Honduras et Droits de l’Homme : Le double discours de l’Union européenne

vendredi 9 juillet 2010.
 

Comme en témoigne l’accord d’association avec l’Amérique centrale, Bruxelles privilégie ses intérêts aux droits de l’homme.

À deux doigts du fiasco diplomatique, lors du sommet Union européenne, Amérique latine, Caraïbes, des 17 et 18 mai, à Madrid, les Vingt-Sept n’ont pas sauvé les meubles. Renonçant à inviter Porfirio Lobo, le président hondurien issu d’une farce électorale, sous la pression des principaux chefs d’État latinos menaçant de boycotter la rencontre, l’Union européenne (UE) a néanmoins profité de l’occasion pour finaliser l’accord d’association (ADA) avec l’Amérique centrale. Pour l’eurodéputé de la Gauche unitaire européenne (GUE) Willy Meyer, la conclusion de ce traité de libre-échange est symptomatique d’une « Europe qui s’accommode du coup d’État et du président issu d’élections organisées par les putschistes ».

Plus grave, soutient-il, l’ADA révèle le « double discours de l’UE concernant les droits de l’homme, et le traitement qu’elle réserve aux peuples ». « Alors que la répression et les assassinats sont permanents au Honduras, les intérêts économiques priment sur tout autre considération », désapprouve le parlementaire espagnol qui s’opposera à la ratification de ce traité lors de son examen au Parlement, probablement en 2011. L’opposition à l’ADA, qui repose sur trois volets – la politique, la coopération et les relations commerciales –, est d’autant plus ferme pour l’eurodéputé que l’accord conclu méprise également « la philosophie de l’UE censée accompagner les processus d’intégration régionale en Amérique latine », rappelle Willy Meyer. « Sur le plan commercial, l’ADA ne tient pas compte des asymétries entre l’Europe et l’Amérique centrale, poursuit le député européen. Il s’agit avant tout d’une piste d’atterrissage pour les multinationales. »

Au lieu de promouvoir le « consensus de Bruxelles qui repose sur la non-intervention dans la sphère économique, l’UE devrait s’inspirer de l’intégration façon hémisphère Sud qui place les ressources au service de l’intérêt général », commente-t-il. Quant au Honduras, Willy Meyer plaide pour que l’UE contribue à ce que « le peuple hondurien puisse décider de son destin ». En ce sens, estime-t-il, « le processus constituant pourrait garantir la normalisation du pays et son retour à la légalité ».

C.Ce.

L’Humanité du 28 juin 2010


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