300000 Israéliens dans la rue pour plus de justice sociale (3 articles)

vendredi 12 août 2011.
 

3) Les Israéliens occupent les rues de Tel-Aviv

Trois cent mille personnes, toutes générations confondues, ont manifesté, samedi soir, pour la justice sociale. Une mobilisation jamais vue depuis 1948. Netanyahou tente de surfer sur 
le mouvement 
de protestation.

Or, Mor et Atalia campent sur l’avenue Rothschild, en plein centre de Tel-Aviv, depuis trois semaines. Elles se sont recréées une sorte de chez-soi dans un rare dépouillement qui leur sied assez bien. Les trois étudiantes en art ne sont pas seules. Des centaines et des centaines de tentes ont éclos sur cette espèce de rambla israélienne. Et pas seulement ici. À Jérusalem, à Ashdod, à Jaffa, à Eilat, tout le monde s’y est mis. La référence à la place Tahrir du Caire est évidente et… surprenante. D’habitude, les Israéliens lorgnent plus vers l’Occident. Mais il faut croire que quelque chose est en train de bouger dans la société israélienne, que les coutures sionistes se mettent à craquer. «  On n’est pas là seulement pour des questions d’argent ou de logement  », assure Or. «  En Israël, comme ailleurs dans le monde, les gens sentent que les choses ne vont pas comme il faut. Le seul truc c’est qu’il faut un peu de temps pour que les gens s’ouvrent, croient et comprennent.  » C’est un peu ce que dit Rotem, artiste lui aussi. «  Depuis longtemps, j’écris dans mon journal les problèmes de la vie quotidienne. J’attendais que les gens comprennent. Quand tout est arrivé, je me suis dit  : “Hey  ! Je ne suis pas seul  !” »

Le double de manifestants que la semaine dernière

Samedi, ils étaient près de 340 000 à manifester dans tout le pays, dont 300 000 pour la seule ville de Tel-Aviv. Du jamais-vu dans le domaine social et rarement sur d’autres questions. Comme le fait remarquer le journaliste Gideon Levy, c’est à ces mêmes endroits que quelques dizaines de manifestants se rassemblaient contre la seconde guerre du Liban, en 2006, ou contre l’opération « Plomb durci » dans la bande de Gaza en 2009, «  sans que personne n’y prête attention  ». Cette fois, difficile d’avancer tant la foule est compacte. Le double de la semaine précédente. Si le premier ministre, Benyamin Netanyahou, comptait sur un essoufflement du mouvement, il en est pour ses frais. C’est que le ressentiment est profond. Certainement plus qu’il n’y paraît. Si la protestation a démarré par les problèmes de logement, les revendications se sont, depuis, élargies  : réduction des taxes indirectes, arrêt des privatisations dans le domaine de la santé, arrêt du recours aux agences d’intérim dans le secteur public…

Les Israéliens se sentent grugés. Ils estiment avoir fait les sacrifices nécessaires pour leur pays sans être payés en retour. «  La politique israélienne est liée aux plus riches, c’est le capitalisme  », dénoncent Yaël et Ofer, un couple d’enseignants qui a la cinquantaine. «  On s’était endormi  », disent-ils. «  On pensait que tout allait bien, qu’on faisait ce qu’il fallait, on faisait nos trois ans de service militaire. On acceptait que tout l’argent aille à la sécurité. Mais les gens ploient sous la pression. Ça ne peut plus continuer comme ça. » De fait, l’un des slogans les plus prisés, samedi soir, était  : « Le peuple veut la justice sociale. » Pour Slima Hozder, venu de Beer-Sheva, « cette justice doit être pour tous, aussi bien les Arabes que les juifs ». De nombreux Palestiniens de 1948 – mal nommés « Arabes israéliens » – étaient à Tel-Aviv, samedi. Venus de Galilée, ils ont utilisé les bus spécialement affrétés par le Parti communiste israélien.

Préoccupations différentes selon les générations

Si plusieurs générations d’Israéliens se sont retrouvées au coude à coude ces dernières semaines, elles n’ont pas toute la même perception des choses. Les jeunes font plus facilement le lien entre les problèmes économiques, la pauvreté des moyens alloués aux services publics et les dizaines de milliards de shekels d’aide financière données aux colonies. Naftali Bennet, président du Conseil des colonies (Yesha), a pris soin de ne pas laisser son camp être marginalisé parce qu’il craint évidemment que les Israéliens ne comprennent que la seule résolution possible de l’équation économico-politique d’Israël réside dans l’élimination des colonies et donc de l’occupation. À quelques semaines de la réunion de l’ONU qui devra se prononcer sur la reconnaissance d’un État palestinien dans les frontières de 1967, la jonction des deux préoccupations ne peut que faire frémir le gouvernement israélien.

