Appel du Front de Gauche des Quartiers Populaires

samedi 16 juillet 2011.
 

"Il est temps d’arrêter la folklorisation de la banlieue, présentée comme une énigme violente."

Jean-Luc Mélenchon, La Paillade le 3 juillet 2011

Je suis un élu de la banlieue parisienne. Certes, il existe plusieurs banlieues. Neuilly, par exemple. Mais ce n’est pas de celle-là dont il s’agit.

L’agglomération que je préside a une grande partie en Zone Urbaine Sensible. Elle est de tous les dispositifs politique de la ville, et ce depuis des années. Pour autant, depuis 30 ans, la situation s’est-elle améliorée ?

Non. Ils n’ont rien fait ! "Si un homme a beaucoup trop, c’est que certains ont moins que nécessaire", écrivait Tolstoï. Paupériser une partie toujours plus grande de la population, la précariser, l’entasser loin des beaux quartiers, voilà la conséquence directe du gavage organisé par les oligarques de notre pays depuis des lustres.

Les quartiers dits populaires souffrent d’un taux de chômage record, d’un échec scolaire très au dessus de la moyenne, d’une misère sociale et affective avec des familles fragmentées, d’une ghettoïsation tout à la fois sociale et ethnique, d’un abandon flagrant des services publics, de discriminations en tout genre, d’espaces communs abandonnés. Pourtant, je parle en connaissance de cause, ce n’est pas la volonté locale qui est remise en cause ici. Nous avons crée un quart des emplois privés de toute l’Essonne entre 2005 et 2009. Nous avons créé des services publics locaux. Nous avons souscrit à tous les dispositifs de rénovation, réhabilitation, reconstruction.

Mais qu’on ne se cache pas derrière le petit doigt, qu’on arrête de prendre de faux prétextes : tout ça n’est pas la conséquence d’une urbanisation dense. La Grande Borne de Grigny est 100 fois moins dense que Monaco. La densité de riches n’aurait donc pas les mêmes effets que la densité de pauvreté ? Tiens tiens… Par contre, l’abandon des services publics d’Etat, qu’ils soient de santé ou postaux, est bel et bien responsable et symptomatique. Car toutes les meilleures politiques locales du monde, si elles sont nécessaires, ne sont pas suffisantes pour contrer la misère de masse organisée par le capitalisme. L’implantation de services publics d’Etat, le partage des richesses et la relocalisation de l’économie sont les propositions que nous faisons pour changer structurellement et durablement les choses. Sinon, nous continuerons d’écoper avec nos doigts ce bateau qui prend l’eau de toute part.

Notre peuple qui vit dans ses quartiers est victime du même mépris que nous avons coutume de le voir ailleurs. Ou de ne pas le voir, plutôt. Le peuple est le grand absent des médias, son expression est systématiquement bafouée, minorée. C’est très visible lors des micros trottoirs sur les quais des transports en commun les jours de grève, par exemple. Les médias trouvent des râleurs à foison. Pourtant, 60% des Français soutenaient le mouvement de grève sur les retraites… Où sont-ils, ces femmes et ces hommes qui prennent le train de banlieue au même titre que les autres, partant de leur quartier populaire, allant bosser et n’oubliant pas de soutenir les mouvements sociaux entre temps ?

Je ne fais pas une fixation sur la région parisienne. Lorsque je me déplace pour faire des réunions publiques afin de promouvoir la gestion publique de l’eau, je fais le même constat. D’ailleurs, c’est dans les quartiers populaires de Montpellier qu’est née le Front de Gauche des Quartiers Populaires (FGQP). Partant des spécificités de vivre dans ces quartiers, il élabore et propose des réponses concrètes pour s’organiser face au capitalisme qui les ravage, avec leurs habitants. Le FGQP est le rassemblement de ceux qui veulent répondre au malaise et à l’angoisse sociale que vivent concrètement nos concitoyens dans ces quartiers.

Toutes les réponses n’appartiennent pas à la technostructure qui regarde ces quartiers de loin. Les gens s’impliquent. Ils doivent donc être écoutés. Et entendus. C’est l’objet du FGQP.

Et cela marche : aux dernières cantonales, à Montpellier, le Front de Gauche est allé au second tour et a obtenu 35% des voix, éliminant au passage la droite et l’extrême droite. Un souffle de renouveau est né et a enregistré d’ores et déjà de nouveaux soutiens. L’implication populaire, ce n’est pas un gadget. C’est rendre la parole, la dignité et au final le pouvoir au peuple. Populiste ? Je dirai populaire ! Démagogique ? Je dirai démocratique. La démocratie, c’est bien le pouvoir du peuple par le peuple pour le peuple, non ?

Nous en sommes bien éloignés aujourd’hui. C’est le pouvoir d’un petit groupe de personnes par un petit groupe de personnes pour un petit groupe de personnes. Ça a un nom : ça s’appelle l’oligarchie.

C’est contre ça que nous luttons, et que je vous invite pour ce faire à répondre à cet appel en le signant à l’adresse suivante lefgqp@gmail.com et à rejoindre les Assises Nationales des quartiers populaires à l’automne 2011 à Montpellier.

Mardi, 05 Juillet 2011


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