Au Maroc, les manifestants pacifiques du 20 février subissent une répression de plus en plus dure : menaces de mort, menaces à caractère sexuel particulièrement tournées vers les femmes, arrestations, matraquages systématiques... On compte des centaines de blessés à Casablanca, à Marrakech, à Rabat, à Tanger, à Safi. Dans cette dernière ville l’un des membres organisateur du mouvement, Kamal al-Amari , est décédé jeudi 2 juin des suites de ses blessures.
On le sait, la contestation que porte le mouvement du 20 février s’explique par la crise du système libéral et une politique répressive, obscurantiste et antisociale du pouvoir en place qui, aux dépends des besoins élémentaires du peuple marocain, s’est construit un empire économique et financier. Le roi définit lui-même son régime comme étant une « monarchie exécutive », amalgamant son statut sacralisé de Commandeur des croyants avec celui temporel de chef de l’Etat. Le principe de séparation des pouvoirs n’est pas reconnu. Le multipartisme existe depuis l’indépendance, mais le Parlement est réduit à un rôle de caisse de résonance des volontés du Palais, notamment lorsqu’il s’agit d’entériner le budget de la Cour royale ou celui de l’appareil sécuritaire. Les élections sont toujours largement manipulées, et le pouvoir du Premier ministre confine à de la figuration.
Le scénario fixé par le roi, en réponse aux manifestations, bien qu’applaudi par le gouvernement français et l’Europe, est dépourvu de crédibilité démocratique. En effet, la révision de la constitution par une commission non élue, suivie d’un référendum sur la dite constitution, début juillet, puis d’ élections législatives en octobre, ne correspondent en rien aux attentes des forces impliquées dans le mouvement.
C’est pourquoi, les jeunes du mouvement du 20 février, les associations, (ATTAC-MAROC, LDDH, AMDH, INDDP...) les partis politiques (PSU, Voie Démocratique...) ont décidé de boycotter la commission consultative de révision de la Constitution. C’est aussi pourquoi, le mouvement se consolide, les actions se poursuivent : cercle de discussions dans les quartiers populaires, manifestations, sit-in, flash-mobs... Tous les dimanches, malgrè la désinformation, les menaces et la répression de plus en plus brutale, ce sont plus de 600 000 personnes qui marchent dans des centaines de localité.
Le Mouvement du 20 Février est devenu aujourd’hui un acteur incontournable de la réalité marocaine. Il réclame des réformes politiques et constitutionnelles, ainsi qu’une limitation des pouvoirs du roi Mohammed VI. Il est composé en majorité de jeunes. Il a ouvert de nouveaux espaces d’expression utilisés en masse par les jeunes et les femmes notamment. Il a permis de rassembler des militants des ONG, des syndicalistes, des sympathisants de partis politiques de gauche, des sympathisants du mouvement berbère.
Le Parti de Gauche renouvelle sa condamnation de la répression et son exigence de la libération des manifestants et des détenus politiques, affirme sa solidarité avec le mouvement du 20 février dans sa marche vers un changement profond pour et avec le peuple marocain.
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