Résumons. Les Etats de la zone euro viennent de creuser de 440 milliards leur dette publique en une nuit ; ça c’est fort ! Alors qu’on ne trouvait pas le premier euro pour les Grecs ! Là, d’un coup, hop ! 750 milliards sont disponibles que le contribuable est prêt à donner pour sauver qui on voudra : des fainéants grecs, des irresponsables espagnols, des gréviculteurs français, bref tous les "pigs" du monde sont dorénavant à l’abri. On croit rêver !
Il a fallu un mois pour trouver 25 milliards dont la Grèce avait besoin à un taux non prohibitif. Entre temps, le mal s’étant aggravé, il fallu en rassembler putativement 110, moyennant primes et récompenses pour les généreux sauveteurs. Il ne fallut pas moins d’une semaine supplémentaire de tergiversations. Et comme ces sottises ont trop duré, le sytème a failli s’effondrer parce qu’un trader a mal tapé sa commande sur son clavier ! Génial ! A partir de là, ça devenait sérieux. Plus question des fichus grecs et de leur retraite à 43 ans, à moins que ce soit à 33 ans ! Le trouilomètre s’est dégradé chez les belles personnes qui se régalaient la veille encore de voir les grecs privés de leur treizième mois à 750 euros bruts par tête. Là ce sont les milliards des précieux qui étaient en cause.
Il n’aura donc fallu que deux nuits pour trouver 750 milliards. Et pour sauver qui ? Ceux là même qui ont déclenché une nouvelle fois l’incendie. Les pauvres banques, les malheureux assureurs, les pitoyables traders ! Ainsi, les Etats ne sont plus seulement les garants et les exécutants de la construction du merveilleux marché libre et non faussé. Ils en sont directement protagonistes. Ils fabriquent des lignes de crédits chaque fois que le casino coule ! Les mêmes ahuris qui se régalaient des mesures de sanction contre les paresseux grecs ne disent plus mot quand les Etats creusent leur dette publique de 440 milliards supplémentaires au seul profit du système financier international.
Et les sanction contre les « marchés » voyous ? Nul n’en propose. Les 27 ne trouvent pas une seconde pour édicter la moindre règle, même minime, pour lutter contre la spéculation. Par exemple pour avancer la date d’application des mesurettes concernant les agences de notation déjà en route dans les interminables tuyaux institutionnels européens. Ou pour avancer la date d’application des petites réglounettes européennes contre la titrisation des assurances sur le défaut des dettes publiques. Rien ! Rien de rien. Du fric, de l’oseille, des montagnes de fric pour le système et des sacrifices pour les peuples. Tant et si bien que la démonstration qui devait être faite selon laquelle les déficits étaient la faute des peuples et que le marché, dans son infinie sagesse et grâce à sa merveilleuse main invisible libre et non faussée, les sanctionnaient objectivement, se retourne en son contraire. Les marchés c’est n’importe quoi et les sacrifices il n’y a pas de raison de les faire !
Jusqu’à la Banque Centrale Européenne et ses mannequins en plomb, Trichet le bien nommé et les autres faces de pierre, qui commencent à faire, trop tard, ce qu’ils auraient dû faire au début et ce pourquoi on nous a bien ri au nez : acheter elle-même les obligations des Etats ! Où sont passés les super intelligents qui nous narguaient ? Les super économistes qui glosaient sur les dettes publiques excessives et le rempart de la banque centrale ? Pschitt ! Disparus ! On ne tardera pas à les revoir sur tous les plateaux de télé réciter la leçon ! Et quand je m’y trouverai, peut-être, pour expliquer les évènements autrement, surement qu’on me retaillera un plateau spécial du type Guillaume Durand avec sept personnes, sept, pour me contrer en psalmodiant comme des moulins la vulgate libérale ! Notons que dans cet épisode particulièrement misérable de la vie de l’économie de casino que défendent sans trêve ni repos toutes les élites, quelques personnages surfaits sont ramenés à leur juste proportion.
Ainsi de la Merkel et de son équipe de lourdauds. La super madame Merkel, avait été encensée par tous les commentateurs en mal de maman-qui- donne-la-fessée pour avoir refusé de financer ces fainéants de grecs ! Un mois après sa sottise rustique éclate aux yeux du commun ! Elle est la principale responsable, du point de vue de l’Europe actuelle, du désastre en cours. Tous ses atermoiements n’avaient d’autres causes que son horizon borné par la survie de sa coalition dans une élection locale. Bien sûr, maints petits malins voyaient bien, cependant, comment l’agonie grecque profitait sans le dire au modèle économique allemand tout entier fondé sur l’export en améliorant le taux de change. Un euro un chouia plus faible de quelques dollars, c’est autant de gagné en compétitivité sur le marché des marchandises libres et non faussées. Cela, bien sûr en dépit des discours de façade. Sans oublier que les grands comptes qui se retiraient de la dette grecque, espagnole et portugaise se repliaient sur les titres français et allemands générant de savoureuses économies de poche par la baisse des taux auxquels ils étaient admis ! Passons !
Tout cela « c’est de la technique » et il n’y a pas le temps de l’expliquer aux idiots que les rédactions médiatiques pensent avoir au bout de leur porte voix. Reste l’essentiel : la Merkel s’est pris une rouste ! Evidemment les griots prétendent que c’est à cause de sa faiblesse pour la Grèce. Malfaisant et égarant ces commentateurs ne quittent pas une seconde la ligne argumentaire qu’ils répètent depuis le début des évènements. Se risquent-ils à dire ce qui se serait passé, inclus dans cette élection, si la Grèce avait été mise en cessation de paiement ? Combien de banques allemande et française auraient bu la tasse ? Ouf ! C’est fini ! Elle a enfin perdu ses élections locales ! Elle consent donc à signer le bon de sortie des pompiers ! Trop tard pour sa réputation. Ce n’est pas trop grave ! Mais trop tard peut-être pour nous tous !
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