Netanyahou : se maintenir au pouvoir jusqu’en 2012

« Si cela n’avait dépendu que de Netanyahou, l’État serait né privatisé », ironise Yossi Sarid, ancien dirigeant du Meretz (gauche sioniste). Le premier ministre israélien veut tenter de surfer sur un mouvement de protestation qui cherche encore sa dimension politique. Selon lui, si les problèmes sont si prégnants c’est parce qu’« il n’y a pas de réelle compétition ». Et d’ajouter à la manière d’un Sarkozy  : « Je vais changer cela.  » En réalité, il cherche avant tout à se maintenir au pouvoir jusqu’en 2012, date prévue pour les élections, et doit donner du grain à moudre à ses principaux alliés, les religieux et l’extrême droite. Les Israéliens seront-ils dupes  ? « Le gouvernement utilise la guerre et la tension pour maintenir l’unité du pays. Mais nous avons compris que nous pouvions nous unir autrement », assurent nos trois étudiantes, Or, Mor et Atalia.

Logements et colonisation

Le premier ministre israélien vient de répondre à sa manière aux manifestants qui protestent contre le prix des logements. Il a annoncé le lancement de la construction de 900 habitations à Jérusalem-Est. Une décision illégale qui indique les priorités de son gouvernement. 
Il préfère aider la colonisation. Un geste qui éloigne un peu plus toute possibilité de reprise des discussions entre Israéliens et Palestiniens. Une fois n’est pas coutume, la France a condamné cette décision.

À travers la presse israélienne

« Un nouveau pays », « Israël est dans la rue », titrait hier en page de couverture, en bleu et blanc – aux couleurs nationales –, 
Yediot Aharonot, le principal quotidien israélien. « Netanyahou 
et ses ministres ne pourront pas ignorer ce cri, parce qu’il exprime 
une force qui menace leur maintien au pouvoir », selon l’éditorialiste. « Ni gauche, ni droite, ni centre, ni marginaux. C’est le peuple 
d’Israël qui est mécontent de la vie ici, des charges pesant sur lui, 
du système injuste qui permet à une minorité de festoyer sur le compte des masses écrasées », écrivait de son côté le journal Maariv.

Pierre Barbancey

2) 150 000 Israéliens dans la rue pour plus de justice sociale

C’est une mobilisation sans précédent : des dizaines de milliers d’Israéliens, dont beaucoup de jeunes, sont descendus dans la rue, dans une dizaine de villes, pour protester contre la vie chère.

C’est un fait unique dans l’histoire d’Israël rapporte la presse locale, jamais autant de monde n’était descendu dans la rue sur un thème social. Les principales revendications concernent la flambée des prix des logements, l’aggravation des inégalités sociales et la dégradation des services publics, notamment dans le domaine médical et de l’éducation. "C’est le printemps israélien" peut-on lire sur les pancartes… La jeunesse des participants comme les manifestations de nuit, les campements et les revendications rappellent également le mouvement des Indignés. De jeunes manifestants campaient depuis deux semaines le long d’une avenue à Tel Aviv (voir Les Israéliens aussi plantent leurs tentes).

Netanyahu est débordé. Ce matin, des journaux n’hésitent pas à titrer sur sa mort politique. Sa cote de popularité a chuté à 32% d’opinions favorables. Il tente de réagir, annonçant dimanche matin la création d’une équipe interministérielle chargée de réfléchir à des réformes dans les domaines économique et social… De son côté, le directeur général du ministère des Finances, Haïm Shani, a annoncé sa démission, étant opposé à une augmentation des dépenses publiques.

