années.
Ces agissements du front mené par les Etats-Unis ne peuvent être interprétés autrement que pour ce qu’ils sont : des opérations militaires de reconquête et d’implantation destinées à préserver une maîtrise totale sur les réserves d’énergie. De ce point de vue, le seul pays encore hors de contrôle étant l’Iran, on peut observer que dix bases militaires stratégiques l’encerclent désormais presque totalement : aucune ville importante iranienne n’est située à plus de quatre cents kilomètres d’une base de missiles hostile. Il ne manque plus que se construise la base française d’Abu Dhabi, prévue en 2011, pour que le verrouillage total soit opéré, ouvrant la possibilité d’une nouvelle aventure militaire à l’issue de laquelle les puissances alliées pourraient faire main basse sur les immenses réserves des champs pétrolifères iraniens ainsi que les installations de raffinage des ports du Golfe persique.
1. Le credo pro-colonial du révisionnisme historique
Ce processus de recolonisation militaire a besoin d’une idéologie pour se légitimer, en construisant une manipulation de l’histoire de la colonisation passée, dans le but de justifier par avance la recolonisation actuelle et à venir.
Cette idéologie, qui a pris concrètement en France la forme de la loi du 23 février 2005, on peut l’appeler « révisionnisme historique ». Justifier les entreprises des anciens colonialismes pour faire la promotion de la recolonisation par les armes ne peut se faire qu’au prix de l’énonciation de grossières contrevérités et de clichés usés. L’ensemble de cette piètre construction théorique élaborée par des historiens et des économistes acquis, même s’ils s’en défendent, à l’idéologie coloniale, tient sur trois notions : libération, modernisation, intégration.
a) Selon ces thèses, on aurait donc colonisé dans le passé (et dans l’avenir, on recolonisera) pour le bien des populations envahies : c’est pour les libérer que l’on administre le pays à leur place ! Ainsi, par exemple, les Européens ont envahi au XIXe siècle la totalité du continent africain sous le prétexte officiel d’y abolir l’esclavage et d’y faire régner la liberté ! C’est donc pour mettre fin à la traite interne, à la barbarie des potentats locaux, que le continent entier a été officiellement asservi. Voilà qui est plutôt cocasse surtout si l’on considère qu’au cours des deux siècles précédents la traite négrière avait précisément été suscitée puis organisée au seul bénéfice de ces mêmes puissances européennes qui ont prétendu ensuite y mettre un terme par les armes.
On remarquera au passage que c’est tout aussi officiellement pour libérer les Irakiens de la dictature de Saddam Hussein et les femmes afghanes de l’oppression talibane que ces deux pays ont été reconquis militairement…
b) Deuxième justification du fait colonial : la modernisation, prétendument synonyme de progrès et de civilisation. Ce serait pour aider les peuples conquis ou reconquis à mettre en valeur leur pays qu’on les a colonisés dans le passé ou qu’on les recolonisera dans l’avenir. Ainsi ils pourront extraire les richesses de leur sol, apprendre à produire plus rationnellement, profiter du progrès technique apporté par les envahisseurs, ainsi que des connaissances que ceux-ci prétendent leur apporter. Cette fable ancienne de l’impact positif de la colonisation a été au cœur du credo du colonialisme au XIXe siècle dans le monde entier. On en connaît les suites au XXe : pillage systématique des richesses du pays, exploitation forcenée de ses populations, sous-développement, endettement, exportation de ses forces vives sous forme de main-d’œuvre émigrée.
La chanson est la même aujourd’hui en Irak, en Afghanistan : les discours des conquérants de 1880 sont interchangeables avec ceux des années 2000.
c) Enfin, le bouquet final : la promesse d’intégration. Une fois acquis le bénéfice politique de la « libération », ainsi que celui de la « modernisation », l’occupant promet l’accession à une égalité totale par « l’intégration dans le marché libre ». Par exemple, la puissance britannique promettait cette égalité dans le cadre du Commonwealth, la France dans celle du « pré carré » africain. Il est significatif de voir que là encore, c’est en travestissant la réalité historique des formes antérieures de la colonisation que l’on cherche à en légitimer les manifestations actuelles. Un jour peut-être, donc, suprême récompense, la Serbie, l’Irak, l’Afghanistan intégreront le « marché libre » dominé par les Etats-Unis… Toutes les idéologies colonialistes anciennes ont théorisé à leur manière le modèle « libération, modernisation, intégration ». L’objectif idéologique du révisionnisme historique est aujourd’hui d’accompagner avec les mêmes principes le processus de recolonisation qui est en cours et que l’on appelle plus couramment « intégration dans le marché libre » ou « mondialisation ».
