Solidaires des Grecs (Parti de Gauche)

samedi 8 mai 2010.
 

« Solidarité avec le peuple grec ! » scandaient les manifestants rassemblés devant la délégation de la Commission européenne à Paris le 5 mai. Plusieurs centaines, dont le PG, le PCF, le NPA. Mais aussi des Alternatifs, du PCOF, du M’PEP... Et des camarades de Solidaires, de la CGT...

Rien d’abstrait : ceux qui saignent la Grèce sont les mêmes qui s’apprêtent à laminer nos retraites. Pas une solidarité formelle : défendre le peuple grec, c’est nous défendre....

Saignée. C’est le terme qui revient, du moins pour ceux qui ne sont pas dupes, à propos du plan « d’aide » à la Grèce. Le terme est à la fois pertinent et éloquent. Il mérite qu’on s’y arrête un instant. Molière, pour ne citer que lui, l’a mis en écriture et en scène : la saignée était le symbole même de l’ignorance et de l’incurie des soi-disant « médecins » de l’époque. Inefficace, et plus encore, le prétendu remède s’avérait pire que le mal : le patient s’affaiblissait, voire n’y survivait pas. Autour de lui s’agitaient une cohorte de farfelus en robe noire qui bavassaient, à la fois impuissants et criminels. Et « Voilà justement ce qui fait que votre fille est muette » pérorait l’imposteur...

Sauf qu’en Grèce, ce n’est pas une comédie qui se joue. Mais une tragédie. Et la fille n’est pas muette...

Les Grecs, on les saigne ! Pour de vrai... On attaque la peau, le gras, les muscles et l’os. On rogne tout : passage de 37 à 40 annuités pour la durée de cotisation des retraites, passage de 21 à 23% de la TVA, réduction de 30% du salaire minimum (qui est pourtant à 740 euro brut), « élargissement » du droit de licenciement, etc. La liste est longue...

Dès le 28 avril le Parti de Gauche (rejoint entre autre par le PCF) a organisé un premier rassemblement devant l’Association Française des Banques.

Le 4 mai, à l’Assemblée Nationale, les députés du Front de Gauche (PG et PCF) votaient contre le pseudo-plan d’aide à la Grèce. Martine Billard, Porte-parole du Parti de Gauche, déclarait dans l’hémicycle :

« Je voterai contre ce texte au nom du Parti de gauche, non parce que je refuse de soutenir le peuple grec, au contraire, mais parce que je suis en désaccord avec le système proposé. (...) Madame la ministre, monsieur le ministre, il existait pourtant une solution : obliger les banques qui détiennent la dette grecque - dont les banques françaises - à prêter à la Grèce, à un taux qui aurait été par exemple de 2 %. Ainsi, la Grèce serait sortie de la crise dans laquelle elle se trouvait, sans que ce soit le peuple qui paye massivement les profits de banques qui vont s’enrichir une fois de plus sur le dos d’un pays - en attendant les suivants. »

Le reste a voté pour : l’UMP et... le Parti Socialiste. Et pour cause : le directeur général du FMI, Dominique Strauss-Khan déclare, le lendemain : « C’est une sortie de crise douloureuse et difficile pour les Grecs, mais il n’y a pas d’autres solutions quand on est dans une telle situation ». Notez bien : les « Grecs ». Pas les banquiers, pas les spéculateurs, d’où qu’ils soient. Ni l’Eglise, principal propriétaire foncier en Grèce qui ne paie pas d’impôt...

Le lendemain, la Grèce connaît des manifestations sans précédent. Une grève générale. Difficile, car la répression est forte et les provocations sont nombreuses. Mais le mouvement est massif. Par dizaines de milliers, ils défilent : « Ils nous volent un siècle d’acquis sociaux ! ». Et surtout « faire payer la crise par les riches ».

Faire payer les riches : évidemment, le peuple grec a raison. Plier ou faire plier. Nous l’avons déjà écrit. Répétons-le : les banques « plieront le jour où un peuple audacieux portera l’autre gauche au pouvoir ».


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