50 000 manifestants dans les rues de Prague face à la contre-réforme des retraites. Les fonctionnaires s’emparent de la place Venceslas

mercredi 25 mai 2011.
 

Près de 50 000 personnes ont participé à une manifestation à Prague samedi, à l’appel des centrales syndicales, contre le plan gouvernement de casse de l’Etat social.

Soufflant dans des vuvuzelas et tapant sur des tambours, les manifestants ont défilé sous les banderoles syndicales jusqu’à la place Wenceslas, interrompant la circulation sur un axe central de la ville.

La coalition gouvernementale de droite composée des Démocrates civiques(ODS), de Top 09et d’Affaires publiques propose de reculer l’âge de départ à la retraite et de faire grimper les tarifs relatifs à la couverture médicale tout en coupant dans les prestations sociales.

Son projet le plus controversé est d’inaugurer un système de retraites privé, un « second pilier » qui entrerait en concurrence avec le « premier pilier », système par répartition géré par l’État.

Les employés de moins de 35 ans pourront transférer 3% de leur assurance sociale obligatoire, comptant pour 28% de leurs revenus, aux nouveaux fonds de pensions privés.

Le gouvernement veut compenser le manque à gagner par des projets de réforme fiscale qui verraient l’uniformisation des taux actuels de la TVA qui sont de 10 et 20%, avec un nouveau taux fixé dans un premier temps à 14% et passant à 17,5% l’année suivante.

Il prévoit également la privatisation d’entreprises publiques pour financer les réformes.

Le représentant du syndicat KOVO, Josef Stredula, a déclaré aux manifestant que ces mesures régressives « sont conçues pour jeter la santé, les retraites et toute la Sécurité sociale dans les bras du profit ».

« Les réformes de la couverture médicale et de la fiscalité, des retraites et du système de Sécurité sociale sont mal conçues, mesquines et orientées idéologiquement, sans la moindre analyse de l’impact qu’elles auront sur les citoyens », a pesté M.Stredula.

Les manifestants ont brandi des drapeaux et des banderoles syndicales avec des slogans tels que « Nous en avons eu assez, le gouvernement doit partir », « Mettons en échec le gouvernement » et « Peuple, réveille-toi ! ».

Le président de l’Association des syndicats indépendants Bohumir Dufek a affirmé : « Nous voulons des élections anticipées – nous n’allons pas attendre quatre ans qu’ils saccagent tout ».

La coalition gouvernementale envisage de soumettre ces mesures au parlement en Juin, mais elle est handicapée par des querelles intestines et des allégations de corruption.

Si la coalition explose, le gouvernement perdrait sa majorité parlementaire. La prochaine élection est prévue pour 2014.

M.Dufek a déclaré que les adhérents de la Confédération des syndicats Tchèques-moraviens sont prêts à organiser des manifestations plus radicales, y compris des grèves, si les ministres ne parviennent pas à répondre aux revendications des syndicats.

« Nous préparons des blocages », a-t-il lancé.

Tereza Stoeckelova, du mouvement citoyen contre la réforme ProAlt a prédit que le gouvernement allait déclencher une grève générale à moins qu’il ne change de cap.

Article initialement paru dans le Morning Star, quotidien du Parti communiste de Grande-Bretagne

Traduction AC pour http://solidarite-internationale-pc...

2) Les fonctionnaires s’emparent de la place Venceslas, à Prague

Les personnels de la fonction publique tchèque refusent l’austérité. Ils viennent de l’exprimer avec force lors de la manifestation de samedi dernier dans la capitale.

Pour Vit Samek, responsable de la Confédération tchécomorave des syndicats, il est important « à l’Ouest » de parler de la manifestation de samedi à Prague, qui a vu la participation de 48 000 personnes. « En Europe centrale, nous sommes le laboratoire pour les nouvelles politiques, avance le syndicaliste. On voit bien qu’en Espagne, en France, le même type de politique est promu. »

Car les fonctionnaires ont été mis à rude épreuve. L’an dernier, leur rémunération a été diminuée de 10%. Ce qui est en cause, maintenant, c’est la réforme des retraites. L’exécutif de Petr Necas veut ajouter au premier pilier du système de retraite, public, un deuxième pilier, privé celui-ci. Trois points de cotisation sociale basculeraient vers les fonds de pension, sur une base volontaire. Le gouvernement entendait rendre le recours à l’assurance privée obligatoire, mais il a dû plier devant l’insistance des syndicats.

Pour autant, ces derniers continuent de refuser la réforme, qui viendrait affaiblir les finances du pilier public. « Pour la première fois, nous sommes d’accord avec le patronat sur ce sujet », se réjouit Vit Samek.

Autre sujet d’inquiétude, la remise en cause du système sanitaire tchèque. Il s’agirait d’avoir une assurance publique pour des « services de base » aux contours indéfinis. Le reste serait renvoyé à l’assurance privée. Ce serait promouvoir une médecine à deux vitesses. « Le but est de mettre le système de santé, les retraites et l’aide sociale au service du profit », traduit la déclaration finale de la manifestation. Par ailleurs, une hausse de la TVA est évoquée.

L’indignation est grande, et la cote de popularité du gouvernement de droite est au plus bas, à tel point que la déclaration stipule que la population « a perdu la confiance en la capacité morale et professionnelle du gouvernement ».

Car, outre l’austérité, inspirée par les institutions européennes, le dialogue social est mis à mal. Dans le conseil tripartite instauré en 1989, les représentants du gouvernement ne tiennent plus compte de l’avis des partenaires sociaux.

Gaël De Santis


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