Rencontre avec André Chassaigne sur sa candidature et celle de JL Mélenchon pour 2012

mardi 23 novembre 2010.
 

Êtes-vous d’accord avec 
les médias qui vous présentent comme l’« anti-Mélenchon »  ?

André Chassaigne. C’est agaçant. Contradictoirement, on me présente soit comme une marionnette du PCF destinée à amuser la galerie pour éteindre les velléités de candidatures communistes, soit comme une candidature visant à contrecarrer celle de Jean-Luc Mélenchon. Mais je ne suis ni l’une ni l’autre. Je suis pour une candidature unique du Front de gauche. Pour y parvenir, nous devons partir du principe qu’aucune candidature autoproclamée ne peut s’imposer d’elle-même, pas plus qu’un candidat ne peut être imposé d’autorité par le parti le plus important. Je ne suis pas dans une démarche de clivage entre les composantes du Front de gauche, c’est pourquoi je me refuse à exploiter certains excès de langage ou des divergences de positions avec Jean-Luc Mélenchon. Je ne me pose pas comme son adversaire, je pense au contraire qu’il faut fabriquer du commun. Ma candidature est là pour faire avancer tout autant des idées que des pratiques, pour parvenir à une campagne électorale équilibrée et collective, quel que soit le candidat retenu.

La forte exposition médiatique de Jean-Luc Mélenchon ne risque-t-elle pas de fausser le débat sur le choix du candidat  ?

André Chassaigne. Jean-Luc Mélenchon bénéficie d’une forte exposition médiatique. Sur ce seul critère, sa candidature pourrait paraître s’imposer d’elle-même. Mais notre démarche ne se résume pas à une concurrence médiatique. Le choix doit se faire en fonction de la conception de la campagne que l’on veut porter, en faveur du candidat qui sera le mieux à même de porter le projet partagé du Front de gauche. Gardons-nous des éclats médiatiques qui se révèlent parfois des pétards mouillés à l’arrivée. Je m’appuie pour ma part sur un vécu, celui des élections régionales en Auvergne où nous avons mené une campagne respectueuse de toutes les composantes du Front de gauche permettant l’élection de candidats de chacune d’entre elles (au premier tour, la liste menée par André Chassaigne avait recueilli 14,24 % des voix). La démarche collective se démontre dans la vie. Le candidat du Front de gauche ne doit pas forcément être issu du PCF mais évitons cette erreur de penser que les communistes ne seraient pas rassembleurs.

Comment envisagez-vous 
la désignation du candidat commun du Front de gauche  ?

André Chassaigne. Elle ne peut pas se faire sur la base de sondages, auxquels on ne peut pas se fier pour prédire les résultats de l’élection. Ce sera l’aboutissement d’une réflexion entre les formations du Front de gauche et d’une consultation au sein de chacune d’entre elles, sur la base de laquelle celles-ci s’accorderont sur une proposition de candidature qui devra, ensuite, être validée par les adhérents de chacune des organisations. Cela ne peut être le fait d’une décision de sommet. Pour une campagne collective, sur la base d’un projet partagé, le choix doit être démocratique et non imposé par une formation.

Comment avez-vous pris 
la décision de vous porter candidat à la candidature du Front de gauche pour l’élection présidentielle de 2012  ?

André Chassaigne. En juin, j’ai pris cette décision parce qu’il y avait une incompréhension des communistes à propos de ce qu’ils ressentaient comme une forme d’exclusion de leur formation pour prétendre porter les couleurs du Front de gauche à cette élection. Je me suis donc proposé comme candidat pour porter une démarche que j’ai présentée devant le congrès du PCF. Je souhaite défendre trois convictions. D’abord être le candidat de la lutte contre le terrorisme financier. La France devra en 2012 secouer le G20 car c’est l’Europe qui paye le prix fort de la guerre monétaire, et il faudra reprendre le contrôle sur les banques. Ensuite, ma marque de fabrique, c’est l’écologie sociale. Rien que sur la rénovation de l’habitat social, il y a 250 000 emplois à créer et des tonnes d’énergie à économiser. Enfin, je pense que nous devons faire de la politique sous la Ve République comme si nous étions déjà sous la VIe. Ma candidature est donc celle de l’esprit d’équipe pour le Front de gauche.

Qu’est-ce qui distingue votre candidature d’autres candidatures possibles  ?

André Chassaigne. Ce n’est pas une question de personnalité. Ma candidature est guidée par la volonté que le Front de gauche se dote au final du meilleur candidat pour une campagne collective. Guidée aussi par l’impératif de ne pas se fondre dans le moule de la personnalisation de ce scrutin qui ne correspond pas à notre conception de la démocratie. Je suis aussi candidat pour porter la politique qui est la mienne. Celle de la co-élaboration d’un projet au plus près des préoccupations de la population. C’est une conception à l’opposé d’un programme ficelé d’avance. Pour moi, l’urgence absolue, c’est transformer la politique pour que le projet soit l’œuvre d’un bouillonnement démocratique. La politique ne doit pas être une affaire de spécialistes. Or je relève que cette conception n’est pas forcément partagée par toutes les composantes du Front de gauche. Je veux aussi porter une conception qui ne coupe pas la gauche en deux morceaux irréconciliables. Pour moi, il n’y a qu’un peuple de gauche. L’ambition doit être d’ouvrir une nouvelle ère, et pour cela nous ne pouvons pas nous limiter à construire une force radicale en marge de la gauche car c’est l’ensemble de la gauche que nous devons faire bouger.

Est-il possible de mener 
une campagne collective pour une élection par nature très personnalisée  ?

André Chassaigne. Je le crois. J’imagine très bien une campagne à l’image de celle que nous avons menée pour le référendum sur le traité constitutionnel européen. Certes, le candidat sera le porte-drapeau et apparaîtra davantage puisque le mode de scrutin l’impose, mais il devra être capable de se situer au cœur de la démarche collective du Front de gauche. Le projet est déterminant dans cette perspective car l’un ne va pas sans l’autre. Le pire serait un candidat avec un projet ficelé au niveau des états-majors politiques. Ce serait faire fausse route.

Entretien réalisé par Sébastien Crépel


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