1) Manifestations massives en Israël contre la politique du gouvernement Netanyahu (Communiqué du Parti communiste d’Israël)

Plus de 150 000 personnes sont descendues dans la rue samedi soir pour protester contre l’escalade du coût de la vie en Israël, contre le gouvernement Netanyahu et pour la justice sociale. Des défilés et des rassemblements ont eu lieu dans onze villes du pays, avec les plus importantes à Tel-Aviv, Jerusalem, Be’er Sheva et Haifa. Les manifestants scandaient « le peuple demande la justice sociale », « Bibi (Benyamin Netanyahu) go home ! » et « nous voulons la justice, pas la charité. »

La manifestation la plus massive eut lieu à Tel-Aviv, où 120 000 manifestants ont défilé depuis la place HaBima jusqu’au musée de Tel-Aviv. Des milliers de manifestants brandissannt des drapeaux rouges et et des banderoles du Hadash [Alliance politique menée par le Parti communiste] : « Le peuple avant les profits » et « Le gouvernement contre le peuple – Le peuple contre le gouvernement ».« Nous sommes très contents de voir le peuple Israélien descendre dans la rue », a déclaré Yonatan Levy, un des organisateurs. « Nous avons été étonnés de voir tout au long de la journée que les questions soulevées dans les divers rassemblements et campements qui ont émaillé le pays ne sont pas si éloignés que cela les uns des autres ». A la tête des protestations sociales aux quatre coins du pays, le député communiste du Hadash Dov Khenin a appelé le premier ministre Binyamin Netanyahu à démissionner : « Le gouvernement Netanyahu qui met en place des politiques qui enrichissent les grands patrons et s’en prennent à l’immense majorité des citoyens doit partir maintenant »,a déclaré Khenin à des journalistes pendant le rassemblement.

« Une lutte qui a débuté à Tel-Aviv et s’est propagé à toutes les villes Israélienne, du Nord au sud du pays », a-t-il ajouté. « On ne mettra pas fin à cette lutte à cette lutte avec des clopinettes tout comme elle ne cédera pas face à effets médiatiques ».

A Haifa, 10 000 personnes ont défilé à travers la ville. A Jérusalem, 15 000 ont marché de Horse Park jusqu’à la résidence du premier ministre, Benjamin Netanyahu. A Be’er Sheva, 3 000 manifestants ont défilé en brandissant des banderoles où on pouvait lire : « Be’er Sheva crie puissance sept », sachant que ’Sheva’ est le terme Hébreu pour désigner le nombre sept. A Ashdod, le manifestants sont partis de City park. Près de 150 personnes se sont rassemblés au campement d’Ashdod sur le chemin. Les étudiants de Beit Barl ont défilé depuis le campement de Kfar Sava jusqu’au carrefour central de Ra’anana. A Nazareth, une manifestation commune Arabe-juive a été organisée en centre-ville par le Hadash et les militants communistes. A Kiryat Shmona, près de la frontière libanaise, 1 000 manifestants ont emprunté l’artère principale de la ville pour se diriger vers la sortie sud de la ville. Nombre de grands musiciens Israéliens ont joué lors des rassemblements, Hemi Rodner, Dan Toren, Yehuda Poliker, Barry Sakharov, Yishai Levi, Aviv Geffen entre autres.

Des centaines de personnes ont continué leur manifestation samedi soir à Tel-Aviv, bien après la fin du rassemblement. A midi, les manifestants ont bloqué les rues Kaplan et Ibn Gabirol de la ville, scandant « Le peuple demande la justice sociale ». Vers 13h30, après avoir échoué dans leurs négociations pour parvenir à mettre fin pacifiquement au rassemblement, qui ne montrait aucun signe d’épuisement, la police de Tel Aviv a commencé à disperser par la force les manifestants. Ces derniers ont commencé à huer les forces de l’ordre, tout en chantant « Non, nous ne partirons pas » et « État policier ». Plusieurs manifestants ont répliqué violemment et 12 d’entre eux ont été arrêtés.

Plusieurs milliers de docteurs et de particuliers ont manifesté dimanche au Jardin Rose devant la Knesset à Jérusalem, pour demander qu’une solution soit trouvée à la crise du système de Sécurité sociale. Le président de l’Association médicale d’Israël, le Dr. Leonid Eidelman, qui a entamé une grève de la faim depuis près d’une semaine, a été le premier à prendre la parole : « Pendant neuf mois, nous avons été à la table des négociations, et nous ne sommes encore parvenus à aucun accord », a-t-il affirmé. « Le trésor continue à économiser de l’argent au détriment de la Sécurité sociale. Les docteurs font des efforts, et bien que nous ayons réalisé des progrès dans l’élaboration de l’accord, nous ne sommes toujours pas d’accord sur les principales questions : la normalisation, le coût de l’accord, la répartition entre les dépenses et les recettes ».


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