Il incombe à l’ACCA, association anti-colonialiste, de contester la validité historique de ce révisionnisme en le combattant et en le démasquant partout où il se manifeste. Car à aucun moment, ni dans son projet, ni dans sa réalisation, aucune colonisation n’a présenté d’ « aspect positif », sauf bien entendu pour les auteurs des rapines et des crimes coloniaux, en tous points et en tous lieux condamnables.
2. La réintégration de la puissance militaire française dans le dispositif impérialiste
Cette offensive pro-coloniale de l’extrême droite française, nostalgique et revancharde, coïncide avec le retour au premier plan du candidat puis du président Nicolas Sarkozy. Son élection marque une étape nouvelle, celle de l’alignement complet de la politique extérieure de la France sur celle des Etats-Unis : une véritable instrumentalisation de la capacité d’intervention militaire française est en train de s’établir. L’ancienne et relative autonomie d’action dont faisaient preuve les gouvernements français depuis 1960 (date à laquelle le général De Gaulle fit sortir la France du commandement intégré de l’OTAN) laisse place à une franche et officielle réintégration dans l’appareil militaire d’agression dirigé par les Etats-Unis d’Amérique. Amorcée avec la participation française à l’attaque contre la Serbie, après celle de la première guerre du Golfe en 1991, renforcée sous Chirac avec l’intégration des forces françaises dans la réplique militaire de 2001 contre l’Afghanistan, cette collaboration semblait avoir reçu un coup d’arrêt au moment du veto français contre la seconde invasion de l’Irak en 2003.
Mais le « virage Sarkozy », amorcé dès 2007, officialise la vassalisation de l’armée coloniale française. Désormais, elle ira là où les Etats-Unis lui demandent d’aller, précisément dans les zones où l’armée américaine redoute désormais de se rendre : au Liban face au Hezbollah et à la Syrie, au Tchad face au Soudan. Enfin, dernier signe de la participation française à des menées coloniales de reconquête, une très grande base militaire doit être construite face à l’Iran, assurant dès 2011 l’encerclement stratégique de ce pays. De la Turquie au nord, puis à l’Irak à l’ouest, en Arabie Saoudite au sud-ouest puis au Pakistan, à l’Afghanistan et au Turkménistan à l’est et au nord-est, la tenaille impérialiste ne demande qu’à se refermer grâce à cette base française d’Abu Dhabi prévue pour accueillir de 10 000 à 15 000 hommes. A elle seule, elle représente une force militaire projetée égale à l’ensemble du corps expéditionnaire actuellement présent en Afrique. Financièrement elle constituera un effort colossal et un poids insupportable pour l’équilibre budgétaire de notre pays, avec des dépenses prévues jusqu’à la hauteur de 15 milliards d’euros.
Avec un budget militaire de 37 milliards d’euros en 2008, la France est le cinquième pays du monde après le groupe USA, Chine, Russie, Angleterre, pour ce qui est des dépenses militaires. On ignore le coût réel des vingt mille soldats français actuellement placés en alternance sur les théâtres d’opérations extérieures, pour un corps expéditionnaire permanent de 12 000 à 15 000 hommes. La base d’Abu Dhabi à elle seule aurait un coût de construction de 10 milliards d’euros auxquels il faudrait ajouter une autre dizaine de milliards pour entretenir sur place plus de 10 000 soldats. Ceci dans un moment ou la droite au pouvoir impose des sacrifices et des efforts considérables au pays en organisant le recul des services publics et de l’investissement public en général.
3. La riposte nécessaire des anticolonialistes : dissolution de l’armée coloniale
Avec la réintégration des forces militaires françaises dans le dispositif américain de reconquête, les missions de l’armée française se sont profondément modifiées depuis 2007 : on est passé du simple maintien de l’ordre dans la zone d’influence exclusive de la France en Afrique (le fameux « pré carré ») à l’action militaire comme force supplétive à l’intérieur d’un front impérialiste global.
La riposte s’impose : aucune guerre coloniale ne peut se mener sans troupes coloniales. Nous demandons donc la dissolution de cette armée. Toutes les bases militaires françaises installées à l’étranger doivent être évacuées et démantelées. Le matériel doit être démonté et rapatrié, les installations doivent être rendues inoffensives, les personnels doivent tous rentrer en France. Aucun pouvoir politique local ne doit hériter de ces bases. Quant à celle d’Abu Dhabi dont la construction peut provoquer une guerre en refermant le dispositif hostile encerclant l’Iran, elle ne doit pas être mise en chantier.
Afin de priver les forces qui y ont intérêt de la capacité de mener ces guerres de reconquête, il faut leur retirer la possibilité d’utiliser l’armée française, dont la mission doit être strictement limitée à la défense du territoire national sur le territoire national, et non à aller mener des opérations aventuristes qui iront à l’échec du fait de la résistance acharnée des peuples des pays envahis.
