Candidatures unitaires : refusons l’échec (point de vue de Pierre Cours Salies, sociologue)

samedi 2 décembre 2006.
 

Pour être à la hauteur du rejet des politiques de gestion des intérêts capitalistes, refuser la domination du PS, changer le rapport des forces, donnons toute leur place aux jeunes, aux femmes, aux précaires, aux salariés, aux chercheurs... Sachons rassembler celles et tous ceux qui veulent travailler et vivre autrement, dans un monde où la richesse servira les êtres humains et l’avenir de la nature. Leur refus de subir doit être le ferment de la campagne.

Le gage du succès, c’est l’arc de forces, la dynamique pluraliste. Du « non » au Traité aux 125 propositions, le socle commun se constitue : le regroupement peut être grossi de toutes celles et ceux qui refusent le jeu de miroirs entre Ségolène Royal et Sarkozy. Reconstruire une gauche ou se résigner à ce bipartisme !

Résumons le débat qui risque de nous faire échouer.

En donnant l’impression d’être « autour du PCF », la candidature de Marie-George Buffet ne s’adresserait pas à la masse de la population qui connaît peu ou rien des transformations en cours au sein du PCF.

Pour changer les points de vue de millions d’électeurs, il faut des expériences décisives.

Pourquoi la direction du PCF n’accepterait-elle pas de rendre possible un rassemblement large ? Pourquoi avoir engagé un processus unitaire et le faire éclater en imposant comme inévitable sa secrétaire générale ? Ce serait l’échec, annoncé, pour tous et notamment pour sa candidate, qui a pourtant mieux à faire.

Marie-George Buffet doit être un pilier de cette unité et les militants du PCF une force vive de la campagne : pour sa dynamique, il faut que les diverses origines militantes soient brassées dans l’activité commune !

Pour celles et ceux qui sont orphelins d’une perspective socialiste, se regrouper « pour une autre voie à gauche » ne peut signifier « voter pour la dirigeante du PCF ». Les faits sont, comme on sait, « têtus ». Il faut donc souhaiter que Jean-Luc Mélenchon soit un des piliers de la campagne et on peut se féliciter de la participation de membres de PRS, à sa préparation.

Pour la dynamique alternative, comprenons, enfin, l’importance d’un fait : des centaines de milliers de « citoyens » sans appartenance politique ont changé lors de la campagne du « non ». Beaucoup, parmi ceux et celles qui refusaient, il y a cinq ans, un engagement sur le terrain des échéances politiques reconnaissent la nécessité de « passer des luttes de résistance aux luttes pour le pouvoir ». C’est décisif : et José Bové l’exprime bien par sa propre évolution. Cela correspond au premier critère pour le choix d’une candidature : affirmer le passage du social au politique.

Sur ce plan, personne ne le niera, Marie-George Buffet représente le passage du politique au politique : c’est aussi pour cela qu’elle apporte une expérience qui doit se compléter avec d’autres. Tout comme Jean-Luc Mélenchon. Ou comme Olivier Besancenot, s’il consent à dépasser le discours protestataire pour les luttes unitaires contre les injustices, pour les droits, la socialisation des richesses et la transformation sociale.

Faisons un effort de franchise. José Bové est, à mes yeux, le candidat le mieux à même de dynamiser cette campagne. Depuis des mois, nous aurions tous dû construire avec lui, collectivement. Mais, aux yeux de certains, il incarnait plus un courant que l’ensemble.

Si la candidature la plus marquante et la plus connue, dans les banlieues, mondialement et auprès du peuple de gauche, ne peut être retenue par souci de « consensus », nous devons lui demander de prendre toute sa place.

Il doit être et sera l’un des animateurs de la campagne, avec Marie-George Buffet, Jean-Luc Mélenchon, Francine Bavay. Cela conditionne le succès. Ainsi, une candidature collective peut se constituer, avec des piliers de la campagne, et plusieurs porte-parole, notamment Patrick Braouezec, Yves Salesse, Clémentine Autain. Bien des collectifs recherchent, au-delà de leur « préférence », le meilleur profil « consensuel » pour le nom sur le bulletin de vote.

Traces du passé, les méfiances ne doivent pas nous faire oublier les convergences. Laisser faire la division, au nom d’une quelconque volonté d’hégémonie, serait ruineux pour toutes celles et ceux qui refusent les politiques libérales et sécuritaires. L’union est un combat : la campagne, le renouvellement des pratiques militantes permettra de construire un rassemblement consolidé d’avoir su agir en confiance durant des mois.

Par Pierre Cours-Salies, sociologue, membre du réseau Convergence citoyenne et du Collectif national unitaire.


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