Finlande... Hongrie... Colère et dépit

mardi 26 avril 2011.
 

Ouf, ça fait du bien de laisser s’ouvrir les vannes. Manque de temps, sûrement. D’énergie, plus certainement encore. À force de remettre à demain (procrastination, que ça se nomme cette maladie-là !) on finit par oublier que la colère va bien aussi par écrit. La colère et le dépit. Cette Europe-là nous embarque où, vous pouvez me dire ? Rien que dans cette dernière semaine, il nous est tombé dessus deux nouvelles magnifiques.

L’une arrive de Finlande, là-haut où c’est tellement joli que le Père Noël a choisi d’y habiter. Il a intérêt à bien se tenir, le vieillard, paraît que ça ne rigole plus du tout dans ces coins-là. Ces gens ont envoyé au Parlement un parti des plus fréquentables. Le parti des Vrais Finlandais, qu’il se nomme… Déjà, le nom, ça réveille des trucs un peu glauques, non ? 19% des voix. Le « modéré » à la tête du gouvernement envisage très sérieusement de gérer la boutique avec eux. Ce n’est pas tout, les sociaux démocrates eux aussi se disent intéressés. Et voilà la Finlande, qu’on voyait un peu depuis chez nous comme une espèce d’Eden de la tolérance, prête pour une coalition des plus hétéroclites. Imaginez ici un gouvernement où on trouverait tout à la fois Juppé, Hollande, un parti breton et les gars de la Marine ! Petite consolation, la « vraie » gauche résiste. Eux aussi vont devoir tenir le coup. Et on leur souhaite bonne chance, parce que réellement ce qui vient de se passer là n’annonce rien de bon pour la suite. Amener 39 députés sur 200 au Parlement, rien qu’en rabâchant des litanies de haine et de rejet de l’étranger, quel qu’il soit, c’est un drôle de pari sur l’avenir.

Autre lieu, tout aussi joli, tout aussi européen, tout autant dans l’Union, la Hongrie. On vous dit Hongrie, vous pensez czardas et violons, Liszt et Bartok. Et puis boum, faut croire que la musique n’adoucit pas autant les mœurs qu’on a bien voulu nous le faire croire ! Ils se sont équipés d’un premier ministre en béton armé. Viktor Orban. Un type très bien. Qui a débuté jeunot en politique, du temps que son beau pays vivait « sous la botte soviétique ». Il était alors dans l’opposition. Jusque là, ça va encore. C’est après que ça se gâte. Le voilà arrivé aux manettes. Il te met en place des lois tellement liberticides sur la presse que même l’UE s’en est inquiétée. Et pourtant, on sait comme l’UE a tendance à l’activisme révolutionnaire ! Et puis arrive la semaine dernière, où il a fait adopter SA Constitution. Et même si on se doutait bien que ce monsieur Orban n’était pas un champion toutes catégories de progrès et de féminisme, il a réussi à nous épater, dites donc ! Elle raconte quoi, SA constitution, en gros ? Trois fois rien. Simplement, elle rappelle les racines chrétiennes du pays (ah ! je savais bien que ça allait vous rappeler des souvenirs ! Eh, la hongritude, ça na se renie pas !), elle fait référence à Dieu, à l’unité spirituelle de la nation, à la famille. Mais plutôt dans les clous, la famille. Eh ! s’agirait pas non plus de vouloir s’amuser à être homosexuel, ou de faire un bébé toute seule. Et puis quoi encore ! Quant à l’IVG, elle en prend un sale coup derrière les oreilles elle aussi. Partant du très vaticanesque principe qui précise que le fœtus doit être protégé dès sa conception, on voit bien comme ça va être facile de trouver un médecin qui acceptera de pratiquer l’intervention. Et je ne vous parle même pas de la justice surveillée par ce gouvernement très en avance sur son temps ! Tout ce que le pays compte de mouvements un peu tatillons sur les Droits de l’Homme et de la femme, bien sûr, est monté au créneau. Ça n’a pas eu l’air de troubler le chef. Et l’Europe, direz-vous ? Bah l’Europe, elle regarde ailleurs, l’Europe. Elle est un peu embêtée, l’Europe. Ben oui, la Hongrie c’est quand même le pays qui préside. Alors elle se fait discrète. Elle attend que ça se tasse. Sauf que, en général, et même en remontant bien loin dans l’Histoire, ça se tasse rarement ce genre de politique. Surtout quand on sent derrière le poids de l’Église et du progressiste qui la dirige en ce moment…

brigitte blang


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