La récente crise bancaire qui frappe le capitalisme financier et industriel montre sans doute la fragilité du système, et ses limites apparaissent clairement : fondé sur des relations de domination, il a aussi besoin de confiance en lui-même. L’échec de la guerre d’Irak et d’Afghanistan, la montée en puissance d’une vague progressiste en Amérique Latine, la persistance de l’héroïque résistance palestinienne à l’occupation, comme l’ont encore illustré avec force la lutte menée contre l’agression israëlienne dans le zone de Gaza, l’émergence de la Chine et le retour en force sur la scène politique internationale de la Russie, autant de signes qui laissent prévoir un fléchissement du dispositif impérialiste, qui chancelle aussi bien au plan militaire qu’au cœur même de Wall Street et des autres places financières internationales.
1. L’échec militaire en Irak et en Afghanistan
Trois mille soldats américains tués en cinq ans, une dizaine de milliers de blessés et de mutilés, c’est beaucoup plus que prévu pour un résultat médiocre. La société irakienne rejette quasi unanimement la présence militaire des Alliés. On est très loin de la liesse populaire que les envahisseurs pensaient rencontrer en 2003. Chômage, corruption, enlèvements, attentats interconfessionnels, répliques aveugles de l’armée d’occupation constituent le visage sanglant d’une opération qui échoue sur l’essentiel de sa mission officielle : l’éveil démocratique et le redémarrage économique. Même les puits de pétrole et les raffineries ne peuvent être exploités convenablement et tournent au ralenti. En Irak, l’impérialisme est défait par une résistance populaire massive et organisée.
En Afghanistan, la situation est comparable : le même bourbier engloutit aujourd’hui l’énergie de l’Alliance et de l’OTAN. La fatigue du corps expéditionnaire est telle que la France a été rappelée en renfort, montrant une inexpérience et une méconnaissance meurtrière, le même mépris colonialiste pour les aspirations du peuple afghan. En privé et même parfois en public, les généraux de l’OTAN affirment que la guerre contre la résistance afghane ne peut être gagnée.
Le danger est peut-être ailleurs : le président Obama n’a pas caché son intention de redéployer vers l’Afghanistan une grande partie des troupes qu’il dit vouloir retirer d’Irak. Rien de bon pour la paix du monde.
2. L’Amérique Latine vire à gauche
Depuis quelques années la plupart des peuples d’Amérique Latine ont mis au pouvoir des gouvernements qui appliquent une politique d’émancipation à l’égard de la tutelle des Etats-Unis. Une certaine forme de coordination se fait jour, dans un esprit de solidarité internationaliste, pour tenter d’appliquer des projets de développement autonome. La lutte anticoloniale se traduit par la récupération des sources d’énergie et de matières premières, malgré les efforts concertés des multinationales qui cherchent avec l’appui des Etats-Unis à susciter des troubles armés. Mais ni le Brésil ni le Venezuela ni la Bolivie, pas plus que Cuba, ne sont décidés à reculer.
La fondation de l’ALBA (Alternative Bolivarienne pour les Amériques) montre que le modèle colonial et néocolonial a du plomb dans l’aile en Amérique Latine. D’autres pays semblent tentés par l’expérience. Mais, ici aussi, l’empire contre-attaque : il réactive la Ivème flotte, soutient le coup d’état au Honduras, s’offre sept nouvelles bases militaires en Colombie, s’implique à fond dans la déstabilisation de la région tout en présentant un visage plus avenant.
3. La détermination sans faille des Palestiniens à construire un Etat indépendant
2008 est l’année qui voit les palestiniens commémorer le soixantième anniversaire de la « Nakba » (la « catastrophe »). En 1948, en effet, 800 000 habitants arabes de la Palestine ont étés chassés par la politique d’épuration ethnique appliquée par les sionistes conquérants : villages rasés ou affublés d’un nom hébreu, populations déplacées qui ont fui dans les états arabes voisins. Après la conquête de territoires supplémentaires en 1967 autour de Jérusalem, en Cisjordanie, dans le Golan et à Gaza, des colons israéliens se sont installés durablement dans de petits îlots de prospérité arrachés à la terre palestinienne.
La situation actuelle, malgré le retrait d’Israël de quelques grandes villes, demeure inchangée quant au fond. L’injustice coloniale persiste, l’occupation l’amplifie par endroits car de conférence en plan de paix, le territoire accordé à l’Autorité palestinienne a été lentement grignoté par des enclaves appelées « colonies », reliées entre elles par des routes dites « stratégiques » infranchissables aux Palestiniens.
La construction du mur « antiterroriste » sépare la Palestine dépendant d’Israël de la Palestine arabe au mépris du droit, des traités et de la géographie elle-même, tandis que par ailleurs persistent les « check points », et que se multiplient les implantations sauvages de colons israéliens extrémistes... Gaza quant à elle, étouffe, encerclée, comme une gigantesque prison à ciel ouvert.
