Front de gauche : Rejouer le coup de la campagne du référendum européen de 2005 et la victoire du non

jeudi 8 septembre 2011.
 

Le candidat à la présidentielle Jean-Luc Mélenchon occupe le terrain médiatique alors que la chute des Bourses redonne du souffle à ses thèses anticapitalistes.

A l’heure d’attaquer la rentrée, Jean-Luc Mélenchon est déjà chaud. Le candidat du Front de gauche à la présidentielle avait prévu pour ses vacances, de « faire la sieste » et des « barrages » entre amis dans une rivière pendant que ses ex-camarades du PS feraient « toutes les bêtises du monde ». Loin de l’eau, le député européen a finalement « nomadisé » dans le Midi, « mais je n’ai pas pu décrocher », confie-t-il à Libération. La faute à qui ? A la crise...

« Le mot crise ne décrit pas du tout la situation, reprend-t-il. Le système est atteint dans tous ses compartiments. C’est une bifurcation de l’histoire : l’effondrement d’un type de modèle capitaliste et la fin du leadership des Etats-Unis d’Amérique. » Rien que ça.

Jean-Luc Mélenchon avait aussi prévu de lâcher le clavier et laisser respirer son blog. Las. La chute des bourses l’a fait replonger : « Je me le devais pour les 5 000 lecteurs qui venaient chaque jour, justifie-t-il en plaisantant : Je ne sais pas ce qu’ils faisaient là en plein été ! Peut-être le mauvais temps... » « salaire maximum ».

Avant d’aller prendre le frais dans les Alpes, remuer ses méninges tout le weekend à Grenoble avec les militants de son Parti de gauche (PG) et dire bonjour vendredi à ses alliés communistes réunis en université d’été aux Karellis (Savoie), Jean-Luc Mélenchon a repris son rythme médiatique. Soutenu. Objectif, marteler ses propositions anticrise : « Premièrement, nous taxerons les revenus du capital comme le sont ceux du travail, a-t-il répété dans une interview dans Le Monde daté de mercredi. Aujourd’hui, les revenus du travail sont imposés à 40% contre 18% pour ceux du capital. » Sa mesure, dit-il, « rapporterait 100 milliards d’euros supplémentaires » soit deux fois ce qu’il faut pour payer les intérêts de la dette.

Sur le terrain du « partage des richesses », Mélenchon s’emploie à défendre sa proposition de « salaire maximum » - « pas de salaire supérieur à vingt fois le salaire le plus bas dans chaque entreprise » -, et son « revenu maximum », soit la « taxation progressive des revenus jusqu’à 100% à partir de 30 000 euros mensuels ». Et « pour éteindre l’incendie spéculatif » de la zone euro, Mélenchon défend la possibilité pour la Banque centrale européenne de pouvoir « prêter aux Etats aux taux où elle prête aux banques », une « harmonisation sociale et fiscale » des pays de l’UE et un « protectionnisme européen » avec « visas sociaux et écologiques pour toute marchandise ».

Période de crise oblige, le ton de l’ancien sénateur est grave. Mais il sourit lorsqu’on lui fait remarquer que certaines des idées qu’il défend ont fait l’actualité de l’été. « On voit que cheminent, sous le fouet de la contrainte, des idées qui n’appartenaient qu’à nous ! Ce que ça a pu me mettre de bonne humeur de voir les riches mis en cause après m’être fait traiter de tous les noms ! » dit-il à Libération.

Surtout, la crise redonne du souffle à ses salves tirées en direction de François Hollande et Martine Aubry : « Ils ont cédé ! Ils ont capitulé !, s’enflamme-t-il. Comment comptent-ils arriver à un déficit de 3% du PIB en 2013 avec une prévision de croissance à 2,5% qui ne veut rien dire ? Soit ils choisissent l’austérité, soit ils remplissent les caisses en tapant le capital. » « black-out ». Autre motif de satisfaction du candidat : il voit apparaître un « pôle de résistance » avec Eva Joly chez les écologistes et Arnaud Montebourg et sa « démondialisation » dans la primaire PS.

Problème : Mélenchon joue toujours les seconds rôles dans cette campagne. Toujours coincé au même palier de popularité : 25% d’opinions positives et près du double de négatives. De quoi s’inquiéter après un décollage de candidat pourtant réussi en juin. Autre difficulté : exister cet automne lors de la primaire PS. « La primaire sature l’espace médiatique d’une manière insupportable ! s’insurge le député européen. Le système médiatico-politique met en place une espèce de black-out comme pour le oui. »

Rejouer le coup de la campagne du référendum européen de 2005 et la victoire du non ? Mélenchon et les communistes en rêvent. Faire tourner à plein les réseaux sociaux, associatifs et syndicaux pour passer, mi-septembre, programme en main, à une nouvelle phase de sa campagne lors de la Fête de l’Humanité du PCF à La Courneuve (Seine-Saint-Denis). « Je veux inspirer le sentiment de force et de détermination. Ça peut vous paraître lyrique mais je suis absolument convaincu que l’intervention populaire dans le champ politique est devenu inéluctable », prédit Mélenchon. Il se voit en « défricheur », et sait que « la lutte sera dure. » Mélenchon est déjà bouillant.

Lilian Alemagna


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