Et pourtant le peuple palestinien survit en dépit des bombardements, des destructions, des deuils, et la résistance armée demeure active. La population, malgré les dangers auxquels elle est quotidiennement exposée et toutes les difficultés liées à une occupation prolongée, continue de croire en l’avenir.
Cet entêtement est le gage d’une réussite future et certainement un échec cuisant pour l’impérialisme des Etats-Unis et le colonialisme israélien. Ni vaincus ni convaincus, les Palestiniens continuent de camper sur leur imprescriptible volonté d’indépendance nationale. Quant au véritable intérêt du peuple israélien, il n’est pas dans la poursuite d’une politique de terreur et de spoliation à l’égard des Palestiniens mais dans l’instauration d’une paix véritable , seule condition de possibilité à la fois de l’existence d’Israël et du développement d’une Palestine indépendante.
4. L’émergence de puissances nouvelles
Le krach de 2008 marquant la fin de la suprématie financière absolue des Etats-Unis, un certain nombre de puissances émergentes, riches en devises du fait de leur commerce extérieur fortement excédentaire, semblent se placer en successeurs désignés de l’ancienne superpuissance. Il ne fait aucun doute que la Chine, l’Inde, les pays du Golfe, le Brésil et la Russie cherchent à tirer profit de l’affaiblissement actuel de l’influence des Etats-Unis d’Amérique.
Par principe les anticolonialistes ne peuvent que se féliciter de ce coup d’arrêt décisif, conséquence de plusieurs décennies d’économie ultralibérale prédatrice, dominée par la spéculation et la politique du plus fort. Mais, par principe également, les anticolonialistes doivent demeurer vigilants à l’égard de ces puissances émergentes qui pourraient se laisser tenter par l’idée de profiter à leur tour de la faiblesse des pays moins avancés pour les coloniser à leur manière. L’attitude du Maroc à l’égard du Sahara occidental en montre un exemple. L’occupation militaire marocaine,depuis 1975, de ce territoire évacué par les Espagnols a un caractère nettement colonialiste. Elle doit prendre fin et laisser la place à une solution par la voie d’un référendum d’autodétermination. Car le Maroc intensifie sa politique de répression : emprisonnements, disparations, torture, sont le lot quotidien d’une population qui résiste et continue d’exiger l’application stricte des accords internationaux concernant cette zone.
5. Plus que jamais, rester vigilants face au mortel danger nucléaire !
Sur ce monde inquiétant, déjà ravagé, dans la première moitié du 20ème siècle par deux épouvantables guerres mondiales, causant la mort de dizaines de millions de victimes, pèse un nouveau et encore plus effrayant danger : celui d’une extermination atomique massive. Un péril si monstrueux pour toute l’humanité que l’esprit refuse de l’imaginer et qui est pourtant bien réel. Pas un instant, il ne faut l’oublier. Pas un instant il ne faut abandonner ce combat vital pour l’interdiction de toutes les armes nucléaires !
ETABLIR DE NOUVEAUX RAPPORTS INTERNATIONAUX : UNE TACHE PRIORITAIRE
Les capacités d’adaptation du colonialisme sont très grandes. Historiquement, à chaque fois que les colonisateurs ont observé un essoufflement dans la progression de leurs profits, ils ont trouvé une solution de rechange. Lorsque l’exploitation coloniale des débuts a atteint ses limites, le libéralisme s’est imposé à toute la planète. Ensuite, lorsque le fait d’accorder l’indépendance parut une solution moins coûteuse à cause de la résistance des peuples, le néocolonialisme s’installa. Enfin quand celui-ci arriva en bout de course, les dettes du monde pauvre ne pouvant plus être remboursées, on en revint à la reconquête militaire des pays les plus récalcitrants par des actions armées de grande envergure.
L’ACCA a pour objectif la fin du processus colonial. Et c’est pourquoi elle combat pour la dissolution des armées coloniales qui constituerait un immense pas en avant.
Quel que soit son masque du moment, la colonisation a toujours le même visage : occupation militaire, exploitation des ressources locales, administration dans le sens de la dépendance économique, politique et culturelle, usage cynique des populations pauvres par l’organisation de l’émigration au seul profit des pays riches, « sommets » à répétition (G7, G8…).
L’ACCA, organisation hostile à tous les aspects de la colonisation, quel que soit le nom qu’elle prenne et les nouveaux noms dont elle s’affuble, lui dénie tout caractère positif. Elle poursuivra sa lutte pour que s’établissent entre les peuples de nouveaux rapports, des relations fondées sur le principe de l’égalité entre Etats.
Le droit à réparation des injustices commises, l’annulation de la dette, l’évacuation immédiate de toutes les armées étrangères sont des préalables à une vraie coopération future, à des échanges mutuels authentiques, seuls gages de paix et de progrès pour les peuples du monde.
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